Max et Lana

44 : Lana

Marchant pieds nus sur le sol froid, je cherche la salle de musculation, où Max m'a prévenue qu'il serait. Je me rends compte que je ne vais pas souvent au premier étage, où il y a peu de chambres et plusieurs pièces plus ou moins inutiles.

En passant devant une pièce, j'entends de la musique, plus précisément du piano. Je ne peux m'empêcher de m'arrêter en reconnaissant les notes de Let her go, de Passenger, et de me figer en reconnaissant la voix de Jake, à laquelle chanter va étonnamment bien. Qui aurait cru qu'il savait jouer du piano, en plus d'être un joueur de football américain émérite ?

- 'Cause you only need the light when it's burning low
Only miss the sun when it starts to snow
Only know you love her when you let her go

Only know you've been high when you're feeling low
Only hate the road when you're missing home
Only know you love her when you let her go

Jake chante avec passion, et une indicible douleur semble transpercer chacun de ses mots. En poussant un peu la porte, je peux le voir de dos, penché sur un piano à queue.

- And you let her go, il finit en se tournant vers moi, me regardant droit dans les yeux comme s'il avait deviné ma présence depuis le début.

Troublée, je détourne le regard et m'en vais. Je finis par trouver Max, qui interrompt à peine sa série de pompes pour me faire un signe de la main.

- Quelque chose ne va pas ? Il demande lorsqu'il a fini, en se saisissant d'une serviette de bain pour essuyer sa sueur. Enfin, à part, tu sais.

- Tu savais que Jake jouait du piano ? Je demande en guise de réponse.

- Ouais, pourquoi ? Il répond en remettant ses lunettes.

- Eh bien il chantait une chanson assez particulière, il y a à peine deux minutes, et je me disais... enfin, laisse tomber. C'est débile.

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Quelques heures plus tard, isolée dans mon coin, perdue dans la lecture d'un livre, je n'accorde aucune attention au monde autour de moi, et ne me rends compte de la présence d'Ethan, assis à côté de moi, que lorsqu'il s'éclaircit la gorge.

- Quoi ? Je lui demande avec mécontentement en me tournant vers lui.

- Je peux te parler ?

Je le fusille du regard. Il a l'air penaud, inquiet, et des cernes marquent son visage.

- Oui, parce que ça te dérangeait de nous parler quand on fêtait Noël en famille, je réponds d'un ton désagréable. Oh, j'oubliais ! T'étais pas là. Tout comme t'étais pas là hier.

- Je sais, j'étais juste... enfin, bref. Tu m'as l'air plutôt triste, ces derniers temps.

- Waouh, je me demande quand tu as été assez présent pour t'en rendre compte.

- Est-ce que ça à voir avec Jake ? Il demande en me regardant droit dans les yeux, soudain sérieux.

Je détourne immédiatement le regard, refusant de répondre.

- Oui, alors. (Il a l'air peiné.) Écoute, ce SMS que Jake t'a envoyé, ce n'était pas lui. C'est moi qui l'ai forcé à le faire. Il avait une grosse dette envers moi, et je me suis dit... peut-être que je pourrais te protéger. Comme il a aussi une sœur, il pouvait parfaitement comprendre, et...

- Tu te rends compte à quel point ce que tu dis est stupide ? Je coupe, furieuse, en plaçant un bout de papier dans mon livre pour le fermer. Me protéger de quoi ? Ça ne t'est pas venu à l'esprit une seule seconde que je pouvais, je ne sais pas, avoir un avis sur la question ? Ou est-ce que je suis trop bête pour décider toute seule de ce que je fais ?