Hermione attendait que sonne la fin du cours d'Etudes des Moldus avec une impatience folle. Elle n'en pouvait plus : elle mourrait littéralement de chaud ! Voilà déjà deux heures qu'elle était coincée dans une salle exiguë où régnait une chaleur étouffante. Une fine pellicule de transpiration perlait sur son front et elle avait les joues en feu mais leur Professeur refusait obstinément d'ouvrir la fenêtre, prétendant que les braillements des premières année qui étaient en cours de Vol non loin de là la dérangeait. La jeune femme, se tortillant sur sa chaise et soupirant à grands bruits, ne cherchait pas à dissimuler son profond mécontentement. Elle n'avait qu'une seule envie : que sonne midi afin d'enfin pouvoir aller respirer un grand bol d'air frais dans le Parc de l'École avant d'aller manger et de repartir pour une après-midi d'étude intensive.
Dès que le tintement de la cloche marqua la fin de son calvaire, Hermione se leva d'un bond, ramassa ses affaires à la hâte et se retint à grande peine de se mettre à courir pour quitter la pièce. Une fois dehors, elle se dirigeait vers la sortie quand elle sentit une main se refermer autour de son poignet. On la retourna brusquement et ce fut avec stupeur qu'elle se retrouva face à son Professeur de Potions. Mais que lui prenait-il au juste ? Elle lui adressa un regard courroucé. Celui-ci lui répondit par un des haussements de sourcils dont il avait le secret.
- Miss Granger, j'ai à m'entretenir avec vous, dévoila-t-il.
La jeune femme hocha la tête, dégageant son bras de l'étau que représentait la main ferme de son Professeur. Il lui avait fait mal pensa-t-elle en effleurant l'endroit où il avait serré.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle dans le même temps.
- Pas ici. Allons dans un endroit plus calme, suggéra l'homme en la dépassant et en prenant la direction du Parc comme pour répondre à la prière silencieuse de sa jeune élève qui semblait avoir chaud, comme en témoignaient ses joues légèrement rosies et les petites gouttes de sueur qui luisaient sur son front.
Hermione lui emboîta le pas sans un mot, s'interrogeant sur ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire pour venir l'intercepter à la fin des cours.
Quand enfin ils se retrouvèrent à l'extérieur, la jeune lionne s'arrêta une minute sur les marches descendant dans le parc, prenant le temps d'inspirer à plein poumon une grande bouffée d'air frais. Merlin que c'était bon ! Pensa-t-elle en levant son visage vers le ciel, les paupières closes.
À ses côtés, Severus s'était immobilisé, les yeux braqués sur elle. Il se fit la même réfléxion que la veille au soir. La Miss-Je-Sais-Tout qu'il avait connu enfant était devenue belle. Et ainsi, le visage baigné par le soleil elle l'était plus que jamais. Au moment où un élève passa près de lui, en le bousculant légèrement, le Maître en Potions tressaillit prenant conscience de l'inconvenance de ses pensées. Sentant une vague de colère monter en lui, il aboya alors à sa jeune protégée de cesser de dormir debout et de le suivre sans attendre.
La jeune femme, outrée, se secoua néanmoins et rejoignit son Professeur qui ne l'avait pas attendu pour reprendre sa marche, le pas nerveux. Elle le rattrapa en quelques secondes et s'excusa dans un souffle. Son Professeur fit la sourde oreille et continua à marcher. Il s'arrêta seulement lorsqu'ils arrivèrent sous un saule pleureur qui avait pris racine non loin du lac.
Hermione attendit en silence que son Professeur prenne la parole.
- Miss Granger, j'ai plusieurs choses à vous dire, commença-t-il d'un ton neutre. Tout d'abord, vous n'êtes pas sans savoir qu'hier au soir, j'ai été convoqué par Lord Voldemort... J'ai appris qu'il avait trouvé un moyen de toucher "le survivant en plein coeur et d'affaiblir définitivement l'Ordre du Phénix" afin "d'asseoir son règne sur le monde sorcier" et qu'il avait introduit un de ses lieutenants – en plus de moi qui suis censé être l'un de ses espions – dans l'enceinte de Poudlard... Bien que nous ayons quelques soupçons à l'égard de certains élèves, nous ne l'avons pas encore identifié avec certitude... Aussi, continua-t-il, alors que plus il avançait dans son propos plus il pouvait voir le visage de son élève perdre de ses couleurs et se décomposer ; il faut vous montrer plus prudente que jamais. Monsieur le Directeur m'a chargé de ne pas vous laisser seule une seule seconde en dehors des cours, parce qu'il pense que vous ou votre ami Weasley êtes les cibles de Vous-Savez-Qui. En effet, quel moyen plus sûr pour lui de bouleverser Monsieur Potter que de s'en prendre à ses meilleurs amis ? Dit-il sans attendre de réponse de sa part avant de poursuivre. Enfin, ce soir je suis convoqué dans le bureau de Dumbledore, ce faisant, vous m'y accompagnerez après le dîner.
