UN AMOUR À TAIRE

CHAPITRE 5 : Examen de conscience.

Hermione courut à en perdre haleine jusqu'au bureau de Dumbledore. Une fois arrivée devant la gargouille qui en gardait l'entrée, elle ne put s'empêcher d'émettre un gémissement désespérée. Elle ne connaissait pas le mot de passe ! Réalisa-t-elle affolée tandis qu'un flot de noms d'oiseaux jaillissait de sa bouche. Elle finit par jurer au nom de Merlin, prête à partir à la  recherche de n'importe quel autre Professeur susceptible de lui venir en aide et d'alerter Dumbledore, quand la gargouille s'écarta pour lui ouvrir l'accès aux escaliers en colimaçon... Le mot de passe était "Merlin". Elle venait d'avoir une chance inouïe. Elle eut un soupir de soulagement et gravit les  marches qui la séparait de l'antre du Directeur quatre à quatre. Une  fois parvenue au sommet de l'escalier en colimaçon, elle frappa trois coups secs contre le battant de la porte et se mit à se balancer d'un pied sur l'autre en attendant qu'on vienne lui ouvrir.

Une minute passa environ, quand le Directeur apparut dans l'embrasure de la porte, lui jetant un regard interrogateur par dessus ses lunettes en demi-lune.

- Qu'est-ce qui vous amène ici à cette heure Miss Granger ? S'étonna-t-il.

La jeune femme répondit la voix tremblante d'émotion.

- Rogue... C'est Rogue... Je... Il... Il a été appelé par Vous-Savez-Qui !

Une lueur d'inquiétude passa dans les yeux de Dumbledore qui s'effaça prestement du passage pour laisser entrer la jeune femme. Il l'invita d'un geste de la main à prendre place dans l'un des fauteuils qui faisaient face à  son bureau. Hermione obéit sans un mot, jouant nerveusement avec un pan de sa robe de sorcière. Elle n'arrivait pas à chasser de son esprit les images de Rogue recroquevillé sur le sol de son salon, en train de sangloter ou encore les traits déformés par la douleur. Elles se bousculaient dans sa tête ne laissant place à rien d'autre.

En à peine quelques minutes, l'occasion s'était offerte à elle de prendre conscience que le Professeur qu'elle connaissait ne représentait en réalité qu'une facette d'un homme qu'elle ne connaissait absolument pas. Toutes ses certitudes à son sujet s'étaient envolées. Jusque là, elle avait fondé son jugement à son égard sur les on-dits qui courraient sur lui dans les couloirs et ses préjugés et elle se rendait compte de l'erreur grossière qu'elle avait sans le moindre doute commise... Elle n'avait jamais chercher à voir au delà des apparences et s'était arrêtée à son image de chauve-souris des cachots, d'homme froid et sans coeur alors que si elle devait être honnête avec elle-même, il avait toujours cherché à les protéger elle et ses amis, parfois même au  péril de sa propre vie... Il se mettait régulièrement en danger en jouant double-jeu pour le compte l'Ordre du Phénix - et par extension pour l'ensemble de la communauté sorcière  - auprès de Voldemort... Et on ne l'avait jamais vu remercier comme il  se devait pour cela. C'était en outre un Maître en Potions brillant qui  poussait ses élèves à toujours donner le meilleur d'eux même en se montrant très exigeant. Ceux qui l'avaient compris obtenaient à force de persévérance dans le travail des résultats plus que satisfaisants. Hermione Granger en faisait partie et n'avait jamais pris le temps de lui dire sa reconnaissance pour cela et maintenant qu'elle ne le reverrait peut être plus, elle le regrettait amèrement. Elle qui avait  toujours cru se distinguer des autres par sa bienveillance et son sens de la jugeote avait fait fausse route. Elle n'était en réalité pas différente des autres, complètement aveuglée par des faux-semblants...

Dumbledore la tira de son examen de conscience en lui réclamant plus de détails.

- Miss Granger, que vous a-t-il dit exactement ?

- Il m'a qu'IL  l'appelait et que parce qu... Parce qu'il ne rentrerait peut-être pas ce soir... Il fallait que je vous demande de prendre des dispositions  pour moi cette nuit... Et... Je... Il ne m'a rien dit d'autre professeur  Dumbledore... Précisa-t-elle la tête basse, les yeux rougis, toujours humides de larmes.