- Je vais bientôt déménager, annonce Dilara dans un demi-murmure, pendant le repas.
Je ne la regarde pas, mais je sens sa présence derrière moi. Elle est la dernière arrivée à notre table, et la seule place libre est à côté de moi.
- Quoi ?! S'exclame Just. Quand ça ?
- La semaine prochaine, répond-elle toujours aussi doucement.
- Et tu ne nous préviens que maintenant ? S'insurge Lana.
Elle a l'air plutôt mécontente, et je pense qu'elle est en colère contre Dilara après ce que je lui ai raconté. Celle-ci évite son regard, et explique :
- Je voulais vous le dire plus tôt, mais je m'entendais si bien avec vous, et j'avais peur de devoir vous dire au revoir.
- Et donc, tu ne t'assois pas ? Demande Artie d'un ton étrangement doux.
- Heu... Max, est-ce qu'on peut se parler une minute ?
Je finis par tourner les yeux vers elle, alors qu'elle pose son plateau sur la table. Elle a beaucoup de cernes, les yeux rouges, et elle porte les mêmes vêtements qu'hier. Elle a l'air plutôt surprise en croisant mon regard.
- D'accord, je dis avec toute la froideur dont je suis capable, en me levant.
Je la suis en-dehors de la cafétéria, et nous restons devant l'entrée, où la pluie ne peut pas nous atteindre. Il pleut vraiment des cordes, et j'ai du mal à voir quoi que ce soit dehors.
- Écoute, dit Dilara, je voulais te dire...
- Que tu ne veux plus me revoir ? Je coupe en m'approchant d'elle, furieux. Que c'était une mauvaise idée de ne serait-ce que t'approcher de moi ?
Elle fait un pas en arrière, étonnée, et me fixe de ses grands yeux bleus.
- Tu comprends l'arabe ? S'étonne-t-elle presque.
Je ne réponds pas et me contente de la regarder, alors que j'ai du mal à contenir ma colère.
- Je suis vraiment désolée ! Reprend-elle alors que ses yeux se remplissent de larmes. Je ne pensais pas...
- Tu pensais chaque mot que tu as prononcé, je dis d'un ton malgré moi menaçant. Le fait est, Dilara, que ça fait un bon moment que je suis amoureux de toi, et j'avais espéré te connaître mieux. Mais, comme si ça n'était pas mon habitude, j'avais tort.
Je retourne à la cafétéria, et elle n'essaie pas de me retenir. Deux sensations se font la guerre en moi : d'un côté, j'ai les joues brûlantes et le cœur battant à toute vitesse à l'idée de lui avoir déclaré mes sentiments. Mais de l'autre, j'ai l'impression qu'on m'a arraché le cœur en petits morceaux. Est-ce que je vais lui reparler un jour ?
On m'assaille de questions quand je viens me rasseoir.
- Je lui ai dit que je l'aimais, je finis par dire, coupant toutes les questions.
- Et comment elle a réagi ? Demande Just, qui a l'air un peu rassurée.
- Je ne sais pas, je réponds d'un ton lugubre. Je ne saurai peut-être jamais.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
Je pousse un long soupir, et leur explique la situation. Quand j'ai fini, Lana vient me prendre dans ses bras.
- C'est vraiment pas juste, dit-elle en me caressant le dos.
Je me laisse faire, alors que je me sens lourd comme du plomb. En fait, c'est une certaine justice, après tous les cœurs que j'ai brisés dans ma vie. D'autant plus que la personne que j'étais alors n'aurait jamais remarqué Dilara.
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- Je t'avais prévenu, me dit la voix de Stephy d'un ton trop sérieux dans mon dos.
Je suis occupé à fouiller dans mon casier, et je dois reconnaître que je m'attendais à son arrivée. Son casier est tout près du mien, en fait.
- Tu m'avais prévenu de quoi, au juste ? Je réponds, dans le vague espoir qu'elle ne parle pas de Dilara.
- Dilara. C'était marqué sur son front qu'elle allait te faire un truc pareil.
- Je ne comprends pas ce que tu as contre elle, je dis, trop calmement, en me retournant vers elle.
- Elle est ce genre de gens, dit-elle d'un ton que je qualifierais de dégoûté. Le genre qui sont faits pour souffrir, et tout faire souffrir autour d'eux !
Je ne l'ai jamais vue dans cet état. Son ton monte à chaque mot, et ses poings sont serrés. Elle tremble de toutes ses forces, et son visage est déformé par la colère.
- Je les déteste ! Hurle-t-elle avant de fondre en larmes dans le couloir vide. Je les hais, tous autant qu'ils sont !
- Stephy, je dis, surpris.
Je la regarde droit dans les yeux et la fais s'asseoir à côté de moi sur le carrelage froid. Elle entoure ses genoux de ses bras, toujours en pleurant. J'ai du mal à comprendre ce qu'il se passe, elle qui est toujours si forte et froide, elle se retrouve soudainement si vulnérable.
Toujours aussi surpris, je me mets à lui caresser les cheveux. Ils sont doux, et ils lui vont mieux une fois bouclés comme maintenant.
- Tu devrais me laisser, dit-elle d'une voix tremblante, hachée de sanglots.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Je lui demande, alors que ses boucles coulent une fois de plus entre mes doigts.
- C'est... tu ne pourrais pas comprendre.
- Tu as essayé de me faire comprendre, peut-être ? Je lui demande en réponse.
- Oui. Tellement de fois.
Elle arrête de pleurer, et essuie ses larmes. Elle me regarde d'un air triste et sérieux, et se lève sans un mot.
- Tu sais quoi ? Finit-elle par dire en s'éloignant. Le pire, c'est que je commençais à avoir pitié de cette pauvre conne.
Je me contente de la regarder partir, sans rien comprendre. Qui est-elle et qu'a-t-elle fait de la véritable Stephy Jones ? Stephy, en train de pleurer ! Si je n'étais pas, genre, moi-même, j'aurais bien voulu payer pour voir ça !
Le véritable avantage, à voir Stephy pleurer, c'est que j'ai autre chose que ma propre souffrance à surveiller. Ce qui est maintenant important, c'est de comprendre ce qui arrive à mon ancienne amie aux cheveux caramel.
Et c'est, je pense, très important.
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Un chapitre plutôt court et incroyablement triste, qui est probablement la dernière apparition de Dilara. "Ooooooooh", soupire tristement une part de moi, alors que l'autre se frotte joyeusement les mains en déclarant "bon débarras !". J'aurais voulu garder ma Di-di plus longtemps dans l'histoire, mais elle ne me sert plus à rien, comme Max est très doué pour souffrir tout seul de son absence. De plus, elle ne ferait que nous pleurer dessus, et je ne veux pas transformer mon histoire en océan.
Pour ce qui est de Stephy, il n'y a pas grand-chose que j'ai décidé sur elle. C'est quoi son problème ? Comment est-ce qu'elle est toujours au courant de ce qui arrive à Max ? Pourquoi est-ce qu'elle s'obstine à rester en sa proximité ?Au revoir ! 😙
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Max et Lana
Novela JuvenilLana, seize ans, est une adolescente ordinaire. Elle est joyeuse, optimiste et souriante. Mais... et si c'était la source même de cette joie qui la lui retirait ? Max, quant à lui, a dix-sept ans. Il est tout à fait mystérieux, malgré une personnali...