Intemporel T3 & 4

Azylis (Chapitre 50)

La guerre du futur... Plutôt une guérilla. Autour de l'hôpital s'étend une forêt aux arbres immenses comme partout ailleurs et le combat se poursuit entre l'extraordinaire végétation. Si tout le monde tire sur les ennemis, moi, je me demande franchement ce que je fais ici.

Depuis le début de cette histoire, je me sens pacifiste. Et ça ne risque pas de changer... Le pistolet que l'on m'a donné pend au bout de ma main tandis que je recule contre l'écorce de l'arbre qui me sert d'abri. Des dizaines d'explosions retentissent partout et le crépitement des balles rend le bruit infernal. La nuit tombe et je sens l'épuisement commencer à tendre mes muscles. Cela fait bien plusieurs heures que nous sommes ici à tenter de prendre le dessus et à protéger nos arrières et l'entrée de l'hôpital.

Accroupie contre le sol, je me relève lentement, bien décidée à essayer de retrouver Gabriel dans cette tourmente... Sans me prendre de balles au passage de préférence.

Le rayonnement bleuté de mon bouclier personnel me faisait repérer et je l'ai désactivé. Alors que je m'apprête à le remettre en marche en appuyant sur le bouton de ma ceinture blanche, j'entends un cri derrière moi et me jette brusquement sur le côté.

-Attention !...

La balle siffle à mon oreille et je réactive immédiatement mon bouclier. Sans ce cri, elle me traversait l'abdomen. Je maudis à grand renfort de jurons mon manque de prudence. Légèrement sonnée, je me retourne pourtant pour voir mon mystérieux sauveur.

A ma grande surprise, c'est Christian qui s'approche à grands pas de moi. Un homme à l'uniforme d'Edilyn gît immobile quelques pas plus loin. Il me demande d'un ton bourru :

-Ça va, tu n'as rien ?

Je me relève sans prendre la main qu'il me rend et répond vivement.

-Merci... Mais qu'est ce que tu fabriquais derrière moi ?

Un pli exaspéré barre soudain le front de Christian tandis qu'il reprend la parole.

-Il faut bien que quelqu'un te surveille. Cela fait déjà la troisième fois que je te sauve la vie. Sans même que tu t'en rendes compte... Mais maintenant, débrouilles toi pour rejoindre Gabriel, il saura bien te protéger lui et j'ai une armée à diriger.

Il n'attend pas de réponse et tourne les talons. Quelques secondes plus tard, il disparait dans la verdure à la rechercher d'autres gardes camouflés. Je reste immobile, songeuse. Et un poil vexée quand même...!

-Tiens... Tiens... On dirait bien que j'ai hérité d'un solide ange gardien.

Je hausse les épaules, toujours un peu perplexe, et ramasse le pistolet que j'ai laissé tomber dans ma chute avant d'avancer en direction de la place forte. Je ne suis d'aucune utilité dans cette forêt et, visiblement, je ne fais que bêtement mettre ma vie en danger.

Je sors lentement du couvert des arbres. Postés derrière des boucliers collectifs, plusieurs hommes protègent l'accès à l'hôpital.

Je m'avance vers eux, m'apercevant au passage qu'ils m'ont reconnue -donc que je peux m'approcher sans danger- lorsque je pousse un véritable hurlement de surprise surtout. Quelques mètres me séparent encore des gardes, ce que je ne peux m'empêcher de fugitivement observer et regretter.

-Ahhhhh !...

Après la surprise, c'est la frayeur qui s'empare de chaque parcelle de mon être tandis que je sens comme deux énormes pinces me serrer les épaules et commencer à me soulever de terre.

Muets de stupeur, la tête levée vers le ciel, les gardes me regardent sans esquisser un geste avant de brusquement se reprendre. Quelques hommes se détachent du groupe de protection et commencent à tirer.