Azylis (Chapitre 75)

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Attendre toute la journée se révèle très difficile. Si Dynamite et Maly essaient de me distraire, je ne parviens tout de même pas à oublier qu'Eric a promis de tenter de me faire sortir ce soir...

Heureusement, l'heure approche maintenant. Les gardes viennent de nous apporter notre dîner et j'ai terminé de manger, n'ayant vraiment pas d'appétit.

Après un temps qui me semble être une véritable éternité, la trappe centrale coulisse dans le silence tendu de notre cellule. Eric apparaît et se hisse à l'intérieur avant de tout de suite venir vers moi.

Soulagée, je me lève d'un bond et lui serre les mains.

-Oh, Eric ! Tu es là... La journée a été épouvantable... Comment comptes tu me faire sortir ?

Il paraît crispé lui aussi et me tend un pistolet d'un blanc brillant avec inquiétude. Je le prends et l'attache rapidement à la ceinture en évitant de me poser des questions.

-J'ai convaincu les gardes... Et achetés les autres. Mais j'ai un pressentiment Azylis, ça ne va pas marcher, j'en suis sûr et...

Je me baisse légèrement pour avoir mon visage au niveau du sien et esquisse un fin sourire.

-Bien sûr que si ça va marcher... Vos prisons sont des vraies passoires...

-Mais pas celle-ci ! J'ai peur...

Je recule légèrement et m'adosse au mur avant de demander tranquillement :

-Tu veux tout abandonner ?

-Non. Sinon je ne serais pas venu. J'essaie juste de retrouver un peu de courage...

Je jette un coup d'œil à la trappe toujours ouverte avant de me tourner vers mon dragon.

-Au revoir Dyna... À très bientôt !

-Bon courage et à très vite !

Je me tourne ensuite vers Maly mais avant que j'ai pu dire quoi que ce soit elle fonce vers moi et je la prend dans mes bras.

-Ça va marcher...

Elle éclate d'un joli rire.

-Bien sûr. Qui en doute ?

Je ne peux m'empêcher de rire moi aussi.

-Personne en effet...

Mais Eric s'est rapproché de la trappe et me fait signe de le rejoindre. Après un dernier coup d'œil à mes deux compagnons que j'abandonne, je me décide à le suivre.

Eric descend rapidement et je remarque une courte échelle aux barreaux d'acier. Je le suis rapidement et la trappe coulisse au-dessus de moi, me séparant définitivement de mon robot et de mon dragon.

La pièce où j'atterris est minuscule et ne semble faite que comme un sas. Je me dépêche de suivre Eric qui courre déjà dans un des couloirs. Je ne croise effectivement de gardes nulle part, et j'en suis impressionnée. Eric semble plus talentueux que je ne le croyais possible.

Les couloirs semblent être un véritable labyrinthe et Eric courre trop vite, changeant régulièrement de direction. Je tente de l'appeler :

-Eric ! Ralentis si tu veux que j'arrive à te suivre !...

Je m'arrête deux couloirs plus loin, à bout de souffle et dans un embranchement. Eric ne paraît nulle part.

Les lampes qui éclairent le couloir clignotent alors et je relève des yeux horrifiés vers le plafond qui se lézarde lentement.

Bon sang, mais qu'est ce qui se passe encore ici ? N'essayant plus d'être discrète, je hurle aussi loin que je peux et m'engouffre dans un couloir au hasard.

-Eric ! Ou es-tu ? Eric !...

Les lampes s'éteignent alors totalement et je sens la panique m'envahir un peu plus. Qu'est ce que tout cela veut dire ?

Je sors le pistolet de ma ceinture pour me rassurer et sens alors quelque chose d'étrange contre la crosse. Un papier...

Un papier ! Fébrile, je m'en empare aussitôt et l'ouvre rapidement, tentant de déchiffrer les quelques mots écris tandis qu'il me semble que toute la tour tremble sur ses bases.

Rien à faire, il fait trop sombre dans ce couloir. Paniquée, je me remets à courir sans savoir où je vais, cherchant juste une quelconque source de lumière. Ou est Eric ? Qu'est ce qui se passe ?

J'arrive alors face à une porte et la pousse sans réfléchir. La panique m'empêche d'aligner deux pensées cohérentes. Pourtant, je suis obligée de m'arrêter pour mettre de l'ordre dans ma tête lorsque je découvre la pièce. Un laboratoire de recherche on dirait... Un de mes oncles en dirigeait un petit, et je m'en rappelle bien quand il me l'a fait visiter. Et c'était tout à fait ça... En moins moderne ! Il reste les objets les plus encombrants. Mais tout ce qui pouvait être déménagé de la pièce l'a été.

On dirait que tout a été évacué... Je suis obligée de me répéter la phrase pour comprendre. Je me secoue alors mentalement et m'approche pas à pas d'une des fenêtre. Je relève d'une main légèrement tremblante l'un des stores. Un rayon de soleil éclaire alors le papier que je tiens toujours dans ma main gauche. Eric semble y avoir griffonné quelques mots à la hâte.

"Quoi qu'il arrive... Ne retourne surtout pas en arrière et descend dans la tour. Ne monte pas. E."

Qu'est ce que cela veut dire ? Qu'il était au courant de tout ceci ? Est il un traitre ou tente t-il de me sauver la vie ? Un reflet rouge étrange sur l'un des murs attire alors mon attention. Je m'avance de quelques pas vers le centre de la pièce, toujours plongée dans le noir, et me retourne vers le mur qui fait face au reflet.

Un écran de verre n'est pas éteint. Dessus, il n'y a qu'une suite de chiffre rouge qui défile lentement.

4, 3, 2, 1, 59, 58... Des secondes... Et un peu plus à gauche, des minutes. Enfin, c'est ce qui me semble logique. Mais il n'y a pas d'heure. Je regarde alors le nombre de minutes qu'il reste avant je ne sais quel événement.

15 minutes plus quelques secondes. Que veux dire le message d'Eric ? Je sursaute alors comme si une guêpe m'avait piquée et sors de la pièce en titubant, ouvrant la porte dans mon dos. Je me mets à courir dans les couloirs en hurlant :

-Dynamite ! Mahaut ! Sortez de là !...

C'est si dérisoire... Je sais bien qu'ils ne peuvent pas m'entendre. Dans mon esprit, j'ai l'impression qu'un immense compte à rebours s'est mis en place. Plus que quatorze minutes... Les couloirs se ressemblent tous dans le noir et je dois revenir sur mes pas pour retrouver mon chemin à certains endroits lorsque je me trompe d'embranchement.

Les chiffres rouges clignotent partout, sur chaque mur, et je les remarque maintenant que mon attention n'est plus focalisée sur Eric.

Je repense aux mots écrits sur la feuille que je sers dans ma main avec le pistolet.

"Quoi qu'il arrive, ne retourne surtout pas en arrière."

Pas question. Pas question que j'abandonne Mahaut et Dynamite... Si je ne meurs pas dans cette aventure, Gabriel risque de me tuer pour avoir pris de tels risques. Mais je ne peux pas les laisser prisonniers au piège comme des rats...

Car si je ne sais pas ce qui va arriver, les avertissement d'Eric et le fait que tout le monde ait évacué la tour constitue un message suffisamment clair.

Nous sommes en danger de mort. J'accélère alors et tente de courir plus vite. Mais je suis à la limite de mes forces et j'ai fais beaucoup de chemin tout à l'heure sans m'en apercevoir...

Les chiffres rouges dansent dans ma tête.

Plus que dix minutes et trente-deux secondes.

Intemporel T3 & 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant