19 : Max

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Je fais les cent pas dans ma chambre, pendant que Dilara tourne sur ma chaise de bureau. En fait, si je marche, c'est pour me rafraîchir l'esprit. Je n'arrête pas de penser à Dilara, au lieu de l'exposé, et je crois que ça m'énerve. Finalement, excédé, je passe mes mains dans mes cheveux, et repars m'asseoir à côté de Dilara.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? S'inquiète-t-elle en posant une main sur mon bras.

- Oh, c'est juste... ne t'inquiète pas, je dis avec douceur. Rien de très grave.

- Tu es sûr ? Me demande-t-elle, l'air de vraiment s'inquiéter.

- Tu ne me crois jamais, je souris.

- Mais si, je te crois. C'est juste que tu avais l'air vraiment mal, et... Enfin, laisse tomber, puisque ce n'est pas si grave.

Je souris malgré moi. Je l'aime vraiment, cette fille. Elle est tellement fascinante, et innocente, et...

- Tu sais qui était empereur avant Claudius ? Me demande-t-elle, coupant court à mes pensées.

- Heu, c'était... j'ai oublié, je reconnais, mal à l'aise, en passant une nouvelle fois la main dans mes cheveux.

- C'est pas grave, on a qu'à chercher, dit-elle gentiment en se tournant vers mon ordinateur.

Quand elle tend la main pour attraper mon Mac, son poignet effleure le mien. Son regard croise le mien, et elle sourit avec gêne. Elle fait attention à ne pas toucher mon poignet à nouveau en soulevant l'ordinateur.

- Ça va mieux, avec Stephy ? Je lui demande pendant qu'elle recherche sur Internet.

- Oh, elle m'a laissé tranquille, répond-elle. Ce n'était pas son idée, je suppose ?

- Je l'ai un peu menacée, je reconnais, mais je ne pensais pas qu'elle allait m'écouter. Je veux dire, elle adore me provoquer, et ça serait l'occasion parfaite pour le faire.

- En fait, je pense qu'elle t'aime, dit-elle calmement, avec un sourire.

- Je ne pense pas, je ris avec mépris. Autrement, ça se verrait.

- Toi, par contre, tu ne l'aimes pas, constate-t-elle. Tu ne devrais pas être si méchant, tu sais.

Ça me fait rire. Il y a quelque chose qui me fait tiquer dans sa conception de "gentil" et "méchant", et "aimer" et "pas aimer".

- Elle te lâche les baskets une paire de semaines, et tu plaides sa cause ? Je m'étonne.

- C'est vrai qu'elle est méchante, reconnaît-elle, mais elle ne mérite pas pour autant qu'on dise du mal d'elle dans son dos. Elle est le genre de gens à beaucoup souffrir, et je ne la connais pas assez pour la juger. Tu sais, elle pourrait très bien avoir passé toute son enfance à se faire battre par ses parents, ou pire.

- C'est vrai, je dis calmement. Mais tu es tout de même trop gentille. Personne ne te le reprochera si tu dis du mal d'elle. De plus, je la connais. Elle a eu une enfance tout à fait normale.

Elle ne répond pas et se contente de prendre des notes sur un site Internet qu'elle a trouvé.

Une trentaine de minutes plus tard, nous décidons de nous arrêter là, et je raccompagne Dilara jusqu'à l'entrée de la maison.

Nous restons debout, devant la porte, à se regarder sans rien dire.

- Bref, c'est là qu'on se sépare, dit-elle en commençant à s'éloigner.

- Attends, je dis d'une voix trop grave en atrappant son bras.

Je pose ma main sur son autre épaule pour la faire se retourner, et sans avoir réfléchi, sans penser aux conséquences, sans même me demander son avis, je l'embrasse.

Elle est drôlement surprise, mais elle répond à mon baiser. Je passe le bras autour de sa taille pour la rapprocher, et elle pose une main sur mon épaule.

Soudain, elle s'éloigne, vivement, et se libère de mes bras. Son expression passe de plutôt joyeuse à horrifiée.

- Max, je suis vraiment désolée ! S'exclame-t-elle en reculant encore, alors que ses yeux se remplissent de larmes. Je n'aurais jamais dû... (Elle se touche les lèvres, l'air confuse) Je suis désolée, répète-t-elle en s'éloignant.

- Dilara ! Je m'écrie en m'élançant à sa suite.

Elle se met à courir, mais je réussis à la rattraper. Cela dit, ce n'est pas si difficile.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Je lui demande en pressant sa main dans la mienne.

- Je... (Elle fond en larmes.) Est-ce que tu peux me raccompagner, s'il te plaît ?

Je hoche la tête, et me dirige vers le garage, en lui faisant signe de me suivre. Elle me suit, toujours en pleurs, et je comprends de moins en moins ce qu'il se passe.

Dans la voiture, une Dilara en larmes parle à ce qui doit être ses parents, dans un arabe que je comprends pour l'avoir appris il y a des années. Elle leur explique qu'elle va rentrer, et je n'entends pas la réponse.

Lorsqu'on arrive à la maison de Dilara, celle-ci se dépêche de sortir et se jette dans les bras d'une femme qui attendait là, sûrement sa mère. Elle sanglote de toutes ses forces, et lui explique la situation. Elle lui dit qu'elle n'aurait jamais dû s'approcher autant d'un garçon, et qu'elle ne le fera plus jamais. Quand elle raconte à quel point elle se sent dégoûtée d'elle-même, j'en ai assez, et je retourne dans ma voiture sans qu'aucune des deux ne me remarque.

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Une fois dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit, malheureux. Si j'ai bien compris, Dilara est musulmane, et sa religion lui interdit formellement le moindre contact physique avec tour homme qui ne soit pas de sa famille. Aussi, elle a expliqué à sa mère qu'elle s'arrangerait pour ne plus me revoir, ce qui lui sera facilité par son prochain déménagement.

Je n'arrive pas à croire qu'elle m'ait caché ça. Je pensais connaître très bien Dilara, mais j'ai faux, de toute évidence. Le pire, c'est que si elle m'avait calmement expliqué, j'aurais tout à fait compris, et l'aurais laissé tranquille. J'ai passé beaucoup de temps avec des musulmans, et ce sont des gens très paisibles. Même leur "bonjour" veut dire "que la paix soit sur vous". Le mot "islam" lui-même est dérivé du mot qui veut dire "paix".

Et maintenant, je suis tout sauf en paix. Je suis en colère.

Et vous savez à quoi peut servir la colère ?

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je suis dans la salle de sport, regardant mon punching-ball comme si c'était sa faute. Plus rien n'existe, si ce n'est le rouge vif de mes gants de boxe, le punching-ball, et toute ma colère. Mes coups sont précis, violents, et c'est presque dommage qu'il n'y ait pas de visage devant moi à amocher.

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NOOOOOOOOOON ! DI-DIIIII ! Pourquoi tu nous fais ça ? 😭😭😭😭😭

(Heuu, parce que je voulais ?)

Je ne sais pas si c'était vraiment visible, (parce que ça aurait dû) mais Dilara était tout sauf un choix pour Max. Elle est bien trop faible, aussi physiquement que moralement, et n'aurait jamais pu supporter la forte personnalité de Max. (ah bon, il a une forte personnalité ? Il était pas sensé me ressembler ?) Une fois le #TeamMilara mort, le choses sérieuses peuvent commencer. De plus, Dilara représente un aspect de la personnalité qui n'aurait rien pu faire d'autre que souffrir dans cette histoire. Et elle souffre, chers lecteurs, elle souffre tellement.

Désolée ! 😙

Max et LanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant