Je contemple Sarah pendant quelques minutes. L'idée de parler de ma famille me remue étrangement. Autour de nous dans la pièce règne toujours un étonnant silence. Tout le monde a la main sur son arme et surveille du coin de l'œil les points-clefs. Comme les autres, je reste tendu. Mais je n'ai pas envie d'attendre à rien faire et discuter avec Sarah est probablement la meilleure façon de faire passer le temps.
-J'ai quatre soeurs et deux frères. Autant dire que nous sommes une famille... Très nombreuse ! Mais aucun de nous n'est très unis... Je ne les aime pas et ils me le rendent bien. A la limite...
-A la limite ?
Je devine la surprise de Sarah de me découvrir soudain une famille nombreuse. Mais je ne me démonte pas.
-J'aime un peu l'une de mes soeur. Elle a deux ans de moins que moi et tout le monde l'appelle Lizzie. Elle te ressemble un peu d'ailleurs... C'est une vraie sauvageonne !
-Merci pour le compliment !
-Ne fait pas semblant d'être vexée, je te connais.
Elle esquisse un sourire tandis que mes doigts se crispent sur la crosse de mon arme et que je jette un nouveau coup d'œil nerveux à la salle de téléportation que je dois surveiller. Sans regarder Sarah, je reprends la parole d'une voix basse.
-A toi maintenant.
-Mais tu connais toute ma pitoyable existence ! L'histoire de mon père éleveur de panthères, sa maladie à cause de moi...
-Non, tu ne m'as jamais raconté tout ce que tu avais fait à partir du moment où tu étais partie de chez toi.
Je lui jette un léger coup d'œil amusé avant de me reconcentrer sur l'objectif à surveiller. Elle esquisse une moue gênée avant de me répondre.
-Eh bien, tu sais déjà que je vivais de la mendicité et du vol...
Un sourire me monte aux lèvres.
-Et je n'ai aucun mal à l'imaginer.
Elle fait une grimace avant de dire :
-Fais attention, c'est de nouveau à mon tour de faire des questions après !
Puis elle redevient sérieuse et recommence à parler d'une voix neutre.
-Eh bien, je vivais avec une bande "d'amis". Remarque, j'ai quelques très bons souvenirs. Une fois, nous avons cambriolés une bijouterie... Ça ne s'est pas super bien finis et deux d'entre nous ont été emmenés au commissariat. Nous avons réussis à les libérer en chemin... On était fou de joie et je m'en rappelle encore !
Elle fait une légère pause et le sourire épanoui sur ses joues se transforme en une grimace malicieuse.
-A moi de nouveau ! Tu as dit que tu ne t'entendais pas avec tes frères et sœurs, sauf avec Lizzie. Mais tu ne m'as rien dis d'autre de ton enfance.
Je ne réponds pas tout de suite, cherchant ce que je pourrais bien lui dire puis les mots se bousculent tous seuls dans ma bouche.
-Mon père est un ingénieur aero-spatial. Autant dire qu'il voulait que nous suivions tous ses traces... Or, dans la famille, personne n'a fait ça. J'ai une sœur qui est devenue historienne, comme ma mère, mais sinon nous avons tous été plus ou moins en opposition avec nos parents. Quand nous étions enfants, je ne crois pas me souvenirs d'une seule fois où ils aient vraiment été là pour nous... Alors nous ne les aimons pas vraiment.
Sarah esquisse un léger sourire.
-Si un jour tu passes devant un juge, répète ton histoire, on prendra peut être en compte le fait que tu as eu une enfance malheureuse...
En tant normal, je me mettrai en colère. Mais sa réplique ne fait que m'arracher un nouveau sourire.
-Je ne pense pas que c'est été à ce point-là. Enfin bon, je ne m'entendais pas avec mes frères et sœur mais inexplicablement, nous adorions tous Lizzie... Quand elle n'était pas pénible ! Je me souviens d'un de ses anniversaire ou nous nous étions tous mis d'accord pour la première et dernière fois... Sans rien dire aux parents, nous nous étions tous cotisé et nous lui avons offert un petit dragon... Tu aurais vu sa figure quand elle a découvert notre cadeau !
Sans en avoir conscience, je me suis laissé emporté par mon récit et Sarah esquisse un énième petit sourire avant de répondre.
-Il suffit de regarder ta tête quand tu en parles comme en ce moment pour deviner qu'elle a dû être folle de joie... Et tes parents, comment ils ont réagis face à cet encombrant cadeau ?
-Plutôt bien. Enfin, après que ma mère nous ai à tous passé un sacré savon...!
Je souris à cette évocation avant de froncer brusquement les sourcils et de reprendre mon arme bien en main. Dans la salle, tous nos hommes sont maintenant sur le qui-vive. Le bruit des balles vient de recommencer...
Pendant quelques mortelles secondes, je pense que c'est la fin. Que nous ne pourrons pas nous en sortir. Et puis, à peu près en même temps que tout le monde, je réalise que la fusillade a lieu plusieurs étages en dessous de nous. Le bruit nous parvient lointain, étouffé. Gabriel... Il a tenu parole, il est venu ! Il n'y a pas d'autres explications.
J'échange un coup d'œil avec Sarah et demande d'une voix forte qui résonne dans la salle :
-Qu'est ce qu'on fait maintenant ? On se contente d'attendre ?
L'idée me répugne malgré moi. Avant, cela ne m'aurait absolument rien fait de laisser d'autres se faire trouer la peau pour moi. Maintenant, je ne peux m'empêcher d'imaginer le regard d'Azylis posé sur moi. Et ce qu'elle dirait. A mon grand soulagement, Sarah semble pour une fois sur la même longueur d'onde que moi.
-Il faut qu'on essaie de les rejoindre et qu'on descende les étages... Sinon nous allons finir massacrés car nous formons un barrage entre les troupes au dessus de nous et les autres.
Je comprends très bien l'argument et même si je ne peux m'empêcher de penser que bloquer des troupes pourrait être une bonne idée, je ne suis pas suffisamment motivé pour risquer ma vie. Il y a tout de même une limite et le sacrifice volontaire n'en fait pas partie.
Je me lève et fais signe aux hommes répartis dans la salle.
-On va essayer de redescendre, faites passer le mot !
Je tente de paraître assuré mais je suis loin de l'être. La garde noire ne se laissera pas facilement avoir... Ça risque de tourner au carnage. Finalement, je mourrai peut être d'un "sacrifice volontaire"...
Soupir. Et les générations futures ne retiendront même pas mon nom.
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Intemporel T3 & 4
Science FictionIntemporel Tome 2 : La mort du Roi Gabriel et Azylis sont maintenant mariés et vivent dans l'époque de cette dernière. Pourtant, lorsque le prince découvre que leur fille a les cheveux bleus, la panique le saisit. Azylis ne comprend pas jusqu'au mo...