CHAPITRE 15 : Maîtrise de soi.

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Sorti du bureau de Dumbledore, Rogue traversa les couloirs d'un pas nerveux en direction de ses quartiers où l'attendait Hermione. Tout au long du trajet, il repensa à tout ce qui venait de se passer. Il savait que le Seigneur des Ténèbres le convoquerait sous peu pour lui demander pourquoi il n'avait pas aidé le fils de Lucius qui s'était efforcé de servir leur noble cause en tentant d'exécuter ses ordres. Il avait conscience de s'être mis dans une situation bancale en fragilisant ainsi sa couverture mais il n'aurait pas décemment pu laisser une élève, qu'on l'avait chargé de protéger de surcroît, se faire violenter et abuser sous ses yeux pour consolider sa position auprès de Lord Voldemort. Cela faisait déjà seize ans qu'il avait choisi son camp et seize ans qu'il savait à quel homme il ne voulait plus ressembler... Jamais ! En outre, il connaissait les risques liés à son rôle d'espion et les assumait totalement. Le Maître en Potions n'accordait pas assez de prix à sa vie pour avoir peur de la perdre.

En entrant dans son salon Severus découvrit son élève assise en tailleur sur son canapé. Elle était penchée sur un livre ouvert sur ses genoux. L'ombre d'un sourire étira alors ses lèvres fines. Il n'y avait pas meilleur remède, pour s'occuper l'esprit et ne pas ruminer de pensées noires ; ou se laisser envahir par cette angoisse ineffable éprouvée par tout un chacun après des émotions fortes, que la lecture. Il le savait d'expérience.

Hermione était si absorbée par l'ouvrage dans lequel elle était plongée qu'elle ne l'avait pas entendu arriver. Ce faisant, Rogue alla s'asseoir près d'elle et ce fut alors seulement qu'elle releva la tête, échouant à dissimuler sa surprise.

- Ah, c'est vous... Souffla-t-elle pour elle-même.

- Qui d'autre ? Voulut plaisanter Rogue en essayant de mettre un peu de chaleur dans sa voix et d'adopter un ton plus doux que d'habitude pour signifier à son élève qu'il n'était pas en train de se moquer d'elle et qu'il n'avait aucunement l'intention de le faire.

Le menton de la jeune femme trembla de manière infime, comme si elle était sur le point de fondre en larmes, tandis qu'un voile de tristesse passait dans ses yeux, mais contre toute attente, elle esquissa un faible sourire qu'elle adressa à son Professeur en guise de remerciement car les mots ne vinrent pas.

- Je... Pour... Je voulais vous... Marmonna-t-elle, la voix chevrotante, incapable d'aller plus loin.

Severus hocha la tête. Il avait compris. Elle n'avait pas besoin de continuer. Il plongea son regard noir dans les yeux noisettes de son élève qu'il vit vaciller en quelques secondes. Ils se remplirent soudain de larmes que la jeune femme tenta de réfréner les paupières papillonnantes. Mais elle ne parvint pas à retenir ses sanglots très longtemps. En face d'elle, l'homme ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises essayant de trouver quoi dire pour la calmer sans qu'un mot ne sorte. Il réalisa rapidement que dans un tel instant, toute parole allait sonner creux aux oreilles de la jeune femme qui avait dû être prise en étau par une terreur sans nom entre les mains de Malefoy et qui s'extériorisait d'elle-même maintenant qu'elle se relâchait à peine. Alors, il s'autorisa à céder au désir soudain et impérieux qu'il avait de la prendre dans ses bras.

Il passa un bras autour des épaules de la jeune femme et l'attira tout contre lui. A son plus grand étonnement, elle n'opposa aucune résistance, n'eut pas de mouvement de recul, se laissant au contraire pleinement aller dans cette étreinte. Elle vint caler son visage dans le creux de son cou, s'agrippant convulsivement à ses vêtements. L'homme réussit à la calmer à force de la bercer doucement, aidé du mouvement circulaire que sa main imprimait dans son dos. Ses pleurs se tarirent peu à peu, après de longues minutes, et il sentit qu'elle parvint à réguler sa respiration peu avant saccadée.

Hermione, les yeux mi-clos, appuyée contre le torse de son Professeur de Potions, ressentait le même sentiment de sécurité que la dernière fois qu'elle s'était trouvée dans ses bras. Elle aurait tout donné pour que le temps s'arrête en cet instant et qu'elle puisse se complaire à jamais dans la chaleur rassurante qui émanait de l'homme qui la tenait contre lui.

UN AMOUR À TAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant