35 : Max

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C'est bientôt Noël.

Tout semble être fait pour me le rappeler, en commençant par le gigantesque sapin qu'il y a au salon jusqu'à tout Internet qui en parle, en passant par la voix agaçante de Lana qui fredonne "We wish you a merry Christmas".

Elle est assise sur mon lit, pendant que j'essaie de venir à bout de la tonne de devoirs que j'ai pour la fin des vacances. Elle joue avec une balle rebondissante, en la faisant rebondir sur le mur en face d'elle.

- ...And a happy new year ! Elle finit en arrêtant la balle en plein vol. Alors, ça va, les maths ?

- Non, je réponds.

Perdu dans les chiffres, je recompte, recalcule, revérifie, recommence, mais je ne trouve tout simplement pas mon erreur.

- Ça fait combien, trois fois six ? J'ajoute.

- J'sais pas. J'peux voir ?

Sans attendre ma réponse, elle quitte mon lit et part s'asseoir en travers de mes genoux, passant son bras autour de ma nuque pour ne pas tomber.

- Surtout, installe-toi, ne te dérange pas, j'ironise, feignant l'agacement, en tendant le bras derrière son dos pour continuer d'écrire.

- Mais c'est ce que je fais, elle répond des plus tranquillement en se penchant vers mon cahier. C'est normal que je comprenne rien à ce truc ?

- Je pourrais te répondre, je soupire, si j'y comprenais quoi que ce soit.

Elle se blottit contre moi, et je me force à ne pas réagir. C'est normal, non ? On est amis, on passe tout notre temps ensemble, donc on peut être si proches.

J'ai l'impression que mes neurones grillent un à un alors que son souffle me chatouille le cou. Impression, bien sûr, car si mes neurones devaient brûler, je ne pourrais pas penser au fait qu'ils le fassent. De plus, ça doit être difficile de brûler quelque chose d'aussi water-based qu'une cellule, sans parler de les brûler une par une, ou d'accéder à mon cerveau.

- Max ? Fait Lana, interrompant mes pensées.

- Oui ?

- La façon dont tu bouges tes yeux, on croirait que tu lis.

Les siens sont magnifiques. Je n'ai jamais fait attention, mais ils sont vraiment beaux.

- Ah bon ? Je m'étonne.

- Ouais. Mais y'a rien à lire, tu regardes le mur. À quoi tu pensais ?

J'ai envie de me lancer sur des heures de discussion à propos du fonctionnement des neurones, et l'étrange façon dont je pense quasiment en mots écrits, mais je me retiens :

- Oh, rien.

- Mais si, dis-moi ! Elle s'exclame. Je sais garder un secret, tu sais.

Je secoue la tête.

- Ça n'a rien de secret, je réponds avec sérieux. Je me demandais ce qui se passerait si on me brûlait des neurones.

- Tu serais beaucoup plus stupide, alors, elle glousse. Ce qui ne changerait pas grand-chose.

- Hé ! Je m'indigne.

- Je déconne. De nous deux, c'est toi, l'intello.

- C'est vraiment un concept débile, l'intelligence. Si on part de ce principe, tout le monde est intelligent.

- Tout le monde, vraiment ? Elle sourit, et pendant un dix-milliardième de seconde, j'ai l'impressionque mon cœur se noie quelque part.

- Ben oui, tout le monde, je reprends d'un ton calme, ne laissant rien paraître de la tempête qui se joue en moi. Par exemple, Jake. