Christian (Chapitre 74)

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Debout devant une table de bois recouverte de plans, je tente de trouver une solution au problème qui nous préoccupe. Je suis dans la salle de l'hôpital aux murs couverts par les écrans, seul avec Acalin, lui aussi préoccupé par les cartes que nous étudions.

-Écoute Christian... Mettons que nous devions attaquer en force... On ne va rien pouvoir faire. La seule solution serait d'abandonner ce fort et de faire de la guérilla...

Je redresse la tête et pousse un soupir de frustration. Je dévisage les traits d'Acalin. Même s'il n'est qu'entre la trentaine et la quarantaine, son visage paraît vieilli de nombreuses années. Il ne rajeunit que quand il cherche des solutions ou prépare des opérations de guerre.

-Je crois que tu as raison. Nous devrions nous centrer sur la capitale et diviser nos forces en des dizaines de groupes de petits effectifs... Et faire du sabotage. Les tenir par la peur.

Acalin acquiesce avec une drôle de lueur au fond des yeux. Je me décide prudemment à l'interroger.

-Où est Edmée ?

Comme je l'avais deviné, je vois l'étincelle de colère grandir dans ses yeux avant qu'il ne me réponde lentement.

-Elle... Elle est partie en aéronef. Elle a été descendue. Ma fille est morte.

Il pâlit en disant cela et je sens quelque chose m'agiter au fond de moi. Mais je n'ai pas finis mes questions. Cachant du mieux que je peux mon antipathie proche de la haine, je demande calmement :

-C'est elle qui était chargée de cacher la fille de Gabriel ?

Acalin sursaute et me jette un regard noir.

-Tu sais ça toi maintenant...

Je reste stoïque, parfaitement imperturbable, et insiste légèrement :

-Elle est morte aussi ? Je veux dire, l'enfant ?

Acalin me lance un drôle de regard, comme s'il était conscient de mon dilemme intérieur pour ne pas détester cette petite fille qui n'a rien demandé. Mais c'est justement ça le problème... Elle est l'enfant d'Azylis et de ce fichu Gabriel...

-Non, elle est en vie...

Je ne réponds rien et m'approche de la porte de la salle pour rejoindre le couloir lorsque je me retourne brusquement.

-Et ou est-elle ?

Acalin hausse les épaules avec un petit sourire.

-Laisse tomber. Il n'est pas si facile de me tirer les vers du nez.

Et il me tourne le dos, me laissant seul face à une intense frustration. Je finis par sortir de la salle, exaspéré, et claque la porte derrière moi. Je traverse les différentes places de l'hôpital où les soldats s'exercent au tir et gagne un autre bâtiment où se trouve mon appartement.

Je sais que Sarah m'y attend et qu'elle est tout sauf patiente. Je pousse la porte de chez moi et entre rapidement. Quelques secondes plus tard, je me laisse tomber dans mon canapé et dévisage Sarah, assise sur l'accoudoir d'une chaise d'un blanc impeccable.

-Tu voulais me parler ?

Elle acquiesce et je remarque alors dans sa main une longue tige en argent qu'elle porte à sa bouche avec un sourire.

-Mais enfin, qu'est ce que c'est que ça ?

-Un fume-cigarette mon cher. J'ai toujours adoré ce genre d'objet.

Je hausse un sourcil en songeant que je ne suis pas non plus du genre très patient.

-Si je me souviens bien, tu ne fumais pas avant aujourd'hui.

Intemporel T3 & 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant