Chapitre 18

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La journée se passe plutôt bien jusqu'au moment où je me couche et je m'endors. Sauf qu'un truc me réveil dans en pleine nuit. Je grogne mais me rend compte que c'est mon téléphone. Téléphone qui d'habitude est éteint la nuit. Je ronchonne mais réponds.

Moi – Allô... ?
??? – Ashton... je crois que je vais faire une bêtise...

Je fronce les sourcils tout en me redressant dans mon lit, essayant d'avoir les idées claires.

Moi – Une bêtise... ? De mais... Neil ? C'est toi ?
Neil – J'ai mal...
Moi – T'as mal ? Comment ça tu as mal ? Où es-tu ?
Neil – Chez moi...
Moi – C'est où chez toi ?
Neil – 90 rue motor pool Jean-Jack Krusoé n°5....
Moi – Bouge pas. Ne fais rien. J'arrive.
Neil – Tu... quoi... ?
Moi – J'arrive tout de suite.

Et je raccroche. Je sors de mon lit et ne prends même pas la peine de m'habiller convenablement, un tee-shirt et un bas de survêtement font l'affaire. J'enfile mes chaussures et descends. Je prends un stylo et un papier et griffonne vite fais sur un bout de papier un : « Si je ne suis pas là demain, c'est que je suis toujours avec Neil. Je vous raconterez tout. Désolé. Je vous aime. »
Je laisse ça sur la table de la cuisine sous un pot qui traine et attrape mes clés avant d'entrer dans le garage. Je mets mon casque et démarre. J'arrive assez rapidement chez Neil. Putain de baraque. Ashton, c'est pas le moment. Je respire un bon coup avant de me garer. Je prie pour qu'on ne me vole pas ma bécane et la laisse là. Eh merde, j'fais quoi maintenant ? j'vais pas sonner il est... trois heures du matin purée de pomme de terre... ! Je lui envoie un message.

¤Je suis là.¤
_Contourne la maison. Deuxième escalier._

Je fronce les sourcils mais fais ce qu'il me dit. Derrière, y'a trois escaliers. Je prends le deuxième et frappe trois petits coups à la baie vitrée. Les rideaux s'ouvrent doucement. Quand il me voit, il ouvre rapidement la porte, me fait entrer et referme aussi rapidement la baie vitrée.

Moi – Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il referme les rideaux avant de me regarder à peine quelques secondes. Il retourne dans son lit.

Moi – Neil ?
Neil – Pourquoi tu es venu... ?
Moi – T'avais l'air vraiment mal...
Neil – Pourquoi tu es venu ?
Moi – Pour t'éviter de faire une bêtise.
Neil – T'as compris....

Je fronce les sourcils. Je crois avoir compris. Mais j'ai pas envie de l'admettre. Sauf qu'il sort une boîte orange de sous la couverture. À mon grand soulagement, elle est encore pleine. Il éclate littéralement en sanglots. Mon cœur se déchire. Je retire mes chaussures et vais m'installer près de lui. Je prends la boîte des mains et la pose je ne sais où.

Moi – Neil regarde-moi.
Neil – Je suis nul...
Moi – Neil...
Neil – Je n'ai même pas pu le faire...
Moi – De quoi tu parles... ?
Neil – Tu as pris trop de place...
Moi – Je ne comprends rien...
Neil – Au contraire ! Tu comprends tout !
Moi – Calme-toi...
Neil – Non !! C'est de ta faute si je n'ai pas pu le faire ! C'est de ta faute si je suis toujours là et pas avec elle ! T'as tout foutu en l'air Ashton tu ne comprends pas putain ?!

Il voulait se suicider... pour la rejoindre... mais pourquoi maintenant ? Oh merde alors ce serait...

Moi – Le jour de sa mort...
Neil – Je te déteste tu entends ?! Je te déteste... !

Il pleure et cris en même temps. Il me pousse même sans grande force mais il le fait.

Moi – Neil, calme-toi, tu vas réveiller tes parents et...
Neil – Mes parents... ?! Sont pas là de toute façon...
Moi – Comment ça ils ne sont pas là ?
Neil – J'ai dix-huit piges. Depuis... ils ne sont jamais là...
Moi – Neil...
Neil – J'ai mal...

Je me mords la lèvre inférieure et l'attire contre moi, le serrant contre mon torse. Au départ, il n'a aucune réaction. Et puis finalement, il passe ses bras dans mon dos et me sert à son tour. Et ses sanglots reprennent.

Neil – Elle me manque... elle me manque tellement... pourquoi elle m'a fait ça ? Pourquoi moi ? Pourquoi elle a fait ça... ? Elle n'avait pas le droit de partir...
Moi – Chut... Neil calme-toi...

