UN AMOUR À TAIRE

CHAPITRE 4 : Déchiré.

Cette première journée de cours s'était révélée éprouvante pour tout le monde : élèves comme professeurs. La plupart des étudiants accueillant avec soulagement cette fin de journée se trouvaient maintenant à la bibliothèque, dans leur salle commune ou en salle d'étude, et étaient pour la majorité occupés à faire leurs devoirs. Harry, Ron et Hermione quant à eux s'étaient trouvés un petit coin isolé près de la réserve et discutaient à voix basse.

- Hier soir, Dumbledore m'a annoncé que nous reprendrions ensemble les cours d'Occlumancie, révélait Harry à ses deux amis. Une fois que j'arriverai à fermer mon esprit correctement à toute intrusion extérieure, il m'a dit qu'il nous entrainerait tous au duel dans des conditions extrêmes.

Hermione écoutait Harry avec attention.

- Quand est-ce que l'on commence ? Se renseigna-t-elle.

- Pas avant que je ne maîtrise l'Occlumancie correctement, répondit son meilleur ami. C'est le plus urgent à cette heure d'après Dumbledore. Il ne faudrait pas que le scénario du département des Mystères au Ministère de la Magie ne se reproduise... Se désola-t-il en repensant à cette nuit tragique.

Sentant les larmes lui monter aux yeux, le survivant détourna vivement le regard pour dissimuler toute l'émotion qu'il essayait de contenir à ses deux amis. Hermione se leva et alla s'asseoir à côté de lui. Elle passa un bras réconfortant par dessus ses épaules et l'attira contre elle avec douceur.

- Ce n'était pas de ta faute Harry... Lui souffla-t-elle doucement à l'oreille. Il faut vraiment que tu arrêtes de culpabiliser... Laisser cette culpabilité te gagner, c'est jouer le jeu de Tu-Sais-Qui et lui laisser la main, tenta-t-elle de le raisonner.

Dissimulé par une étagère pleine de livres, Severus Rogue s'était installé sur le rebord d'une fenêtre et corrigeait un tas de copies qu'il avait posé sur une chaise près de lui. De temps en temps il levait les yeux pour s'assurer que Miss Granger, qu'il avait entrepris de suivre de loin depuis la fin des cours, était toujours là. Quand il la vit se lever soudain et aller prendre le jeune Potter dans ses bras, il laissa ses lèvres se déformer en un rictus crispé, une boule se formant soudain au creux de son estomac. C'était curieux tout de même que la Gryffondore qu'il aurait pensé plus prude se montre si volage... Elle le surprenait un peu plus chaque jour. Il l'avait pourtant vu le matin même se laisser embrasser par son ami le rouquin, et voilà que maintenant elle entourait de ses bras le fils Potter qui avait les yeux brillant d'une lueur qu'il ne lui connaissait pas et qu'elle lui murmurait des mots doux dans le creux de l'oreille. Après s'être fait cette réflexion, le Maître en Potions, comme hypnotisé, fut proprement incapable de détacher son regard du jeune couple. Il lui rappelait tellement celui formé par James et Lily que cela commençait à en devenir dangereusement malsain...

Au bout de quelques minutes, l'homme laissa échapper un soupir rauque et se leva brusquement, le coeur tambourinant douloureusement dans la poitrine. Il se passa une main moite et secouée d'un imperceptible tremblement sur le visage. Pendant un instant, il avait senti une haine franche et cordiale monter à l'intérieur de lui à l'égard de Potter. S'il avait laissé cette dernière s'exprimer, il serait sans doutes en train de violenter durement le jeune homme. La dernière personne à qui il avait porté de tels sentiments n'était autre que le père du garçon. Severus, paniqué, ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il devenait complétement fou. Cela devait faire trop longtemps maintenant qu'il n'avait plus connu de femmes... Et voilà désormais que ses instincts de mâle refoulés le portaient à se montrer jaloux à l'égard du fils de son ancien rival qui s'était entiché de la jeune femme qu'il était en charge de protéger. Il fallait absolument qu'il fasse quelque chose ! Cela faisait déjà deux fois en trop peu de temps qu'il se perdait dans des souvenirs douloureux qu'il pensait pourtant avoir définitivement relégués dans un coin de sa mémoire et qu'il transférait sa jalousie passée sur Monsieur Potter et Miss Granger.