La jeune femme acquiesça silencieusement, le visage défait, avant de tourner le dos à son Professeur et de diriger son regard vers les eaux miroitantes du lac. Ainsi donc, elle qui voulait être un soutien solide pour son meilleur ami n'était en fait qu'un fardeau qu'il avait à traîner comme un boulet ? Elle n'avait jamais réalisé qu'elle l'handicapait plus qu'autre chose et elle comprit seulement pourquoi il opposait systématiquement des réticences quand elle lui proposait son aide dans son combat... Parce qu'il avait peur qu'on ne l'atteigne à travers elle... Ou Ron...
Des larmes de désarroi et de colère lui montèrent alors aux yeux et elle se mit à sangloter doucement. Elle avait toujours tout mis en oeuvre pour être indépendante que ce soit sur le plan scolaire ou sur le plan personnel et voilà qu'elle découvrait qu'elle représentait en fait une charge pour l'Ordre et son meilleur ami ! C'était un comble !
Rogue, derrière elle resta coi quand son élève fondit en larmes. Il fixa son regard sur ses épaules qui tressautaient doucement au rythme de ses sanglots, embarrassé. Il aurait pu lui présenter la situation plus subtilement quand même... Il l'observa un moment avant de s'avancer vers elle comme mû par une force extérieure. Il posa une main sur son épaule et l'attira doucement contre lui. Le dos de son élève effleurait son torse quand il se pencha légèrement en avant pour lui glisser quelques mots réconfortants à l'oreille pour essayer de la rassurer, de la calmer.
- Miss Granger, reprenez-vous. Essayez de contrôler vos émotions... N'oubliez pas que tant que je serais là, je ferais correctement mon travail : je mettrais tout en oeuvre pour qu'il ne vous arrive rien. Je ne tolérerai pas que l'on vous fasse le moindre mal. Vous n'avez rien à craindre.
Le souffle chaud de son Professeur contre sa joue, sa voix grave et assurée, sa main pressant légèrement son épaule apaisèrent sa peur presque instantanément. Pour autant, la colère grondait toujours à l'intérieur d'elle et continuait à faire couler des larmes le long de ses joues. Elle se retourna face à Rogue et fixa ses yeux larmoyants où on pouvait lire une lueur déterminée dans les siens.
- Je vous fais confiance pour ça Monsieur... Mais ce que je voudrais c'est apprendre à me défendre seule au cas où je viendrais à me retrouver dans une situation délicate et que personne ne soit là pour me protéger... Je ne veux pas attendre que Dumbledore ait terminé de former Harry à l'Occlumancie. Apprenez-moi à fermer mon esprit et à combattre en duel Professeur, le supplia-t-elle.
Non loin d'eux, accroupi un peu plus loin, dissimulé par un fourré, le regard brillant de malveillance, Drago les observait. Il trouvait son Directeur de maison bien trop proche de cette sale Sang-de-Bourbe de Granger. Finalement, son père et le Lord Noir avait peut-être raison, Severus jouait double-jeu et pactisait avec l'ennemi. Il allait payer !
Le Serpentard se leva discrètement et détala jusqu'aux portes du château. Une fois à l'intérieur, il prit la direction de la volière, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir écrire à son paternel. Une fois arrivé dans le repère des Hiboux des élèves de l'école. Il identifia son grand duc et l'appela. Celui-ci, se reconnaissant, vola jusqu'à son maître et se posa sur son épaule.
Drago lui caressa le bec avant de sortir un morceau de parchemin de son sac à bandoulière. Il se saisit également d'une plume et se mit à écrire en prenant appui sur un mur : Père, je me suis attaché à faire ce que vous m'avez demandé hier soir, après votre réunion. J'ai surveillé Severus. En fin de matinée, Dumbledore est venu le voir. Quelques minutes après qu'il l'ait quitté, Severus est sorti de ses appartements et est allé attendre près de la Salle d'Etudes des Moldus où il a intercepté Granger à la fin des cours. Il l'a emmené dans le Parc près du lac. J'ai vu qu'ils discutaient mais je n'ai pas pu entendre ce qu'il disait... Quoi qu'il en soit, la Sang-de-Bourbe s'est mise à pleurer et j'ai vu Severus la réconforter en se collant contre son dos de manière très suggestive et en lui chuchotant ce qu'au vue de leur position, j'ai deviné être des mots doux... Qu'en pensez-vous ? J'espère que ces informations vous seront utiles... Embrassez mère pour moi, et faites attention à vous. Affectueusement, votre dévoué fils, Drago M.
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UN AMOUR À TAIRE
FanfictionQuand l'amour naît où on ne l'attend pas et que deux êtres qu'a priori tout oppose se rapprochent bien malgré eux ! CONTEXTE : L'histoire débute à l'issue du 5ème tome des aventures d'Harry Potter, après l'escapade de six membres de l'AD au Départe...