J'appuie sur la détente de mon pistolet et un garde noir s'écroule quelques pas devant nous. Je sais que nous sommes en guerre. Mais je n'y arrive pas. À me blinder le coeur je veux dire. Ils me visent tous et à chaque fois que j'échappe à la mort à quelques centimètres près, je pense à Azylis et à notre adorable Ysaïne.
Et quand c'est moi qui tire, je revois les yeux hagards de Sady, encore et encore passer dans ma tête. Je pousse un lourd soupir tandis que Thaïs s'exclame à côté de moi :
-Leur résistance faiblit Gabriel ! On va bientôt pouvoir passer à l'étage suivant !
Sa panthère est à côté d'elle. Elle a vite comprit le danger des balles et les évite avec une rare adresse. Et elle n'hésite pas à attaquer l'ennemi. La panthère se révèle étonnamment utile...
Je secoue la tête avant de répondre brusquement en tirant une nouvelle rafale de balles.
-Ok Thaïs, il faut absolument qu'on avance ! On est à l'étage combien ?
Elle se rembrunit brusquement en plongeant sur le côté avant de se redresser.
-Et bien, vingt-cinq, ça n'a pas changé depuis trois minutes.
Les gardes noirs reculent et nous avançons dans la pièce. Nos boucliers magnétiques personnels ne nous couvrent plus qu'en partie car leur batterie est presque épuisée.
Les derniers gardes noirs reculent jusqu'à la salle de téléportation et disparaissent un à un jusqu'à l'étage suivant. Échevelé, je me tourne néanmoins vers mes hommes pour crier d'une voix forte :
-En avant ! Celui qui recule n'est pas digne d'être un homme !
Et je fonce vers la salle de téléportation avec une petite prière pour garder l'espoir de rester en vie. Le temps d'un clignement des yeux et je me retrouve dans un nouvel étage. Je me précipite en avant aussitôt suivi de mes hommes mais à notre immense surprise, l'étage est entièrement vide.
Je m'arrête au milieu d'une pièce et je suis bientôt rejoint par Acalin, Maly, Thaïs, et Aevin. Ce dernier me demande aussitôt avec une inquiétude visible :
-Tu penses que c'est un piège ?
-Sûrement, qu'est ce que ça pourrait être d'autre ?
Maly me jette un coup d'œil avant de demander :
-On essaie la salle de téléportation ? Ils n'ont peut être pas eu le temps de brancher les sécurités ici non ?
C'est notre espoir à tous depuis notre arrivée. Mais non, chacune des salles a été réglée de telle manière à ne pouvoir se déplacer que d'un étage au suivant. Pas plus loin.
Je hausse les épaules avant de répondre lentement.
-On peut toujours essayer. Qu'avons nous à perdre ?
-La vie.
Thaïs me regarde avec une inquiétude visible. Nous sommes tous conscient que cet étage désert n'est pas normal. Mais je me borne à hausser une nouvelle fois les épaules.
-Peut être mais on ne peut pas rester bêtement à attendre ici. Je vais essayer le transfert. Si c'est un piège et que je me retrouve je ne sais où...
Mais Aevin bondit en avant en poussant un cri :
-Noon ! Gabriel, ce n'est pas à toi de faire ça !
-Vous risquez tous votre vie pour une querelle de famille et je devrais encore vous faire prendre un risque supplémentaire ? Non Aevin, c'est moi qui y vait... Thaïs ?
Elle lève des yeux tristes vers moi comme si elle me faisait déjà ses adieux. Tous mes hommes autour de moi n'existent pas à mes yeux en cet instant car je pense toujours et encore à Azylis...
-Qu'est ce qui ne va pas ?
-Je suis sûre que c'est exactement la réaction qu'Edilyn attend de toi...
-Il y a des chances. Mais, Thaïs, on ne peut pas faire autrement. Ta panthère m'obéira ?
-Elle comprend les ordres simples.
-Alors je la prend avec moi et si ça va, si ce n'est pas un piège mais juste une erreur de leur système de défense je vous la renvoie.
Elle hoche la tête sans trouver de mots pour répondre. Mais Acalin tente de m'arrêter.
-Gabriel ! Vous êtes le prince et...
Je pose une main sur son épaule et nous échangeons un regard.
-C'est peut être justement pour ça que je le fais.
Et je me retourne en silence. Comme s'il avait comprit à cet instant, le fauve de Thaïs se détache de ses jambes pour me suivre lorsque je commence à marcher en direction de la dernière salle de l'étage : la salle de téléportation.
Tous nos soldats, hommes et femmes, s'écartent devant moi et je lis dans leurs regards une nouvelle lueur de respect.
Une goutte de sueur perle le long de mon coup. Je franchis la porte fatidique. Je ferme les yeux lorsque je sens la fourrure de la panthère contre mes jambes. Lorsque je rouvre mes paupières, je constate que je ne suis pas dans une salle de téléportation mais dans une immense salle. Aussitôt, je tente de repartir. Mais une voix reconnaissable entre toutes m'arrête aussitôt.
-Non Gabriel... On ne peut pas repartir. Nous venons de fermer les salles de téléportation.
Je sors de l'ombre suivi de la panthère et distingue petit à petit trois personnes dans la pièce. Christian, attaché les mains levées au dessus de lui au plafond. Il touche à peine le sol et son visage reflète une haine farouche lorsque ses yeux se posent sur la cause de tout nos maux : ma soeur.
L'homme qui se tient derrière elle, solidement armé, ne me dit rien mais je continue d'avancer. Ma soeur, elle-même porte à la main un fin pistolet blanc se détache elle aussi de l'ombre pour s'avancer. Peut être qu'au fond ma vie se résumait à ça dès le départ. Cet affrontement final.
-Tu vas me tuer comme nos parents ?
Elle oppose à mon sourire narquois une moue que je ne parviens pas à comprendre.
-Non Gabriel... Cette arme est juste pour garantir ma sécurité...
Trop furieux pour lui parler directement, je désigne du doigt Christian derrière moi.
-Et lui ? Tu l'as eu comment ?
Christian me répond directement avant ma soeur.
-Comme toi. J'ai essayé en premier les salles de téléportation... Nous étions coincés comme des rats.
Un sourire de nouveau narquois monte sur mes lèvres tandis que je retiens une grimace amère.
-Et maintenant que tu nous tiens tous les deux à ta merci petite soeur ? Que vas-tu faire ?
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Intemporel T3 & 4
Science FictionIntemporel Tome 2 : La mort du Roi Gabriel et Azylis sont maintenant mariés et vivent dans l'époque de cette dernière. Pourtant, lorsque le prince découvre que leur fille a les cheveux bleus, la panique le saisit. Azylis ne comprend pas jusqu'au mo...