On reste un long moment comme ça, lui pleurant, et moi essayant de le réconforter comme je peux. Finalement, il s'endort complètement crevé. Moi en revanche, je n'y arrive pas. Et je le regarde dormir toute la nuit. Jusqu'au matin. J'ai passé la nuit à lui caresser les cheveux, à essayer de l'apaiser. Comme j'essaie toujours de faire. Soudain je vois des frissons sur sa nuque. Il s'est réveillé. Ses bras sont toujours accrochés à ma taille mais il n'a pas l'air de le remarquer pour l'instant.

Moi – Hey...
Neil – ...T'es resté...
Moi – Tu voulais que je m'en aille ?

Il ne dit rien et ne fais rien. Trois minutes après il secoue la tête. Sa tête qui est posée contre mon ventre. Puis lentement il se relève. Il se frotte les yeux puis me regarde. Il a l'air un peu gêné. Je lui souris tendrement, le rassurant. Pour la première fois, il rougit. Un mini soupire s'échappe de ses lèvres et il sort une photo de son tiroir. Il me la tend. J'y vois une magnifique jeune fille. Blonde. Ce qui me marque, ce sont ses yeux. Elle a les mêmes yeux que Neil. Ou presque. Les mêmes couleurs, mais pas pour le même œil. Neil à l'œil gauche jaune, tandis que sa sœur c'est l'œil droit. Pour l'œil droit de Neil c'est du mauve, et tout comme l'œil gauche de sa sœur.

Moi – Elle est magnifique...
Neil – Pas vrai... ?
Moi – Oui, vraiment...
Neil – Je le lui ai toujours dit... c'est en partie grâce à sa beauté que j'ai eu un faible pour la photo...
Moi – C'était ton modèle...
Neil – Toujours... et elle adorait poser pour moi...
Moi – Je n'en doute pas une seule seconde.
Neil – Pourquoi t'es resté ?
Moi – Je ne voulais pas te laisser seul.
Neil – Pourquoi ?
Moi – De peur que tu termines que tu avais l'intention de faire...

Il baisse la tête.

Neil – Je n'aurais pas pu...
Moi – Je ne comprends pas...
Neil – C'est trop tard... il faut que j'attende un an encore...
Moi – T'aimerais mourir le même jour qu'elle...
Neil – Tu me comprends tellement... je me sens horriblement vulnérable devant toi...
Moi – Tu ne devrais pas.... parce que... tu dis que je te comprends et par moment je comprends quand tu dis ça mais.... en fait, si tu voyais tout ce qu'il y a dans ma tête... j'ai l'impression que tout est mélangé.
Neil – Ma vie est un peu compliquée.
Moi – J'aimerais pouvoir t'aider à la rendre moins compliquée...
Neil - C'est ce que tu fais... sans vraiment le savoir...
Moi – Réellement ?
Neil – Ouais... vraiment...
Moi – Neil...
Neil – Mm.... ?
Moi – Promets-moi que tu n'essaieras plus de te suicider...
Neil – Je ne peux pas faire ça...
Moi – Tu le peux... simplement t'en as juste pas envie.
Neil – Si je pouvais... je te le dirais...
Moi – Tu le peux.
Neil – Je... Je... Je te le promets...

Ses larmes reviennent et il sert le drap entre ses doigts.

Moi – Elle a tes yeux...

Il ne dit rien, mais je sens que cette phrase la vraiment atteint.

Neil – Elle... n'a jamais mis de lentilles de sa vie. Elle s'en foutait des autres. Et elle m'entraînait dans tout ce qu'elle faisait... mais peut-être que je n'aurais pas dû lui faire autant confiance. J'aimais ma sœur. Je l'adorais. Elle était ma vie. Sans elle je ne suis plus rien. Elle était moi. Et puis... t'es arrivé. Le seul jour où je n'ai pas eu de chance et que j'ai oublié de mettre mes lentilles, tu m'as dit que mes yeux étaient magnifiques. Tu m'as dit que tu étais sûr que c'était la couleur naturel de mes yeux. J'ai tout de suite su que tu me comprendrais toujours... et... ça me fait énormément peur...
Moi – Tu ne dois pas avoir peur...Tu dois vivre.

~ J'ai peur Lilou. J'ai peur de m'attacher à lui. J'ai peur de l'aimer trop, comme je t'aimais et de me prendre un mur. De tomber encore. Mais plus bas cette fois. Si je tombe encore, je ne pourrais plus me relever... Lilou aide-moi. Aide-moi à avancer... mais j'ai besoin de lui pour avancer. Tu comprends ? J'ai besoin de ses mots, ses paroles... il sait comment faire... Je ne sais pas comme il y arrive mais... tu sais je le sens. Je le sens rebattre dans ma poitrine. Quand Ashton est tout près, c'est l'anarchie au fond de moi. Je n'ai pas les mêmes sentiments pour lui que j'avais pour toi. Mais c'est aussi fort. En tout cas, c'est l'impression que j'ai... Alors je t'en supplie... si tu me surveille de là-haut... fait en sorte que je ne gâche pas tout... ~

Relève-moi....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant