Azylis (Chapitre 96)

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Aevin ordonne à son dragon d'entamer une descente et je le suis d'un même mouvement. Nous arrivons devant notre quartier général et Aevin atterrit sur la plateforme d'un étage environ au milieu de la tour.

Je me contente d'ordonner à mon dragon de faire la même chose et saute à terre une fois arrivée.

-Aevin, on va les mettre ou ?

-T'inquiète ! J'ai demandé en partant à nos hommes de libérer tout un étage et de commencer à détruire les appartements pour ensuite pouvoir créer une dizaine de box pour dragons.

-Ok, on va voir ce que ça donne ?

-Oui.

Une fille et un garçon de notre âge arrivent déjà en courant pour se charger des dragons. Ils leurs passent une fine corde autour du cou pour les diriger et je regrette une fois de plus que ceux-ci ne soient pas intelligents.

J'entre par la porte de la plateforme et arrive à l'intérieur d'un véritable chantier. Exécutant l'ordre d'Aevin, des dizaines d'hommes et femmes s'agitent de partout à détruire les cloisons pour aménager de grands espaces. Je me tourne vers Aevin pour demander avec curiosité :

-Dis-moi, tu espères finir ça quand exactement ?

Il me regarde avec un petit sourire.

-Dans moins d'une semaine. Et, non, ne t'inquiète pas, je ne suis pas encore devenu fou. Les robots ne devraient pas tarder à arriver et ça ira beaucoup plus vite à partir de ce moment-là, tu verras !

-Ça ne nous fera pas repérer ?

-Non, ces robots n'ont pas de conscience et ne servent qu'à aider la population pour des choses simples. Il n'existe aucun moyen pour vérifier ce qu'il ont fait et où ils sont allés car ils captent eux-mêmes les appels.

Je lève les mains et éclate d'un rire joyeux.

-Arrête d'expliquer Aevin, tu m'embrouilles encore plus ! La seule chose que j'aimerai bien que tu fasses, maintenant, ce serait de nous trouver un déjeuner. J'ai faim !

Aevin s'empresse de reprendre son air de petit démon angélique -je sais ce sont deux termes non compatibles mais croyez-moi c'est ce qui le définit le mieux dans ces moments-là- pour répondre.

-Pas de problème ! Va t'asseoir dehors sur la plateforme, ce serra toujours plus confortable qu'ici, je reviens dans deux minutes !

Je suis certaine que si je lui demandai la Lune il serait capable de la décrocher... Je cache un sourire et retourne à l'air libre sur la plateforme devant les deux dragons. Les jeunes gens qui les ont pris en charge sont occupés à les nourrir.

Je m'approche de l'animal d'un vert émeraude et lui caresse le bout du museau. Il souffle sur ma main. La jeune fille qui s'en occupe le regarde avec un air d'admiration mal cachée. Je l'interroge :

-Tu aimes les dragons ?

-Je... Je rêverai d'en monter un. Mais... Je n'ai pas vraiment les moyens tu comprends...

Je la dévisage avec un sourire de sympathie. Elle paraît jeune mais je suis prête à parier qu'elle a au moins vingt ans. Deux grosses tresses de cheveux roux lui encadrent le visage.

-Poses ta candidatures. Nous cherchons des cavaliers -ou des cavalières- pour monter les dragons et s'en occuper.

-Oh ! Ce n'est pas le tien ?

Je secoue la tête et un vrai sourire naît sur les traits de la jeune fille.

-Alors je vais essayer ! J'espère qu'ils accepteront...

Je lui demande calmement :

-Tu t'appelles comment ?

-Eléonore.

-Pourquoi es-tu venue ici ?

Guettant sa réponse, je caresse en même temps d'un geste mécanique les écailles du dragon qui pousse de temps en temps un petit vrombissement de plaisir.

-Mes parents sont morts mystérieusement quand j'avais un peu moins de quinze ans. Ma mère s'était inscrite sur la liste de ceux qui voulaient se présenter pour devenir président de la nouvelle république... Ils sont tous morts de façon étrange. Et, en grandissant, j'ai compris que c'était la faute d'Edilyn.

Elle désigne le jeune homme qui s'occupe de l'autre dragon.

-Alors avec mon frère on a décidé de se battre dès qu'on le pourrait. Et nous voilà.

Je hoche la tête, plus touchée que je voudrais bien l'admettre. Un cri m'appelle derrière moi et je me retourne. Aevin est de retour, triomphant, avec deux gros sandwichs à la main.

J'éclate d'un rire joyeux et prends précipitamment la nourriture qu'il me tend avant de mordre avidement dans le sandwich.

-J'avais vraiment faim !...

Aevin rit lui aussi et nous nous écartons des dragons sous le regard d'Eléonore. Mais elle détourne rapidement la tête pour s'occuper de nouveau de l'animal.

Cinq minutes plus tard, nos sandwichs sont avalés et mon estomac bien rempli. Aevin se tourne vers moi et demande gravement :

-Bon, on y retourne ? Je te préviens, l'élevage où je vais aller maintenant est vraiment très très différent. Je ne suis pas certain que l'on trouve ce qu'on cherche.

-Tu m'intrigues... Je suis partante.

Aevin esquisse un fin sourire.

-J'étais pratiquement sûr que tu dirais ça et j'ai déjà commandé un aéronef.

En effet, un appareil à deux places atterrit devant nous quelques minutes plus tard. Je grimpe rapidement à la place passager, à droite, tandis qu'Aevin prend les commandes. Nous décollons un instant plus tard et une fois que nous zigzaguons entre les tours et les arbres en suivant les routes, la routine habituelle, je me tourne vers Aevin pour l'interroger.

-En quoi est-ce-que cet élevage de dragons est différent de celui que je connais ?

-Tu as déjà entendu parler de combats de dragons ?

Je réfléchis quelques minutes avant de dire :

-Non. Enfin, sauf si tu parles de ces combats ou le but est de faire tomber le cavalier adverse à l'aide d'une pique et...

Aevin secoue la tête en signe de dénégation avant de reprendre la parole.

-Oh non ce n'est pas ça... C'est beaucoup plus simple. Il existe deux sortes de disciplines de combats de dragons. Une ou on se contente de lâcher deux animaux dans une arène et où le gagnant est celui qui tue l'autre, ces dragons là n'ont généralement pas d'intelligence de style humaine, ou un spectacle beaucoup plus courant, un homme affrontant un dragon... Ceux-là sont parfois remarquablement intelligent et dans ces duels, il est interdit de tuer. L'homme ne cherche qu'à blesser le dragon et vice versa.

Voyant que je ne réagis pas, à vrai dire trop choquée par ce que je viens d'entendre, il tente de m'expliquer un peu plus clairement.

-Ce serait un peu comme une corrida de chez vous en fait...

Un peu oui... Sauf que le taureau que l'homme affronte ne doit pas faire plus de deux mètres alors que ces dragons... Je réalise alors ce qu'Aevin veut de dire.

-L'élevage que tu m'emmènes visiter... Ce sont des dragons de combat ?

Il hoche la tête avant de répondre.

-Mais ils ne sont pas tous entraînés comme ça. Nous, ce qui nous intéresse, ce sont les normaux. Ils risquent d'avoir un gabarit impressionnant mais ne sont pas méchants.

J'acquiesce, tout en me demandant une fois de plus pourquoi je n'ai pas choisis la voix de la facilité. Les dragons qu'on a vu ce matin, ils étaient très mignons...

Intemporel T3 & 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant