CHAPITRE 25 : Qui apaise la colère éteint un feu.

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Le rire désincarné de Voldemort vrilla les tympans d'Hermione, lui  arrachant un gémissement désespéré. Maintenue agenouillée sur le sol  d'une pièce lugubre par deux mangemorts qui l'obligeaient à faire face  aux corps sans vie de ses parents littéralement cloués au mur en face  d'elle, la jeune femme avait l'impression d'être littéralement plongée  au coeur de l'enfer. Elle tentait vainement de se détourner de cette  vision d'horreur, trop fermement maintenue par ses deux bourreaux. A  quelques pas de là, dans un coin de la pièce, elle pouvait apercevoir le  Seigneur des Ténèbres qui, un sourire sadique accroché aux lèvres se  délectait de la voir souffrir.

HP-HP-HP

Hermione  se redressa d'un mouvement brusque, la respiration hachée. Tremblant de  tous ses membres, elle ne venait pas seulement de faire un cauchemar  horrible mais de revivre la découverte terrible de la mort de ses  parents à laquelle elle avait été confrontée quelques heures plus tôt.  Les images qu'elle était parvenue à chasser de son esprit pour quelques  heures de répit, qu'elle venait de passer entre les bras réconfortant de  son Professeur de Potions, l'assaillant de nouveau, elle ne put  empêcher ses yeux de se remplir de larmes. Alors elle se leva sans un  bruit prenant soin de ne pas réveiller l'homme qui dormait près d'elle  et quitta sa chambre sur la pointe des pieds.

Se retrouvant seule  en plein milieu du salon, la gorge nouée, elle sentit un frisson lui  parcourir l'échine. Trop légèrement vêtue, elle avait froid. Aussi  alla-t-elle s'emparer de l'épaisse cape noire de son professeur qui  avait été négligemment jetée sur le dossier de son canapé en cuir. Elle  la passa par dessus ses épaules, frissonnante, avant de promener son  regard humide et empreint de tristesse sur la pièce faiblement éclairée.  L'ombre d'un sourire vint alors effleurer ses lèvres quand elle repensa  au mal qu'elle avait eu à s'accoutumer à ce nouveau cadre de vie  quelques mois auparavant. Puis peu à peu, le temps passant, elle s'y  était habituée. En réalité, cela ne s'était pas révélé aussi difficile  qu'elle n'avait pu le présumer, son Professeur s'étant montré beaucoup  plus agréable à vivre qu'elle ne l'avait imaginé. Par la suite,  apprenant à connaître l'homme qui se cachait derrière le masque, elle  avait commencé à le trouver sympathique et à l'apprécier un peu plus que  de raison pour un Professeur. La proximité sans doutes... Avait-elle  tenté de se convaincre dans les débuts. Mais ce sentiment persistant,  elle en était arrivé à la conclusion que c'était autre chose... Quelque  chose de plus fort qui la liait à lui mais qu'elle s'était trouvée  incapable de nommer.

La relation cordiale qu'ils étaient donc  venus à entretenir avait amené Hermione à se sentir en confiance à ses  côtés et lui avait permis de retrouver cette douce sensation de trouver  un refuge dans les appartements de son Professeur à l'instar de la salle  commune des Gryffondors qui avait vue s'écouler certains des moments  les plus heureux de sa vie ou de la maison de ses parents...

Mais  dorénavant, plus rien n'allait jamais plus être comme avant parce que  d'abjects personnages lui avaient arrachés les personnes qui comptaient  le plus pour elle. La prochaine fois qu'elle allait être forcée d'y  retourner, elle ne trouverait plus son père en train de l'attendre avec  impatience sur le pas de la porte... Sa mère ne l'accueillerait plus  jamais avec ses plats préférés, préparés avec amour en prévision de son  arrivée... L'ambiance chaleureuse qui y régnait habituellement aurait  disparue, envolée à jamais pour laisser place au silence, et au froid...  Glacial.

Quand la guerre toucherait à sa fin, si elle y  survivait, quand Severus souhaiterait retrouver la jouissance de ses  quartiers et sa tranquillité... Quand ses études se termineraient et  qu'elle ne serait plus autorisée à résider à Poudlard elle se  retrouverait seule et sans personne... Seule, avec ses regrets de  n'avoir pas assez dit à ses parents à quel point elle les aimait... Se  mordant les doigts d'avoir trop peu profité d'eux les dernières  années...

En effet, n'ayant jamais eu beaucoup d'amis avant  d'entrer à Poudlard, elle avait toujours accordé une grande importance à  ses parents. Elle avait toujours été extrêmement proche d'eux jusqu'à  la moitié de sa première année au collège de sorcellerie, leur écrivant  régulièrement et leur racontant en détail ses journées, toutes les  choses nouvelles qu'elle apprenait ou qu'elle découvrait à l'école.  Puis, tout avait changé le soir d'Halloween, quand Harry et Ron étaient  venus la sauver des griffes du Troll que le Professeur Quirrell avait  introduit à Poudlard.

Refusant de les inquiéter elle avait  commencé à devenir plus évasive dans le contenu de ses lettres. Puis,  peu à peu acceptée par Harry, Ron et le reste de ses camarades de  Gryffondor, goûtant aux douces joies de l'amitié, elle en était venu à  les négliger... A les tenir à l'écart de sa vie.

Et maintenant ils  étaient morts par sa faute : parce qu'elle avait choisi de se lier  d'amitié avec Harry Potter sans soupeser les conséquences que ça allait  pouvoir avoir sur sa famille ! Si et seulement si elle n'avait jamais  croisé sa route, si ils ne s'étaient pas liés d'amitié, peut-être ses  parents seraient-ils encore vivant à l'heure qu'il était ? Tout était de  sa faute ! S'enflamma soudain Hermione en se ruant sur la bibliothèque  de son Professeur de Potions. Elle attrapa au hasard des livres qui y  étaient rangés et les envoya valser au travers de la pièce avec une rare  violence ! Après quoi, ce fut contre son bureau qu'elle se retourna.  D'un geste elle balaya toutes les copies et les livres qui y étaient  déposées. Elle s'en prit ainsi à tout ce qui lui passait sous la main et  quand elle n'eut plus rien sur quoi passer ses nerfs, ce fut contre sa  propre personne qu'elle retourna sa colère. Elle se mit à marteler à  grands coups un des murs de la pièce de ses petits poings fermés jusqu'à  se faire saigner en poussant des petits cris de douleur étouffés.

Dans  la chambre attenante, Severus se réveilla en sursaut. Tiré de son  sommeil par un vacarme effrayant, il se redressa brusquement dans le lit  de son élève. Constatant l'absence de cette dernière à côté de lui, une  vive inquiétude le gagna presque instantanément et son coeur se mit à  tambouriner violemment dans sa poitrine. Alors, sans plus attendre, il  se leva d'un seul bon avant de se précipiter dans le salon, saccagé. Il  resta une seconde figé de surprise face au spectacle qui s'offrit à ses  yeux avant de rejoindre Hermione, en larmes, qui frappait de toutes ses  forces un des murs de la pièce, les poings en sang. Il la saisit  fermement par la taille avant de l'attirer durement en arrière.

- Hermione ! S'écria-t-il. Stop ! Stop !

La  jeune femme, aveuglée par la douleur qui la submergeait et la colère  qui grondait en elle se débattit comme une démente en battant des pieds  et des mains pour tenter d'échapper à l'étreinte de son Professeur.  Mais, déterminé à ne pas la lâcher, celui-ci résista. Après de longues  minutes, Hermione, épuisée par cette lutte acharnée qui se révéla vaine  finit par se calmer, épuisée et s'affaisser dans les bras de Rogue. Ce  dernier, la soutenant, en profita pour se laisser glisser au sol,  légèrement essoufflé. Il eut besoin d'un petit moment pour retrouver une  respiration régulière. A la suite de quoi il se pencha vers la jeune  lionne qui sanglotait doucement contre lui. Il lui releva le menton avec  délicatesse et la força à le regarder. Celle-ci, les yeux embués de  larmes et rouge de honte, se trouva incapable de soutenir son regard  plus de quelques secondes, aussi, bientôt, elle détourna le visage.

- Pourquoi ? L'interrogea-t-elle d'une voix brisée qui heurta Rogue au plus profond de lui-même

-  Douce Hermione... Souffla-t-il en réponse. Rien de ce qui est arrivé  n'est de votre faute, vous entendez ? Le seul fautif et le seul qui doit  payer et qui paiera dans cette histoire – soyez-en certaine - c'est Voldemort. En attendant je vous interdis de vous faire le moindre mal...

La jeune femme hocha faiblement la tête, la tête niché contre la poitrine de l'homme.

-  De toutes façons, quoi qu'il en soit de vos intentions sur la question,  il est hors de question que je vous laisse faire... Ajouta Severus le  regard noir et les mâchoires légèrement crispées, en effleurant du bout  des doigts les mains abîmées de la jeune femme qu'il tenait fermement  contre lui.

UN AMOUR À TAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant