La Fin

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Comment savoir quand mettre un point final à son roman ? Avez-vous tout dit ? En avez-vous dit trop ? Terminer un roman est souvent un problème pour les auteurs.

Dans le processus de création, il est très difficile de savoir quand il est nécessaire de s'arrêter. Il n'y a évidemment pas une règle absolue à suivre, mais voici quelques conseils pour vous aider :

Restez fidèle à votre texte

Il faut prendre en compte la manière dont vous souhaitez que votre texte se termine. 

Emilie de Turckheim, auteure d'"Héloïse est chauve", explique dans une interview vidéo comment elle fait face à ce problème. Pour elle, il s'agit de rester fidèle à son texte, de se demander si on sent qu'on a tout dit. Cécile Ladjali, auteure de "Aral", conseille, avant de mettre un point final, de se demander si on ressent physiquement qu'on est allé jusqu'au bout de ce qu'on pouvait faire. Ces auteures ne parlent pas en termes de quantité, mais bel et bien de qualité. 

Le texte est-il assez travaillé pour y mettre un terme ?

Laissez le lecteur s'approprier la fin

Pour ce qui est de l'intrigue, quand faut-il s'arrêter ? Si vous estimez qu'il ne manque plus qu'une scène, un élément à ajouter, mais que vos personnages ont déjà vécu tout ce qu'ils avaient à vivre, vous pouvez considérer que votre roman est fini. Il est important de laisser en suspens la toute dernière action. Quand les événements précédents ont été si bien ficelés que le lecteur se doute de ce qui va se passer et peut s'en satisfaire, alors vous pouvez mettre le point final. En quelque sorte, vous laissez le lecteur continuer le roman dans sa tête. Votre histoire n'est qu'une étape dans la vie de vos personnages. S'ils sont assez réels pour le lecteur, il continuera de les faire vivre dans son esprit. Un auteur doit savoir s'effacer quand son rôle est terminé, quand il a donné assez d'éléments pour résoudre l'intrigue du moment de la vie des personnages qu'il a choisi d'observer.

Dans "Marche Ou Crève" de Stephen King, la dernière action laisse le lecteur choisir la fin du héros. Attention, je spoile : Garraty est le dernier coureur vivant de la course, mais il est tellement exténué qu'il commence à mêler réalité et hallucinations, par conséquent, deux choix s'offrent aux lecteurs : soit Garraty s'en remet (certes avec des séquelles psychologiques) et tout est bien qui finit bien parce qu'il a gagné... Soit il meurt de fatigue. Alors qu'il a réussit. (Personnellement, j'ai choisi la première fin...)

N'encombrez pas la fin

Evitez d'embrouiller le lecteur en ajoutant trop d'éléments à la fin du roman. N'amenez pas de nouveaux personnages, ou de nouvelles intrigues trop tard dans le récit. Ainsi, évitez toute nouvelle apparition dans les 50 dernières pages. Rien ne vous empêche cependant de faire revenir un personnage s'il a été évoqué plus tôt dans l'intrigue. Il en va de même pour les descriptions : évitez le plus possible de noyer le lecteur sous un flot d'explications et de théorisations de votre histoire. Pour la fin du récit, préférez l'action et la résolution des conflits.

Résolvez l'intrigue principale

Certains éléments de l'intrigue peuvent conserver une part d'ombre, cependant, le conflit central doit au moins être résolu. Il n'est pas question de forcément créer un happy-end, mais il faut résoudre l'intrigue principale, c'est-à-dire la dénouer. Vous pouvez également construire votre histoire en miroir de votre début de roman. Une fois arrivé à la fin de votre récit, revenez au commencement, reprenez un à un les éléments de la situation de départ et voyez si vous n'avez rien laissé inachevé.

Proposez un revirement

Appelé "twist" en anglais, le revirement final est très accrocheur et fera à coup sûr beaucoup parler du livre s'il est bien utilisé. Cette technique est surtout utilisée en science-fiction, mais elle peut s'adapter à tout roman qui relève d'un grand mystère. Pour fonctionner, le revirement doit être surprenant, mais surtout crédible. Pour cela, n'hésitez pas à laisser des indices tout au long du récit. Ainsi, le lecteur qui relira le livre redécouvrira l'histoire avec un oeil nouveau.

Dans "Peter Pan" de James Mathew Barrie, lorsque Peter Pan triomphe de Crochet, Barrie tient absolument à ce qu'on remarque que Peter Pan remplace aussitôt son ennemi, prenant ses vêtements et l'imitant jusqu'au crochet : « Par la suite, la rumeur courut que la première nuit où il porta ce costume, il resta longtemps assis dans la cabine, le porte-cigares de Crochet aux lèvres, et tous les doigts d'une main repliés, à l'exception de l'index qu'il tenait recourbé en l'air de façon menaçante, comme un crochet. » 

Une fin sans conclusion

Vous pouvez choisir de terminer votre roman sur une ouverture, qui peut laisser présager d'une suite. Le personnage principal peut faire face à un dilemme à la fin du récit et vous laisserez le lecteur décider de son destin. Cependant, il faut être prudent car le lecteur peut interpréter cela comme une paresse de votre part. Préférez cette technique pour une nouvelle ou une flash fiction, où le lecteur attend de vous intelligence et brièveté.

Une fin banale

Toutes les histoires ne doivent pas forcément finir sur un revirement ou un coup d'éclat. Votre fin peut être réussie même lorsqu'il s'agit de laisser le personnage dans une situation stable. Avec cette fin, le personnage principal n'aura pas un destin extraordinaire, il vivra simplement sa vie comme vous l'avez décrite. Il ne s'agit pas forcément d'une fin ennuyeuse. Le lecteur peut aimer une telle conclusion si cela reste en adéquation avec le ton du récit et la personnalité du personnage principal. Cette technique est en effet peu adaptée aux romans à suspense, par exemple.

Source : enviedecrire.com

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