Max et Lana

6 : Lana

On a beau ne pas être encore en automne, il fait un froid glacial dans la salle de M. Zahiri, notre professeur d'anglais.

Alors que la moitié des élèves frissonnent dans leurs vestes légères, il nous ordonne :

- Retirez vos manteaux.

Il est jeune, pour un professeur. Il a vingt-trois ans tout au plus. Il a des cheveux bruns bouclés, les yeux tout aussi sombres, et le teint basané, et il est beaucoup trop beau pour un prof.
Alors que la plupart des élèves retirent leurs vestes avec des grondements mécontents, Just, qui est assise à ma droite, se contente de s'asseoir en croisant les bras.

- Même pas en rêve, marmone-t-elle.

Quand elle est la seule à porter sa veste, le professeur verrouille son regard froid (assorti à la pièce) sur elle.

- Y a-t-il une raison pour laquelle vous ne retirez pas votre manteau, mademoiselle... ?

- Evans, répond-elle à la question implicite. Le fait est que c'est une veste, monsieur, pas un manteau.

- Si le fait de jouer avec les mots vous amuse, peut-être qu'une heure de retenue vous le fera passer, répond-il, son ton toujours glacé.

- Qui sait ? Vous voulez essayer, pour voir ?

- Très bien. Vous viendrez dans cette salle ce soir.

Il gribouille sur un bout de papier et le pose sur la table de Just. Elle hausse un sourcil méprisant et le chiffonne pour le mettre dans la poche de sa veste.

- Et retirez-moi votre veste, ajoute le professeur.

Elle l'ignore totalement et se tourne vers moi.

- Plutôt frisquet, hein ? Demande-t-elle d'un ton dégagé.

- Un peu, ouais, je réponds en pouffant. Tu y vas quand même fort, avec ce pauvre petit prof.

- Il a plutôt intérêt à ne pas me chercher.

- Et si tu es perdue dans la forêt pendant une sortie scolaire ? Tu vas le tuer pour avoir crié "Justine ? Juuuustiiiine ?" ? Je suggère, hilare.

- Ton humour avait failli me manquer, répond Just en frappant son visage avec la paume de sa main. Sérieusement, comment tu peux vivre en faisant des blagues pareilles ?

- De la même façon que toi, tu survis en les écoutant, je ris.

- Ah, alors ça ne doit pas te réussir. Tu dois en faire des cauchemars.

- Oh, à ce point là ? Je dis avec ironie en posant une main sur mon cœur. Tu veux peut-être que j'arrête ?

- Ouais, ça serait pas mal, dit-elle en posant son coude sur sa table d'un air exaspéré. Le prof nous regarde.

- Oh, parce que t'en as quelque chose à faire ? Je lance avec optimisme en reportant mon attention sur ledit professeur.

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Je me dirige vers la cafétéria pour le deuxième jour de mon année scolaire. Alors que j'ai repéré la table où se trouve Just et le reste de la "team", je trébuche.

Je réussis miraculeusement à ne rien faire tomber de mon plateau et à ne pas tomber. Mon regard tombe sur un pied chaussé de (très jolies, ) Puma, qui se trouve appartenir à Jake. Un regard furieux plus tard, je pars m'asseoir entre Clara et Dilara.
Max arrive peu après moi.

- Hey, tout le monde, lance-t-il en s'installant.

- Re', je réponds en lui levant mon pouce.

- Je crois que tu as tapé dans l'oeil de Jake, Lana, dit-il.

- Qui cha ? Demande Just, la bouche pleine.

- Le cliché qui me sert de frère, répond-il en pointant avec le bout de son couteau le concerné. S'il était là, il se mettrait automatiquement sur la défensive en s'insurgeant "qu'est-ce qui te fait dire ça ?", ce qui voudrait dire "hé, arrête de lire dans mes pensées !"

- T'es grave comme Lana, fait-elle remarquer après avoir avalé sa bouchée. Sérieusement, ajoute-t-elle en posant les yeux sur moi.

- Pff, n'importe quoi, on a rien à voir, je dis en haussant les épaules. Qui d'autre que moi irait manger de la terre roulée dans du papier toilette ?

Just pose les yeux sur Max, avec un regard "confirme ou je te tue". Il hausse les sourcils, et répond :

- J'ai déjà mangé les deux, mais séparément. Et le papier toilette était propre. Enfin, je crois.

Just éclate de rire. C'est dégoûtant et stupide, mais ça ne semble déranger personne.

- Vous voulez pas nous éviter quelques mois et sortir directement ensemble ? Demande-t-elle, hilare. Non parce que là...

- Nan, je fais avec un sourire. Il est trop... Parfait. Je veux faire quelques vérifications avant de me décider.

- Je suis là, fait remarquer Max alors qu'un grand sourire commence à prendre forme sur son (ravissant, faut dire) visage.

- Ouais, on sait, je réponds. Va t'acheter des défauts.

- C'est pas de faute si je suis parfait, répond-il, faussement vantard, en passant la main dans ses cheveux. Enfin, j'ai presque pas fait exprès.

- T'es même pas crédible, je me moque. Tu devrais prendre des cours avec Jake.

Quand on parle du loup...

Un liquide froid coule sur ma tête. Un milk-shake ? Je me lève et me retourne pour faire face à nul autre que Jake, un sourire un en coin amusé face à ma réaction.

- Mais t'es complètement malade ! Je m'écrie, outrée.

De nombreux regards sont tournés vers nous. Il me fixe sans rien dire, et ma colère gonfle à mesure que son sourire s'élargit.

- Oh, désolé, je ne t'avais pas vu, finit-il par dire d'un le plus méprisant possible.

Je me retourne vers la table, à la recherche d'une riposte pour lui clouer le bec. Max me tend une cruche pleine d'eau, et je peux sentir à quel point elle froide quand je la prends en le remerciant du regard.

Avant qu'il ait eu le temps d'y comprendre quoi que ce soit, je vide la cruche sur Jake, le trempant jusqu'aux os et... laissant sa chemise se coller à un corps des plus appétissants. Que je m'efforce d'éviter du regard.

- Que ça te serve de leçon, je conclus avant de me rasseoir.

Je n'écoute pas ce qu'il ajoute avant de s'en aller.

- C'est clair que tu lui plais, dit Max d'un ton amusé en me tendant un pauvre mouchoir qui ne suffira jamais à essuyer tout le milk-shake. En plus, cet imbécile m'a volé une chemise. Voilà qui lui apprendra.

- Merci, je dis en prenant le mouchoir. Tu fais ce genre de crasses aux gens qui te plaisent, toi ?

- Faisais. Maintenant, je suis plus... mystérieux.

Il affiche un grand sourire qui, je crois, se veut aussi mystérieux. Raté, honnêtement.

- Heureuse que tu aies changé, alors, je me contente de dire. Et tu n'es pas mystérieux du tout. En fait, l'association entre un beau visage et un grand sourire te donne surtout l'air stupide.

- Même pas vrai, dit-il en laissant cependant tomber son sourire. Tu es juste jalouse.

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Wahou ! Quasiment deux chapitres d'un coup ! On peut dire que j'ai la pêche !