CHAPITRE 28 : Des apparences trompeuses.

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Jeté à même le sol, sur un lit de feuilles mortes légèrement humides,  Remus Lupin qui avait ramené ses genoux - qu'il entourait de ses bras  dénudés - tout contre sa poitrine, de sorte qu'il se trouvait ainsi en  position foetale, grelottait. Si on lui avait posé la question, il se  serait trouvé incapable de dire si c'était à cause de la peur, du froid,  de la colère, ou des trois en même. Quoi qu'il puisse en être, il avait  fait montre d'une grande imprudence en partant passer la nuit seul dans  la forêt interdite sans prévenir personne de son départ, et voilà que  maintenant, il se retrouvait dans un état critique.

Pris au piège  par Lord Voldemort alors que, transformé en loup, il n'avait plus aucune  conscience de lui-même, il s'était réveillé, un peu plus tôt,  recroquevillé à ses pieds. L'homme à la tête de serpent lui avait alors  adressé un sourire sadique en guise de bonjour et l'avait roué de coup  avant de le relever sans ménagement pour lui arracher une poignée de  cheveux. Après quoi, il l'avait forcé à se coucher par terre et l'avait  enchaîné sans aucune douceur à un tronc d'arbre massif en plein milieu  d'une forêt qui lui était totalement inconnue.

Le visage tuméfié,  le corps parsemé d'ecchymoses, affamé, et sans aucun moyen pour se  défendre, Remus était littéralement à la merci du seigneur des ténèbres.  Les yeux clos, il suppliait le ciel de toutes ses forces de faire en  sorte que son bourreau ne le soumette pas à une nouvelle séance de  torture pour obtenir des informations sur sa personnalité, ses élèves,  collègues et amis ou encore sur les principales missions de l'ordre du  Phénix car Merlin seul savait à quel point la faim pouvait être mauvaise  conseillère. Perfide, elle pouvait entraîner le meilleur des hommes  dans les bas fonds de la trahison. Et Remus avait, en cet instant  terrible, pleinement conscience qu'il n'était pas un surhomme et qu'il  pouvait craquer à tout instant.

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De  ses yeux bleus perçants, Dumbledore caressait le pelage scintillant de  Fumseck, son Phénix, qui somnolait au sommet de son perchoir. L'homme  patientait calmement. Il avait invité le professeur Rogue à venir le  rejoindre dans son bureau car il avait à s'entretenir avec lui. Il  devait traiter avec lui d'un sujet de la plus haute importance. En  effet, il avait décidé de lui offrir un congé de deux semaines à l'issue  des vacances scolaires, qui arrivaient à leur terme, pour qu'il puisse  conduire sa jeune élève, Hermione Granger, dans un lieu calme, où elle  pourrait se reposer et se remettre de la perte de ses parents loin de  l'effervescence qui règnerait de nouveau à Poudlard dès la rentrée.

Il  souhaitait que son collègue, qui avait lui-même perdu sa mère à  l'adolescence dans des circonstances tragiques, apprenne à sa protégée à  vivre avec ce sentiment d'absence qui l'accompagnerait désormais tout  au long de sa vie. Par ailleurs, il lui demanderait, en plus de soigner  son âme, de la soumettre à un entraînement intensif pour que, comme ses  amis, elle soit prête à combattre lorsque la bataille finale éclaterait.

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Avant  de quitter la pièce et de refermer la porte dans son sillage, Severus  embrassa chaleureusement sa jeune élève endormie du regard. Il n'était  pas très rassuré à l'idée de la laisser seule, aussi, espérait-il que  Dumbledore, qui l'avait convoqué un peu plus tôt dans la matinée n'avait  pas à l'entretenir trop longuement.

Il s'était réveillé au petit  matin et avait trouvé un mot écrit de la main du directeur de Poudlard,  posé sur sa table de nuit, sans doutes apporté par un Elfe de maison.  Alors il s'était levé à la hâte et s'était préparé sans perdre de temps,  soucieux.

Il se trouvait maintenant en train de traverser les  couloirs, le pas alerte, en direction du bureau de Dumbledore. Dans le  hall, il croisa un Lupin aux traits tirés et aux cernes creusés.  Visiblement, il n'avait pas passé une très bonne nuit, présuma-t-il en  le saluant d'un bref hochement de tête. Puis il se souvint que la veille  était un soir de pleine lune. L'homme avait peut-être épuisé son stock  de potion tue-loup et avait eu la courteoisie de ne pas venir lui  demander d'en préparer un nouveau chaudron au regard des circonstances,  imagina-t-il. C'était tout à fait son genre.

UN AMOUR À TAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant