@ Les Éléments Naturels du Quotidien

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eleonoregillot souhaite que je vous aide à incruster des "éléments naturels" tels que "les règles, boire, manger, uriner, sans que ça fasse tache".

INTRO

• Parce que les filles ont leurs règles une fois par mois.
• Parce que nous devons boire et manger plusieurs fois par jour pour être en bonne santé.
• Parce qu'on va tous aux toilettes au moins une fois par jour.
•Parce que parfois, ça nous gratte ici sans réelle raison.

- Nous sommes des êtres humains et nous accomplissons de nombreux gestes qui font partie de notre quotidien. Des choses humaines bien caractéristiques qu'on aimerait parfois retranscrire dans nos récits pour rendre nos personnages plus réalistes, plus vivants, plus humains...

Pourquoi [faut-il ou ne faut-il pas] incruster des éléments naturels dans nos récits ?

CONTRE :
Tout d'abord, le but d'un auteur est d'avoir des lecteurs. Si vous lisez des livres, vous pouvez facilement remarquer que les auteurs ne s'attardent pas sur la pause pipi, ni sur la croûte de sable qui recouvre le coin de l'oeil au réveil. Pourquoi ? Parce qu'il ne faut pas alourdir votre récit.

Exemple : J.K Rowling a bien fait de ne pas énumérer le nombre de temps qu'a passé Harry Potter aux toilettes. Par ailleurs, entre 11 ans et 17 ans, Hermione Granger a bien dû faire face à ses premières règles, non ? L'auteur n'a pas jugé important ces détails et a préféré se concentrer sur le dénouement de son histoire.

Cela fait aussi partie du retravail : certains auteurs font un « épissage » de leur texte à la fin. Le but étant de supprimer toutes les informations qui n'aboutissent à rien ou dont le lecteur pourrait se passer.
Alors aller droit au but est la meilleure façon de garder la curiosité de son lecteur et de ne pas perdre son attention.

POUR :
Cependant, il ne faut pas oublier que nos personnages ne sont pas tous infaillibles et sans besoins.

Exemple inventé : Louis traverse la forêt avec ses copains, pour X raisons. Leur marche dure trois jours pendant lesquels ils discutent, tentent de résoudre leurs différends, donnent des indices ou des fausses pistes aux lecteurs, vont se coucher, puis se remettent en route le lendemain. À quels moments mangent-ils ? Louis et ses copains n'ont-ils jamais faim ?...

A - Incorporer la recherche de nourriture, le feu de bois, ect... pour alimenter le récit comme si le dîner était indispensable (alors qu'à la base, vous cherchiez juste à être plus réaliste).

B - Pas besoin de préciser que Franck, l'ami numéro 7 de Louis, a besoin de vider sa vessie après le repas. SAUF SI, en allant uriner, Franck tombe sur un élément important qui fait avancer l'histoire. Vous avez alors justifié votre choix d'aller faire uriner Franck.

Donc, si vous souhaitez vraiment incorporer des éléments naturels, il va falloir se montrer subtile et vous justifiez.
La meilleure justification étant de donner un sens et une conséquence à vos choix.

EXEMPLES

- Les règles des filles :
Il est assez rare de voir une héroïne de roman abandonner le combat parce que ses douleurs à l'estomac sont insoutenables. J'ai moi-même parfois l'impression que les héroïnes de romans (S-F plus particulièrement) n'ont jamais leurs règles, (comme si dans le futur, on avait trouvé une solution miracle pour éviter ça...).
Certains auteurs n'y pensent tout simplement pas, ils oublient et c'est assez normal quand on y pense. D'autres préfèrent éviter le sujet, parce que - comme je l'ai dit précédemment - ça ne permet pas de faire avancer l'histoire.

Mais vous pourriez très bien être l'exception et parvenir à donner aux règles un rôle déterminant dans votre récit.

Exemple : Dans Twilight, Bella se rend compte qu'elle n'a pas eu ses règles depuis un moment et comprend qu'elle est probablement enceinte.

- Boire et manger :
Vous avez le choix, soit vous en faites un moment important à part entière (comme je l'ai décrit avec l'exemple de Louis), soit vous l'incorporez avec subtilité :

Exemple : « Emma lut la lettre, une pomme dans la main et la bouche pleine, tandis qu'Edgar remplissait la carafe.
- Alors, qu'en penses-tu ? demanda-t-il en lui tendant un verre. Nous devons partir au plus vite les rejoindre avant qu'il ne soit trop tard... »

A - Boire et manger ne sont pas le centre de l'action ici et pourtant nos personnages le font sans que cela n'alourdisse le récit.

B - On insère notre pomme et notre carafe dans une phrase où d'autres éléments importants à l'action sont donnés, donc on ne peut pas supprimer ses phrases considérées comme indispensables pour la suite.

- Uriner :
Comme expliqué dans l'exemple de Franck, il suffit de donner un sens à l'action. C'est un bon moyen de combler un vide lorsqu'on est en panne d'inspiration ou qu'on ne sait pas comment transiter vers une autre action.
Donc si vous cherchez une transition, il serait plutôt astucieux de recourir aux éléments naturels du quotidien, comme « Bon, 'faut que j'aille pisser, les gars ! », et à vous de trouver d'autres idées pour continuer.

Bien sûr, faites attention au vocabulaire que vous utilisez et au registre. Faites la différence entre narration et dialogue (à voir dans les autres parties dédiées). Préférez aussi les expressions comme « aller au petit coin », « avoir une envie pressante », « besoin de soulager sa vessie », etc...

- Se gratter :
Avoir une allergie ou subir les effets d'une drogue/d'un poison, par exemple, est une façon d'envisager la question et de rappeler que le personnage a des sensations physiques que le lecteur connaît bien

Mais vous pouvez aussi l'incorporer de manière subtile comme vu précédemment pour ce qui est de manger/boire.

Cependant, se gratter n'est pas un geste anodin. Il peut en dire long sur une personnalité (celle de votre personnage en l'occurence). Ça peut être un geste nerveux, ou montrer que quelqu'un réfléchit, etc... Alors pourquoi ne pas en profiter ?

CONCLUSION

• Tout est possible si vous le faites avec subtilité et si vous y mettez du sens, une conséquence et, pourquoi pas, une cause.

Donnez de l'importance à des gestes simples que le lecteur exécute tous les jours, ou passez au-dessus pour ne pas alourdir votre récit (c'est un sacrifice à faire). Le réalisme ne doit pas empiéter sur le plaisir de votre lecteur à lire votre histoire.

• Un bon moyen (pas obligatoire) de donner du sens à un geste est de renforcer ou souligner le caractère de quelqu'un.
Pourquoi ne pas caractériser un personnage parce qu'il ose parler de ses règles et se plaint, ou parce qu'il mange trop et qu'il a tout le temps soif, ou parce qu'il s'arrête pour uriner dans les moments les moins propices, ou qu'il se gratte les tempes à chaque fois qu'on lui demande s'il a un plan ?
Soyez inventifs et n'oubliez pas de vous mettre à la place de vos lecteurs.

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