51 : Max

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- Donc tu es amoureux d'elle ou pas ?

J'évite soigneusement le bleu clair des yeux de Just, qui sirote son café en me regardant. Elle m'a très gentiment ordo -je veux dire, proposé de la rejoindre à un Starbucks cet après-midi, ce que j'ai fait en me demandant pourquoi.

- Je ne te répondrai pas, et tu le sais, je lui fis d'un ton ferme. Et il y a Stephy, de toute façon.

Elle roule des yeux.

- Comme si tu t'intéressais à autre chose qu'à son corps.

- Je ne m'intéresse pas seulement à ça. Bon, seulement à soixante-dix pourcents, j'ajoute sous son regard sceptique.

- Alors que Lana...

- Je n'ai jamais dit que Lana m'intéressait, je l'interromps en enlevant les miettes de cookie qui me sont tombées sur les genoux. Et je ne pense pas que je le dirai un jour.

- Tu sais, tu peux tout me dire, elle dit plus doucement en posant une main sur mon épaule. Je sais tenir un secret.

- Eh bien je te dis tout. Pourquoi tu ne veux pas juste laisser tomber ?

- J'ai un tout petit peu de mal à te croire. Tu crois que j'ai oublié ce que t'as dit, il y a deux semaines ?

- Just, je soupire d'un ton péremptoire en éloignant sa main de mon épaule, je ne suis pas amoureux de Lana. Point barre.

- Mouais.

- Tu veux bien parler d'autre chose ? Je demande en contenant mon exaspération.

Elle hausse les épaules.

- Tu crois que c'est mal de sortir avec un type de cinq ans de plus que moi ? Elle demande ensuite, le regard inquiet.

- Je ne pense pas. Ca ne sera plus une grande différence, quand tu auras vingt-cinq ans et lui trente.

- D'ici là, je ne serai plus avec lui, c'est sûr, elle dit d'un ton triste.

- Pourquoi pas ?

- Le jour où mes parents s'en rendront compte, ils vont soit me tuer soit s'arranger pour que je ne le revoie plus jamais.

- Et c'est ça qui va t'arrêter ? Je m'étonne en haussant un sourcil sceptique.

- Tu ne connais pas mes parents.

- Non, mais je te connais, et ce n'est pas ton genre. Tu es, disons, têtue. Genre, le niveau "âne".

- Merci, fait-elle d'un ton vexé.

- C'était un compliment ? Je suppose, en essayant de ne pas trop faire sentir l'interrogation dans ma voix.

- Mouais. Tu vas devoir apprendre à faire des compliments, alors, parce que Lana en est carrément fan.

- Just, je la préviens en la regardant d'un air menaçant.

- Ben quoi ? Bon, on y va si t'as fini.

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J'appuie sur la sonnette, mon cœur battant vivement dans ma poitrine. Trois jours se sont écoulés depuis que je suis allé avec Just chez Starbucks, et j'ai cherché avec l'aide de Lana l'adresse de leur professeur d'anglais. Je n'ai pas prévenu Just avant de venir, en me disant que ça jouerait en ma faveur.

Il se trouve que quand nous sommes sortis de Starbucks, Just a trouvé drôle de m'embrasser à pleine bouche, juste pour voir à quel point j'allais avoir l'air dégoûté. Elle a bien ri, du moins jusqu'à ce qu'elle remarque le regard furieux de son professeur d'anglais qui était assis à la terrasse d'un bar en face. Celui-ci nous a rejoints et s'est mis à crier sur Just. Il l'a même insultée en arabe. Il ne lui a pas laissé le temps d'en placé une, et elle était en larmes quand il est reparti.

J'ai donc essayé de la réconforter, sans succès puisque c'est "sa faute", et voyant que rien ne changeait, j'ai décidé de venir moi-même régler le problème.

Quelques secondes s'écoulent avant que la porte ne s'ouvre, laissant la place au professeur, qui a l'air bel et bien en début de week-end, avec sa barbe de trois jours, ses cernes rouges, et le jogging noir qu'il porte avec un débardeur blanc.

- C'est pour quoi ? Demande-t-il d'une voix rauque, ne semblant pas me reconnaître.

- Euh, bonjour, je suis un élève du lycée, je réponds. Je voulais vous parler de quelque chose.

Il pousse un profond soupir.

- D'accord, entre.

Je le suis lorsqu'il retourne à l'intérieur. L'appartement est plutôt bien rangé, même s'il est petit, mais un tas de copies est posé sur la table du salon, placé aléatoirement. Le professeur me fait signe de m'asseoir sur le canapé brun, et s'assoit sur une chaise en face.

- Max, finit-il par dire après un silence nerveux que j'ai passé à remettre frénétiquement mes lunettes en place, au point de coller les verres à mes paupières. Je ne pensais pas que tu aurais le cran de venir ici.

- Vous... vous connaissez mon nom ? Je m'étonne.

- Just est très bavarde. J'en sais beaucoup sur toi, avec ce qu'elle a dit. Je suppose que tu es venu me dire que je devrais laisser Just tranquille, que si je continue je vais lui voler sa vie ou une idiotie du style ?

- Non, je fais avec surprise. Just est une grande fille, elle prend les décisions qu'elle veut. Elle est plus vieille que moi, de toute façon. Mais j'aime bien quand mes amis sont heureux, et je pense que c'est avec vous qu'elle l'est. Je comprends que vous lui en vouliez, après ce qu'il s'est passé, mais je pense que vous devriez écouter sa version des faits.

- Qu'est-ce qu'elle a dit, pour te convaincre de dire ça ? Demande-t-il d'un ton abrupt, en me coupant presque la parole.

- Euh, rien, monsieur, je dis en remettant une fois de plus mes lunettes en place. Elle ne sait pas que je suis ici, en fait, et elle... j'ai vu à quel point elle vous aime. Si quelqu'un m'aimait comme ça, je ne le laisserais pas passer.

- Qu'est-ce que tu gagnes à être ici, alors ?

- Une opportunité de réunir un couple qui, euh, mérite d'être ensemble ? Je suggère. La joie d'avoir aidé mon amie ?

- Tu vois vraiment Just comme une amie, observe-t-il, et j'ai soudain l'impression d'être interviewé.

- C'est ce que j'aime bien avec elle, je réponds. Comme on est tous les deux romantiquement intéressés par d'autres personnes, on ne s'est jamais réellement intéressés l'un à l'autre. Du coup, on peut dépasser de nombreuses limites sans se poser de problèmes. La plupart du temps, en tout cas.

Je frotte mes lèvres avec mes doigts en prononçant ces derniers mots, comme si je pouvais les laver, et il fronce les sourcils en le remarquant.

- Tu veux que j'écoute Just ? Demande-t-il en se levant brusquement, le visage déformé par la haine. Je l'écouterai, à supposer qu'elle ose me parler. Tu peux partir, maintenant. Elle sera très contente de voir que tu as fait ce que tu lui as demandé.

J'essaie d'objecter, mais il me saisit par le bras et je finis dehors avant d'avoir pu comprendre ce qu'il se passait.

Mission accomplie, je songe en m'époussetant les mains quand je quitte le bâtiment. Ils vont totalement se réconcilier.

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Max est STUPIDE. Je ne sais même pas pourquoi j'ose insulter la reine Intelligence en le considérant comme un de ses sujets. Bon, en fait il est plus naïf ici, mais j'ai soudainement eu envie d'être méchante avec celui que je préfère de tous les personnages que j'ai inventés. C'est un problème que j'ai, avec les gens : plus je les aime, plus je suis cruelle avec eux. Ça marche aussi avec ceux qui sont fictifs, vu la vie horrible que je prévois à mes prochaines histoires Wattpad.

Bref. C'était encore un chapitre dédié à Just et son prof. Je ne sais pas s'ils sont assez importants dans l'histoire pour mériter un chapitre entier, mais je les aime plutôt bien (d'où la relation tumultueuse) et je trouve leur histoire intéressante.

À bientôt ! 😙

Max et LanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant