Le rire désincarné de Voldemort vrilla les tympans d'Hermione, lui arrachant un gémissement désespéré. Maintenue agenouillée sur le sol d'une pièce lugubre par deux mangemorts qui l'obligeaient à faire face aux corps sans vie de ses parents littéralement cloués au mur en face d'elle, la jeune femme avait l'impression d'être littéralement plongée au coeur de l'enfer. Elle tentait vainement de se détourner de cette vision d'horreur, trop fermement maintenue par ses deux bourreaux. A quelques pas de là, dans un coin de la pièce, elle pouvait apercevoir le Seigneur des Ténèbres qui, un sourire sadique accroché aux lèvres se délectait de la voir souffrir.
HP-HP-HP
Hermione se redressa d'un mouvement brusque, la respiration hachée. Tremblant de tous ses membres, elle ne venait pas seulement de faire un cauchemar horrible mais de revivre la découverte terrible de la mort de ses parents à laquelle elle avait été confrontée quelques heures plus tôt. Les images qu'elle était parvenue à chasser de son esprit pour quelques heures de répit, qu'elle venait de passer entre les bras réconfortant de son Professeur de Potions, l'assaillant de nouveau, elle ne put empêcher ses yeux de se remplir de larmes. Alors elle se leva sans un bruit prenant soin de ne pas réveiller l'homme qui dormait près d'elle et quitta sa chambre sur la pointe des pieds.
Se retrouvant seule en plein milieu du salon, la gorge nouée, elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. Trop légèrement vêtue, elle avait froid. Aussi alla-t-elle s'emparer de l'épaisse cape noire de son professeur qui avait été négligemment jetée sur le dossier de son canapé en cuir. Elle la passa par dessus ses épaules, frissonnante, avant de promener son regard humide et empreint de tristesse sur la pièce faiblement éclairée. L'ombre d'un sourire vint alors effleurer ses lèvres quand elle repensa au mal qu'elle avait eu à s'accoutumer à ce nouveau cadre de vie quelques mois auparavant. Puis peu à peu, le temps passant, elle s'y était habituée. En réalité, cela ne s'était pas révélé aussi difficile qu'elle n'avait pu le présumer, son Professeur s'étant montré beaucoup plus agréable à vivre qu'elle ne l'avait imaginé. Par la suite, apprenant à connaître l'homme qui se cachait derrière le masque, elle avait commencé à le trouver sympathique et à l'apprécier un peu plus que de raison pour un Professeur. La proximité sans doutes... Avait-elle tenté de se convaincre dans les débuts. Mais ce sentiment persistant, elle en était arrivé à la conclusion que c'était autre chose... Quelque chose de plus fort qui la liait à lui mais qu'elle s'était trouvée incapable de nommer.
La relation cordiale qu'ils étaient donc venus à entretenir avait amené Hermione à se sentir en confiance à ses côtés et lui avait permis de retrouver cette douce sensation de trouver un refuge dans les appartements de son Professeur à l'instar de la salle commune des Gryffondors qui avait vue s'écouler certains des moments les plus heureux de sa vie ou de la maison de ses parents...
Mais dorénavant, plus rien n'allait jamais plus être comme avant parce que d'abjects personnages lui avaient arrachés les personnes qui comptaient le plus pour elle. La prochaine fois qu'elle allait être forcée d'y retourner, elle ne trouverait plus son père en train de l'attendre avec impatience sur le pas de la porte... Sa mère ne l'accueillerait plus jamais avec ses plats préférés, préparés avec amour en prévision de son arrivée... L'ambiance chaleureuse qui y régnait habituellement aurait disparue, envolée à jamais pour laisser place au silence, et au froid... Glacial.
Quand la guerre toucherait à sa fin, si elle y survivait, quand Severus souhaiterait retrouver la jouissance de ses quartiers et sa tranquillité... Quand ses études se termineraient et qu'elle ne serait plus autorisée à résider à Poudlard elle se retrouverait seule et sans personne... Seule, avec ses regrets de n'avoir pas assez dit à ses parents à quel point elle les aimait... Se mordant les doigts d'avoir trop peu profité d'eux les dernières années...
En effet, n'ayant jamais eu beaucoup d'amis avant d'entrer à Poudlard, elle avait toujours accordé une grande importance à ses parents. Elle avait toujours été extrêmement proche d'eux jusqu'à la moitié de sa première année au collège de sorcellerie, leur écrivant régulièrement et leur racontant en détail ses journées, toutes les choses nouvelles qu'elle apprenait ou qu'elle découvrait à l'école. Puis, tout avait changé le soir d'Halloween, quand Harry et Ron étaient venus la sauver des griffes du Troll que le Professeur Quirrell avait introduit à Poudlard.
Refusant de les inquiéter elle avait commencé à devenir plus évasive dans le contenu de ses lettres. Puis, peu à peu acceptée par Harry, Ron et le reste de ses camarades de Gryffondor, goûtant aux douces joies de l'amitié, elle en était venu à les négliger... A les tenir à l'écart de sa vie.
Et maintenant ils étaient morts par sa faute : parce qu'elle avait choisi de se lier d'amitié avec Harry Potter sans soupeser les conséquences que ça allait pouvoir avoir sur sa famille ! Si et seulement si elle n'avait jamais croisé sa route, si ils ne s'étaient pas liés d'amitié, peut-être ses parents seraient-ils encore vivant à l'heure qu'il était ? Tout était de sa faute ! S'enflamma soudain Hermione en se ruant sur la bibliothèque de son Professeur de Potions. Elle attrapa au hasard des livres qui y étaient rangés et les envoya valser au travers de la pièce avec une rare violence ! Après quoi, ce fut contre son bureau qu'elle se retourna. D'un geste elle balaya toutes les copies et les livres qui y étaient déposées. Elle s'en prit ainsi à tout ce qui lui passait sous la main et quand elle n'eut plus rien sur quoi passer ses nerfs, ce fut contre sa propre personne qu'elle retourna sa colère. Elle se mit à marteler à grands coups un des murs de la pièce de ses petits poings fermés jusqu'à se faire saigner en poussant des petits cris de douleur étouffés.
Dans la chambre attenante, Severus se réveilla en sursaut. Tiré de son sommeil par un vacarme effrayant, il se redressa brusquement dans le lit de son élève. Constatant l'absence de cette dernière à côté de lui, une vive inquiétude le gagna presque instantanément et son coeur se mit à tambouriner violemment dans sa poitrine. Alors, sans plus attendre, il se leva d'un seul bon avant de se précipiter dans le salon, saccagé. Il resta une seconde figé de surprise face au spectacle qui s'offrit à ses yeux avant de rejoindre Hermione, en larmes, qui frappait de toutes ses forces un des murs de la pièce, les poings en sang. Il la saisit fermement par la taille avant de l'attirer durement en arrière.
- Hermione ! S'écria-t-il. Stop ! Stop !
La jeune femme, aveuglée par la douleur qui la submergeait et la colère qui grondait en elle se débattit comme une démente en battant des pieds et des mains pour tenter d'échapper à l'étreinte de son Professeur. Mais, déterminé à ne pas la lâcher, celui-ci résista. Après de longues minutes, Hermione, épuisée par cette lutte acharnée qui se révéla vaine finit par se calmer, épuisée et s'affaisser dans les bras de Rogue. Ce dernier, la soutenant, en profita pour se laisser glisser au sol, légèrement essoufflé. Il eut besoin d'un petit moment pour retrouver une respiration régulière. A la suite de quoi il se pencha vers la jeune lionne qui sanglotait doucement contre lui. Il lui releva le menton avec délicatesse et la força à le regarder. Celle-ci, les yeux embués de larmes et rouge de honte, se trouva incapable de soutenir son regard plus de quelques secondes, aussi, bientôt, elle détourna le visage.
- Pourquoi ? L'interrogea-t-elle d'une voix brisée qui heurta Rogue au plus profond de lui-même
- Douce Hermione... Souffla-t-il en réponse. Rien de ce qui est arrivé n'est de votre faute, vous entendez ? Le seul fautif et le seul qui doit payer et qui paiera dans cette histoire – soyez-en certaine - c'est Voldemort. En attendant je vous interdis de vous faire le moindre mal...
La jeune femme hocha faiblement la tête, la tête niché contre la poitrine de l'homme.
- De toutes façons, quoi qu'il en soit de vos intentions sur la question, il est hors de question que je vous laisse faire... Ajouta Severus le regard noir et les mâchoires légèrement crispées, en effleurant du bout des doigts les mains abîmées de la jeune femme qu'il tenait fermement contre lui.
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UN AMOUR À TAIRE
FanfictionQuand l'amour naît où on ne l'attend pas et que deux êtres qu'a priori tout oppose se rapprochent bien malgré eux ! CONTEXTE : L'histoire débute à l'issue du 5ème tome des aventures d'Harry Potter, après l'escapade de six membres de l'AD au Départe...