UN AMOUR À TAIRE

CHAPITRE 1 : Une rentrée mouvementée.

La cérémonie de répartition venait de toucher à sa fin. Harry Potter, installé à la table des Gryffondors, se leva, s'éclipsant  alors hors de la grande salle aussi discrètement que possible, cherchant à fuir le brouhaha incessant qui y régnait et lui vrillait insupportablement les tympans. Les sourcils légèrement froncés, il semblait soucieux. La tête basse, les mains enfoncées dans les poches, il traversa rapidement les couloirs, arpentant les étages. Il arrêta sa marche une fois arrivé au sommet de la tour d'Astronomie. Là au moins, il serait tranquille : il n'y avait personne. Il avait une chance de trouver le calme et la sérénité d'esprit qu'il recherchait avec avidité. Après quoi, il s'avança lentement pour aller s'accouder à la balustrade et laissa son regard vert émeraude se perdre dans la pénombre du soir qui commençait à tomber et à envelopper de son sombre manteau le parc de Poudlard qui s'étendait devant lui en contrebas. Son parrain lui manquait atrocement et il ne pouvait s'empêcher de repenser à cette maudite nuit passée au  Département des Mystères du Ministère de la Magie, au cours de laquelle on lui avait injustement enlevé la vie.

Quand il fermait les yeux, il pouvait encore revoir Sirius, se tenant fier, debout, devant lui, la baguette fermement brandie, se battant avec une grande vaillance. La seconde d'après, un éclair de lumière verte l'avait violemment atteint en pleine poitrine sans qu'il n'ait eu le temps de le voir venir. Sa baguette lui avait échappé des mains, s'étant suspendue un instant dans les airs, avant de retomber irrémédiablement et d'aller rouler au sol, ne se reconnaissant plus de maître. Son regard s'était voilé, devenant vitreux, pour finir par s'éteindre définitivement. Un hoquet de surprise était venu mourir sur ses lèvres avant même de les avoir franchies. Puis, il  s'était mis à vaciller dangereusement et avait lourdement basculé avant  de disparaître, englouti par le voile brumeux qui se dressait derrière  lui et de passer, comme nombreux  autres avant lui, de l'autre côté.

Perdu dans ses pensées, le coeur douloureusement serré et les yeux baignés de larmes, Harry n'entendit pas la personne qui  arrivait sans un bruit derrière lui. C'est seulement quand une main se posa délicatement sur son épaule, qu'il réagit, sursautant brusquement avant de se retourner d'un seul mouvement. Portant dans un geste réflexe la main à sa baguette, qui était glissée dans la poche de sa robe de sorcier, il se retrouva face à sa meilleure amie, Hermione Granger. Il poussa un long soupir de soulagement en la reconnaissant et lui sourit  faiblement. Elle lui rendit son sourire puis porta doucement la main à la joue de celui qu'elle considérait comme son frère et essuya du bout des doigts les larmes qui y roulaient. À la fois touché et soulagé que la jeune femme ne cherche pas à le réconforter vainement à l'aide de  mots qui auraient sans le moindre doute sonné creux, il se rapprocha d'elle et l'étreignit avec une infinie tendresse, reposant sa tête contre son épaule frêle. Elle lui avait manqué, elle aussi. Il ferma les yeux. Son parfum légèrement fruité l'apaisa presque instantanément. Ce faisant il s'autorisa à  s'abandonner complètement à l'étreinte d'Hermione et se laissa bercer dans cette position de longues minutes durant.

Dans leur bulle, ils ne remarquèrent cependant pas la silhouette qui se glissa discrètement à l'autre extrémité de la pièce, se tapissant dans un coin sombre. Il s'agissait de nul autre que Severus Tobias Rogue, Maître ès Potions du Collège de Sorcellerie de Poudlard, et espion infiltré dans les rangs des Mangemorts pour le compte de l'Ordre du Phénix de son état. Il était vêtu d'une de ses éternelles  robes noires. Comme à son habitude, l'homme respirait l'austérité et la colère. Dissimulé dans l'ombre, il avait le regard noir.

Lorsqu'il avait vu les deux jeunes gens se dérober successivement hors de la Grande Salle en plein milieu du repas, après la cérémonie de répartition, Albus Dumbledore, Directeur de Poudlard, et, à la tête de  l'Ordre du Phénix, avait chargé son collègue et ami, de les suivre  discrètement. Les trois inséparables faisaient en effet, à leur insu, l'objet d'une surveillance accrue depuis leur escapade nocturne au Ministère de la Magie, deux mois auparavant. Harry mobilisait sans surprise le plus d'effectifs. Les membres de l'Ordre se relayaient pour veiller à tour de rôle à sa sécurité. Severus, quant à lui, avait été chargé de garder un oeil attentif sur la personne d'Hermione Jean Granger, brillante élève, l'une des sorcières les plus prometteuses de sa génération et accessoirement réputée pour être la meilleure amie en titre de l'Élu et l'un de ses meilleurs soutiens dans la lutte contre le Seigneur des Ténèbres. C'est Minerva  McGonagall qui était en charge du jeune Ronald Weasley. Moins brillant que ses deux amis, il n'en était pas moins un sorcier puissant et potentiellement redoutable, pour peu qu'il ne tente pas de faire preuve de son talent inné pour les catastrophes lorsqu'il avait en main une baguette défectueuse...