CHAPITRE 32 : Doutes.

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Le sang lui battait violemment les tempes. Les mâchoires durement  crispées, les poings serrés, la seule chose qui le retenait de ne pas  bondir de son fauteuil pour sauter à la gorge de l'homme assis en face  de lui, que seul un bureau en bois d'acajou massif protégeait, était la  petite main posée sur son genou, nerveusement crispée et agitée de  légers tremblements.

Cette main appartenait à nulle autre que la  jeune femme dont il avait été chargé d'assurer la sécurité quelques mois  plus tôt. Si dans les premiers temps, et c'était un doux euphémisme que  de le dire, la situation ne l'avait pas ravi, de leur proximité forcée  et contrainte avaient fini par naître entre eux des sentiments que  d'aucun auraient jugé inappropriés entre un professeur et son élève mais  qui s'étaient révélés à leurs yeux comme une évidence.

En effet,  malgré les différences de taille qui auraient pu constituer un obstacle  entre eux telles que leurs statuts respectifs ou encore leur important  écart d'âge, de nombreux points communs les réunissaient et minoraient  ces différences.

Tous deux étaient dotés d'une intelligence fine  et aiguisée. Ils partageaient une passion dévorante pour les livres,  incompréhensibles pour la majorité des gens. Perfectionnistes,  rigoureux, méthodiques, infatigables, ils étaient des travailleurs  acharnés. Ils avaient par ailleurs un goût commun pour l'art subtil et  délicat des potions. Et, à la foule, aux fêtes et aux rires, tous deux  préféraient la solitude... Ils affectionnaient le silence strident que  leurs offraient ces vastes espaces aux murs couverts d'étagères remplies  de bouquins communément appelés bibliothèque. Amoureux des jeux  d'esprit, les conversations qu'ils entretenaient étaient sans cesse  ponctuées de subtiles joutes verbales dont eux seuls parvenaient à  saisir la finesse et la portée. Et si sur certains points ils étaient  aussi différents que le jour et la nuit, sur d'autres, ils se  ressemblaient autant que deux âmes sœurs.

La vie commune leur  avait permis d'apprendre l'un de l'autre et d'entrevoir dans un geste,  dans un regard ou de capter dans un soupir ou une parole un  imperceptible changement d'humeur chez l'autre.

C'est ainsi qu'au  fil du temps, ces deux être qui, vus de l'extérieur paraissaient aussi  différents que l'ombre et la lumière s'étaient rapprochés pour former un  tout indissociable. Peu à peu, ils s'étaient apprivoisés jusqu'à  devenir, à l'instar des deux faces d'une même pièce, inséparables. Ils  ne pouvaient aller l'un sans l'autre. Ils se comprenaient mieux que  quiconque et par-dessus tout, se complétaient.

Mais aujourd'hui,  ces deux personnages se trouvaient face un dilemme de taille : protéger  la vie de l'être aimé au péril de la victoire de leur camp sur le mal  incarné en la personne de Lord Voldemort et de ses sbires ou s'exposer  et se mettre en danger pour permettre aux défenseurs du bien de  triompher des forces obscures ?

La jeune Hermione, les yeux  remplis de larmes n'osait diriger son regard vers le visage de l'homme  qu'elle aimait. Elle devinait les questions qui devaient se bousculer  dans son esprit et craignait de lire la peur sur ses traits. Elle savait  en effet que quoi qu'il puisse en être de leurs sentiments et de leurs  états d'âme, ils étaient tous deux contraints d'accepter la mission que  Dumbledore avait décidé de leur confier et venait de leur exposer. Et  que leur pire ennemi dans l'accomplissement de celle-ci serait la peur :  la peur qu'ils avaient de se perdre l'un l'autre.

HP-HP-HP

De  retour dans leurs appartements, Severus et Hermione prirent directement  la direction de la chambre de l'homme et vinrent s'étendre sur le lit.  Le Professeur, à demi assis, qui avait replié un bras derrière sa tête,  invita sa jeune compagne à venir se blottir contre lui. Il l'entoura  d'un bras puissant et ferma les yeux en poussant un long soupir. Il  avait besoin de cette proximité avec la jeune femme et n'avait pas  l'intention de la laisser s'éloigner de plus de quelques centimètres de  lui jusqu'à l'heure tant redoutée de leur départ en mission qui était  plus proche qu'ils n'avaient pu l'imaginer.

UN AMOUR À TAIREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant