Assis à l'extrême bord d'un fauteuil d'un blanc uniforme, la tête dans les mains, je retiens la bordée de jurons qui me vient à l'esprit. Gabriel -le prince !- m'a totalement coincé. Je sais bien que la plupart de mes hommes sont des anti-monarchistes. Mais une grande proportion est aussi susceptible de le rejoindre s'il les appelle...
Je me lève et fais à regret quelques pas dans le petit salon que je me suis attribué. Mon armée, enfin, mes hommes mal-armés et mal entraînés sont entrés dans la place forte et se sont trouvés une petite place là où ils ont pu. Les forces d'Acalin ne nous ont pas rejoint car Gabriel refuse de réunir tout le monde au risque de voir une bombe tout détruire. C'est encore lui qui a prit cette décision... Même si je n'avouerai pour rien au monde que je suis d'accord avec lui.
Je m'interromps brusquement dans mes réflexions en entendant un "toc, toc" ferme à ma porte.
-Entrez !
La porte s'ouvre immédiatement et Azylis pénètre dans la pièce. Ses yeux bleus se fixent sur moi tandis qu'elle remet en place l'une de ses mèche de cheveux blonds d'un geste mécanique derrière son oreille droite. Vêtue d'une courte robe vert pâle, de bottes montantes, la peau un peu pâle malgré un très léger bronzage, un fin pistolet à la ceinture, elle me toise quelques minutes en silence avant de prendre la parole.
-Maintenant que nous avons fini nos examens respectifs, peut-être que nous pourrions discuter calmement ?
Je tente, sans réellement y parvenir j'en ai conscience, de prendre un ton hargneux pour répondre.
-N'avons-nous pas déjà suffisamment discuté, mademoiselle Astra...?
Une pensée fugitive me traverse l'esprit et je dois me concentrer pour l'écarter. Pour qui est-ce que je lui rappelle son nom de famille ? Pour elle ou...pour moi ? Elle secoue la tête en signe de dénégation et prend place dans un petit canapé à suspenseurs -flottant à quelques centimètres du sol grâce à un courant magnétique traduit par une légère couleur bleuté- avant de croiser les jambes et de prendre la parole.
-Non, nous n'avons pas suffisamment discutés. Tu ne suivras Gabriel que jusqu'à un certain point n'est-ce-pas ?
-Je pensais avoir été clair. C'est exact oui... Je ne le remettrais pas sur le trône si c'est ça que tu veux dire.
Elle laisse échapper une ravissante grimace avant de se relever de son siège promptement. Une fois debout, elle laisse un sourire légèrement étrange lui envahir le visage.
-C'est tout ce que je voulais savoir. On va avoir besoin de toi Christian... Et j'aimerai que tu rallies vraiment notre cause. Je suis certaine que cela doit être possible. J'y arriverai bien d'une façon ou d'une autre.
Je me lève moi aussi, cachant ma soudaine exaspération derrière un visage de marbre.
-Si vous continuez à marquer tous les points, vous n'aurez bientôt plus besoin de mon aide. Mais je ne serais jamais pour le prince. Rien de ce qu'il pourra faire ne changera mon point de vue. Alors respectes mon avis et ne m'obliges pas à devenir désagréable.
Elle me dévisage quelques secondes et paraît sur le point d'ajouter quelque chose avant de soudain se raviser et de quitter la pièce. Je regarde la porte se refermer pendant quelques secondes avant de me tourner vers la table de verre et de violemment balancer à terre le vase et les quelques fleurs qui la garnissait.
Mes yeux sombres laissent échapper un éclair avant que je ne reprenne calmement ma respiration. Allons, il faut que je me concentre. Ce changement imprévu pourrait bien tourner à mon avantage... Il s'agit juste de refaire mes plans.
Alors que je m'approche plus calmement de la table ou j'ai posé quelques papiers importants, on toque de nouveau à la porte et je me retiens à grande peine d'envoyer balader mon visiteur. Je réponds d'une voix exaspérée.
-Entrez !...
La porte s'ouvre une nouvelle fois et mon aide de camps entre dans la pièce. Je ne sais pas si c'est le terme approprié mais en tout cas, je peux définir assez bien son rôle dans ma petite armée. Faire circuler mes ordres, veillez à tout, me donner les nouvelles... Il faut dire qu'elle est remarquablement débrouillarde. Elle s'assoit dans le même siège qu'Azylis vient précédemment de quitter.
Je me dirige vers la commode qui fait l'angle de la pièce et prend une tasse que j'avais posé là précédemment et la cafetière maintenant froide. Je me sers une tasse du liquide complètement refroidi et interroge du regard ma jolie aide de camp.
Un sourire amusé s'installe sur son visage et elle prend la parole sans attendre.
-Je vois que tu ne m'as pas proposé ton café.
-Chaque fois que je t'en propose, tu refuses. Je commence à connaître tes habitudes.
Elle lève les yeux au ciel avant de répondre d'une voix neutre.
-Certes. Mais tu as la fichue manie de boire ton café froid en même temps. Si tu faisais comme tout le monde, je t'en prendrai bien une tasse de temps en temps.
-C'est bien pour ça que je ne fais pas comme tout le monde.
Je porte la tasse à mes lèvres et avale d'un trait le liquide noirâtre avant de changer brutalement de sujet.
-Alors, contente que nous soyons alliés à notre ami Acalin et au... Comment dit-on déjà ?... Ah oui, au prince...
Elle tape du bout des doigts en rythme sur l'accoudoir de son siège avant d'esquisser une moue boudeuse.
-Je suis comme toi et c'est bien pour ça que tu m'as choisi pour te seconder. Je ne pense pas un grand bien de Gabriel et j'ai hâte que notre entente vole en éclats. Mais il est vrai que jusqu'ici nous n'étions pas vraiment une menace pour le gouvernement... Maintenant, nous allons pouvoir rallier un maximum de monde à notre cause. Il sera toujours temps d'aviser lorsque nous serons dans le camps des vainqueurs.
Je pose ma tasse vide un peu trop fort sur la table basse et soupire en songeant que c'est la dernière intacte qui me reste de tout un service. Je me tourne ensuite vers ma co-équipière avec un sourire un peu retors.
-Nous nous comprenons parfaitement. Et puis, ils ne pourrons pas dire que je ne les ai pas prévenu...
-Certainement...!
Et Sarah éclate d'un rire profondément ironique.
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Intemporel T3 & 4
Science FictionIntemporel Tome 2 : La mort du Roi Gabriel et Azylis sont maintenant mariés et vivent dans l'époque de cette dernière. Pourtant, lorsque le prince découvre que leur fille a les cheveux bleus, la panique le saisit. Azylis ne comprend pas jusqu'au mo...