CHAPITRE 13 : Un déjeuner troublant.

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Après sa brève escapade nocturne, Hermione s'était successivement vue sermonnée dans les règles par son Professeur de Potions, sa Directrice  de maison et le Directeur de Poudlard. Rogue lui avait hurlé toute sa rage à la figure, véhément. McGonagall, elle, lui avait fait part de sa  déconvenue. Dumbledore quant à lui l'avait prié, plus calmement que les deux autres, de ne plus recommencer ce genre de choses à l'avenir sans  quoi il se verrait obligé de prendre des mesures radicales pour s'assurer de sa sécurité et de celle de ses amis.

Hermione, penaude, leur avait présenté ses excuses les plus sincères en leur assurant qu'elle ne recommencerait plus. Elle leur avait ensuite donné les explications qu'ils avaient exigées. Cependant, même si elle  comprenait les raisons de leur emportement, elle ne pouvait pas  s'empêcher de penser qu'il n'y avait, du reste, pas mort d'homme, et qu'on aurait pu clore le sujet plus rapidement que cela n'avait été le  cas.

Effectivement, à partir de cette nuit-là, Rogue s'était montré plus odieux que jamais avec elle que ce soit en privé ou en cours, lui lançant en quasi-permanence des remarques acerbes. S'il n'avait jamais été question de confiance entre eux, il était désormais clair que le potionniste ne lui accordait plus aucun crédit, la traitant  comme une enfant. Il la suivait dans tous ses déplacements, exigeait qu'elle rentre immédiatement après la classe dans ses appartements quand  il n'était pas là et qu'elle n'en ressorte que pour les repas ou avec un Professeur quand il s'agissait de se rendre à la bibliothèque ou  d'aller prendre l'air. D'autre part, en dehors des cours et des  banquets, il ne lui laissait pas le loisir de passer du temps seule en  compagnie de ses amis.

Severus avait décidé qu'elle serait  astreinte à ce régime tant qu'il le jugerait bon, la jeune femme qu'il  avait toujours cru raisonnable s'étant en fait révélée aussi immature et imprudente que la plupart de ses camarades de classe. Elle n'avait aucun sens des responsabilités : ce n'était qu'une petite effrontée ! Il  était déjà pénible pour lui de la voir envahir son espace vital sans qu'il ne soit en plus obligé de la chaperonner au cours de ses rendez-vous galant avec cet idiot de Potter. Cette simple idée faisait naître chez lui une aversion profonde. D'autant plus qu'à chaque fois  qu'il les voyait ensemble il revoyait Lily et James dans leurs jeunes années et cela avait le don de le rendre fou. Il avait à chaque fois l'impression de se retrouver quelque seize ans en arrière un douloureux pincement au cœur, la gorge et l'estomac noué et pris de cette même hostilité vindicative qu'il avait toujours voué à James et qu'il reportait maintenant sur sa maudite progéniture. Aussi, même s'il ne l'aurait admis pour rien au monde, il se voyait ravi d'avoir un prétexte en or pour tenir les deux jeunes gens éloignés car après tout il en valait de sa santé mentale.

Sa protégée était donc - comme qui dirait  - privée de sortie, à la plus grande satisfaction de Rogue. La situation était beaucoup plus commode ainsi qu'au cours des premiers  jours de l'année. Il n'avait plus à lui courir après partout où elle allait puisqu'elle ne se trouvait jamais loin de lui. Il était seulement contraint de l'accompagner en cours le matin et de la retrouver lors de  ses temps libres, soit aux heures des repas ou le soir.

Quand elle n'avait pas cours dans la journée, il l'avait engagée à le  rejoindre dans sa salle de classe si lui n'avait pas fini de dispenser  ses cours. Il la faisait alors s'installer sur le petit plan de travail qu'il avait aménagé près de son bureau à l'origine pensé pour les élèves les plus indisciplinés. Là, elle s'appliquait à faire ses devoirs en silence. Quand elle n'avait pas de travail il lui imposait la réalisation de la potion du jour pour qu'elle ne se tourne pas les  pouces pendant des heures.

Depuis leur première séance  d'entraînement qui ne s'était pas déroulée tout à fait comme il l'avait  prévu, deux semaines plus tôt, Severus avait mûrement repensé la chose. Il ne pourrait pas mener Hermione bien loin s'il ne la faisait pas travailler sur ses peurs. Par conséquent, dorénavant, il diviserait ces cours particuliers, qu'il fixerait définitivement le mercredi  après-midi, en deux parties : dans un premier temps, il lui apprendrait à  faire le vide dans son esprit pour qu'aucun souvenir déplaisant ne  vienne la troubler quand elle se retrouverait face à un adversaire et  qu'elle puisse se concentrer uniquement sur lui. Il lui enseignerait  également comment se rendre hermétique à toute intrusion extérieure pour  ne pas se laisser déstabiliser par l'ennemi. Dans un second temps, il s'efforcerait de lui faire mettre tout ce qu'ils allaient apprendre en  pratique en la mettant en situation. A l'exercice de la Défense Contre  les Forces du Mal, il inclurait également une part de théorie, qui elle  se ferait principalement le soir. Severus avait décidé qu'il ferait  travailler Hermione pendant au moins une quarantaine de minutes chaque  fin de journée. Il ne l'économiserait pas et ne lui laisserait aucun  répit avant de lui avoir appris à se battre correctement.

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