Écrire à 4 mains

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La complémentarité des parties

Écrire un livre avec une autre personne ne s'improvise pas. Avant de franchir le pas, mieux vaut se connaître un minimum (un maximum est encore mieux !). Et surtout s'assurer que l'autre écrivain peut apporter quelque chose : par exemple des connaissances et/ou des compétences que vous n'avez pas. Et pas forcément dans le domaine de l'écriture.

La complémentarité sera à la base du succès !

Bien définir les rôles

Diviser le travail et s'accorder sur la façon de procéder est indispensable, sous peine de créer de gros problèmes par la suite. Comme l'idée est d'éviter que chacun marche sur les pieds de l'autre, une possibilité est que chaque auteur écrive un chapitre sur deux.. Ou que l'un s'occupe de l'intrigue, des décors, des personnages et l'autre, de l'écriture.

De la souplesse dans la structure de récit

Une structure souple permet à chacun de se nourrir des idées de l'autre et d'enrichir l'intrigue au fur et à mesure, même si certains points sont déjà établis. 

Si vous décidez d'écrire tous les deux, soyez bien sûr que chacun aura le loisir d'exprimer sa créativité. Pour cela, évitez de donner un cadre trop rigide, trop défini à votre histoire. Ensemble, établissez un plan général de votre roman, avec quelques moments-clés, mais n'allez pas plus loin. 

Plus d'idées dans deux têtes !

L'écriture à quatre mains offre quelques autres avantages par rapport à l'écriture solitaire.

D'abord, c'est une opportunité unique de confronter ses idées. Avec plus d'idées dans deux têtes, la créativité peut être efficace et très enrichissante.

Ensuite, travailler à deux oblige à respecter des délais. Vous n'allez quand même pas faire attendre l'autre...

En revanche, si vous peinez, il peut vous aider à avancer, amener ses idées ou tout simplement vous redonner du courage pour continuer.

Avantages :

- Émulation : si l'un faiblit ou flanche, les autres sont là pour le remotiver. 

- Complémentarité : écrire un livre à plusieurs permet de se répartir les tâches : ainsi, chaque élément de l'ensemble est traité par celui qui en est « spécialiste ». Théoriquement, l'ouvrage doit donc être meilleur qu'il ne l'aurait été si un seul l'avait composé.

- Concertation : en se faisant lire les uns aux autres ce qu'on a écrit, on peut en discuter et progresser. Au fond, on forme alors une sorte de comité de lecture miniature. 

- Confiance 

Inconvénients :

- Des compromis en perspective : à moins d'un accord parfait entre les auteurs (cas vraisemblablement très rare), concertation signifie compromis. Il vous faudra donc peut-être renoncer à telle idée que vous trouvez géniale, si vos partenaires la jugent quant à eux consternante.

- Risque de brider la créativité. C'est une conséquence du point précédent. La collégialité, en art, peut aboutir à un appauvrissement. Il se peut que l'un des auteurs « bouffe » l'autre, en l'empêchant, volontairement ou non, de s'exprimer. 

Exemple U4 + Interview (extrait)

"4 auteurs, 4 livres, 4 héros, 1 phénomène", celui de U4 de Carole Trébor, Florence Hinckel, Vincent Villeminot, Yves Grevet (oui, des français <3)

"Quelles sont les contraintes d'écriture à plusieurs, alors que la création littéraire est d'ordinaire un exercice solitaire. Et comment revient-on ensuite à un travail en solo ?

Carole Trébor — Les contraintes se situent à différents niveaux. D'abord, il faut que nous soyons cohérents sur notre univers commun, à savoir notre cadre : chronologie, calendriers météorologiques et lunaires utilisés, fonctionnement social, localisation des R-Point, état des connaissances sur le virus, etc. Ensuite, on passe à l'étape supérieure, celle de l'écriture commune des scènes, de la confrontation de nos personnages. Et là, nos subjectivités se rencontrent. Ce qui est primordial pour l'un d'entre nous, ne l'est pas pour l'autre. Comment s'approprier le personnage d'un de ses confrères en étant fidèle à ce que son auteur a déjà défini ? Comment s'adapter à une action que les autres proposent sans trop déstructurer la trame narrative ?

Yves Grevet — Dans la pratique, il faut échanger le plus possible, se voir en vrai à des moments clefs de l'écriture, s'envoyer des centaines de mails (plus de 2000), se téléphoner, discuter sur Skype. Le rythme d'écriture d'un groupe est très chaotique, on se sent parfois en retard sur les autres et on écrit dans l'urgence. À d'autres moments, tout s'arrête pour régler des détails, pour négocier sur une parole ou une attitude. Il y a même des retours en arrière.

Vincent Villeminot - Dans ce processus collectif, les personnages gagnent en vérité, de l'inattendu s'invite au sein de l'intrigue. Mais on perd en spontanéité, en liberté. D'où notre désir presque compulsif de revenir chacun à du solo après U4.

Florence Hinckel — Soudain, nos exigences et notre musique intérieure se trouvaient contrariées par, non pas un, mais deux, puis trois empêcheurs de... tracer tout droit. À certains moments, désorientés, nous avons tourné en rond longtemps avant de trouver des chemins de traverse. Passionnant ! Mais on a tous aimé retrouver la liberté de choisir sa route."

Aussi, n'hésitez pas à vous lancer dans cette expérience. Adoptez juste quelques règles pour vous donner toutes les chances de réussir.

Source : www.aproposdecriture.com /  www.ecrire-un-roman.com / www.pagedeslibraires.fr

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