Edilyn (Chapitre 47)

494 97 36
                                    

-Désormais, Eric, tu assisteras à toutes mes réunions. Et je veux que tu apprennent tout ce que tes professeurs t'enseigneront, compris ?

-Oui, Edy, mais je fais déjà tout ça tu sais... Qu'est ce que tu comptes faire pour l'hôpital ?

Je lève les yeux vers le jeune homme qui m'observe pensivement, assis sur la chaise face à la table. Il lève ses yeux sombres vers moi et me dévisage attentivement.

-Lâcher quelques bombes. En quelques minutes, il n'en restera plus rien...

-Mais Ayva n'est pas d'accord.

-Elle considère que nos hommes ne nous suivraient plus.

Eric jette un coup d'œil aux divers plans qu'il étudie depuis déjà plus d'une heure avant de relever la tête vers moi.

-Je suis d'accord avec elle. Si tu gagnais en prenant l'hôpital d'assaut, tu ferais d'une pierre deux coups... Et tu serais certaine de vaincre les rebelles... Tous les rebelles...

Je lui jette un coup d'œil avant de demander d'une voix amusée.

-Tu me propose ça parce que tu trouves que c'est une bonne tactique ou parce que tu espère faire ainsi moins de morts ?

Un sourire lui aussi amusé monte aux lèvres de mon protégé.

-Les deux. Tu sais bien que je n'aime pas les bombes. Je déteste l'idée qu'en quelques minutes on pourrait rayer des cartes un bon quart de la planète.

-Mmm... Oui mais c'est souvent utile.

Je m'arrête de parler pour réfléchir quelques minutes. Je n'apprécie pas non plus les bombes mais pas pour les mêmes raisons qu'Eric.

Je ne souhaite étrangement pas voir mourir Gabriel dans un bombardement. Je trouve ça trop commun pour un prince, trop... Normal. A moins que ce ne soit pour une autre raison que je n'ose pas m'avouer ? A moins que je ne répugne malgré moi à tuer Gabriel comme je l'ai fais de mes parents ?

Je réponds pourtant d'une voix calme à Eric.

-Je savais que tu me dirai cela. J'ai donné l'ordre à Ayva de constituer un groupe d'attaque et l'hôpital sera assiégé dès demain à l'aube.

Eric esquisse un sourire indéfinissable avant de me répondre puis de se replonger dans l'étude de ses plans.

-Merci de tenir compte de mon avis.

Je m'apprête à reprendre la parole lorsque l'on toque fermement à ma porte.

-Entrez !...

Chris pénètre aussitôt dans la pièce et prend la parole deux minutes après s'être incliné devant moi.

-Majesté, les délégations étrangères viennent d'arriver pour les JO. Et l'on m'a chargé de vous rappeler que la cérémonie d'ouverture avait lieu après demain.

-Fais-les attendre dans le grand hall et dis-leur que j'arrive tout de suite...

Chris acquiesce et je remarque une fois de plus son maintien trop rigide par rapport à d'habitude et ses yeux froids lorsqu'ils les posent sur Eric. Mais il se contente de sortir de la pièce sans un mot. Je me tourne vers Eric avec un léger sourire.

-Appelle mes femmes de chambres s'il te plaît.

-D'accord, et je vais te laisser, je te rejoindrai là-bas.

J'acquiesce, la tête légèrement ailleurs.

Je me dirige vers ma chambre et m'installe face à la grande glace murale. Quelques minutes plus tard, trois jeunes femmes s'affairent autour de moi rapidement tandis que je me laisse faire, me contentant de préciser mes goûts de temps en temps face à leurs différentes suggestions.

Dix minutes plus tard, je suis parfaitement prête et mes femmes de chambre me laissent seule dans la pièce.

Je jette un coup d'œil à la glace et admire quelques secondes ma robe améthyste et mes cheveux tressés avant de brusquement tourner la tête vers la fenêtre de la pièce.

J'ai cru entendre un bruit étrange... Je sens une étrange appréhension m'envahir et pose les doigts de ma main gauche d'un geste mécanique sur le serpent doré qui me sert le bras droit.

Pourquoi cette appréhension ? Je me dirige vers la porte de ma chambre, l'ouvre rapidement et m'apprête à rejoindre le salon lorsque deux choses se passent simultanément.

J'entends un gigantesque bruit se répercuter dans chacun de mes membres, comme une violente explosion, et je me sens projetée en avant.

Lorsque je heurte violemment le sol, j'ai juste le temps de penser que je suis sans défense, à la merci du premier venu, avant de m'évanouir.

***

J'ouvre lentement les yeux et regarde le plafond. C'est celui légèrement décoré de moulures blanches de mon salon. J'ai l'impression de lentement renaître à la vie. Depuis combien de temps suis-je allongée ici ? J'entends alors distinctement la voix inquiète de Chris.

-Le premier qui l'approche, il est mort !

Drôle de paroles pour accueillir une revenante... J'entends alors une autre voix, que j'identifie sans peine comme étant celle d'Eric.

-Je voudrai la voir. Si elle m'a choisi comme successeur, c'est quand même qu'elle me faisait confiance !

Un léger silence, que je mets à profit pour rassembler mes pensées, plane quelques secondes dans l'air puis j'entends de nouveau la voix de Chris.

-Très bien, mais que personne d'autre n'approche ! Vous avez bien compris ? Seulement le gamin !

La voix d'Eric résonne de nouveau dans la pièce et je l'imagine sans mal, fier et presque dédaigneux.

-Il y a longtemps que j'ai cessé d'être un enfant.

Je déplie lentement les doigts crispés de mes mains puis me décide à carrément tenter de me relever. J'entends quelques chuchotements autour de moi et sens une main ferme me soutenir tandis que je tente de me remettre debout. Le sol tangue sous mes pieds quelques secondes avant que je ne sente de nouveau le plancher d'une façon stable et rassurante.

Je relève alors la tête et fais le tour de la pièce du regard. Chris me soutient fermement et Eric me fixe des yeux avec intensité. Mais ils ne sont pas les seules personnes présentes dans la pièce.

Une dizaine d'hommes et de femmes, certains solidement armés me fixent d'un regard neutre. Je comprends mieux l'interdiction de Chris de m'approcher... Il me protégeait.

-Tiens tiens... Combien étiez vous à espérer qu'un autre oserait m'approcher dans mon état pour... Se débarrasser définitivement de moi ?

Mes yeux lancent un bref éclair tandis que je me dégage fermement de la poigne rassurante de mon garde du corps. Le regard de Chris a perdu sa dureté des derniers jours et je peux même y lire une inquiétude sincère qu'il tente désespérément de cacher sans y parvenir.

Dans le petits groupe rassemblé dans mon salon, personne ne parle. Mais la porte de mon appartement s'est ouverte et deux gardes, voyant sans doute que je suis bien vivante, attendent mes ordres.

-Tuez les tous.

Certaines femmes me lancent un regard suppliant, et d'autres me menacent. Un homme brandit le poing dans ma direction mais ils sont rapidement évacués par une garde nombreuse venue en renfort. Eric me lance un regard plein de tristesse.

La pièce est maintenant vide a l'exception de Chris et d'Eric. Je demande d'une voix blanche :

-Qu'est ce que c'était ?

Eric me répond d'une voix qui cache mal sa frayeur.

-Un attentat, majesté.

Intemporel T3 & 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant