CHAPITRE 16 : Vengeance.

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Narcissa Malefoy était persuadée d'avoir fermé toutes les portes du  manoir familial en le quittant ce matin-là. Pourtant, lorsqu'elle  rentra de sa visite hebdomadaire chez sa soeur Bellatrix le soir venu, elle eut la très désagréable surprise de trouver les grilles de sa propriété grandes ouvertes.

Aussi, tous les sens soudain en  alerte, elle referma une main moite sur la baguette glissée dans sa poche, espérant, en dépit de la sourde inquiétude qui venait de naître au creux de son estomac, de ne pas avoir à s'en servir. Elle traversa silencieusement l'allée, bordée d'épicéas, qui menait à sa demeure et  gravit les quelques marches qui la séparaient de l'entrée. Avisant la  porte légèrement entrebâillée, elle déglutit péniblement. Quelqu'un  s'était introduit chez elle pendant son absence et s'y trouvait  peut-être toujours !

Elle se faufila alors sans un bruit dans le  hall obscur mais s'arrêta tout net dans sa progression une fois à l'intérieur, frappée par une odeur âcre de sang séché qui la fit  vaciller. Elle dut s'adosser contre le mur derrière elle pour ne pas  tomber. Revenant à elle après quelques secondes, elle promena ses yeux  alentour à la recherche de ce qui pouvait bien être à l'origine de cette  effluve nauséabonde, et son regard accrocha une traînée brunâtre qui  prenait naissance à quelques mètres d'elle, pour terminer son chemin  sous la fausse bibliothèque qui masquait l'entrée du bureau de son mari, Lucius Malefoy.

Son coeur s'emballa brusquement et elle étouffa  un hoquet de surprise. Il s'était passé quelque chose de grave dans  cette maison... L'homme qu'elle aimait était peut-être blessé, et si l'intrus qui s'était introduit chez elle était encore entre ses murs il ne fallait pas qu'elle prenne le risque de se faire repérer. Il était  impératif qu'elle reste discrète. Elle ne voulait pas prendre le risque  d'aggraver une situation peut-être déjà terrible. Aussi, Narcissa  inspira à plein poumon, prenant quelques minutes pour tenter de se calmer. Puis, elle s'avança le plus silencieusement possible vers le meuble qui masquait l'entrée du bureau du chef de maison. Elle porta une main tremblante à un livre rangé dans l'une des étagères, et le tira vers elle d'un geste sec. Alors, la bibliothèque commença à pivoter sur  elle-même pour laisser place à une porte en bois laqué dont la poignée semblait manifestement avoir été forcée.

Elle tendit l'oreille, essayant de percevoir un quelconque son provenant de l'intérieur pour se  faire une idée de ce qui se passait ou avait pu se passer, en vain. Ce  faisant, elle prit son courage à deux mains et écarta doucement la porte devant elle. Horrifiée, elle écarquilla les yeux face au terrible  spectacle qui s'offrit à elle. Elle ne put retenir un hurlement  désespérée, et portant la main à sa poitrine, là où aurait normalement dû se trouver son cœur si on ne venait pas à l'instant de le lui  arracher, elle se laissa tomber à genoux sur le sol.

Devant elle, gisait le corps mutilé et sans vie de son jeune fils, Drago Malefoy. Ses beaux yeux d'un gris quasi-métallique encore grands ouverts dans le vide semblaient demander pourquoi on l'avait arraché si tôt et si violemment à sa jeune existence.

*

Accoudé  à la rambarde de la tour d'Astronomie, légèrement courbé, Dumbledore fouillait l'horizon devant lui de ses yeux bleu clair. Associé à sa longue barbe blanche, l'air infiniment triste et démuni qu'il affichait le faisait paraître plus vieux et vulnérable que jamais auparavant. Si l'un des ses collègues ou élèves, habitué à sa présence imposante et  intimidante, à sa malice, à ses conseils avisés et à ses maximes  toujours pleines d'espoir l'avait surpris dans une telle position de  faiblesse, il en aurait été profondément bouleversé. Mais non seulement. Face à la lueur vacillante qui brillait dans son regard, il aurait  également perdu toute confiance en l'avenir...

UN AMOUR À TAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant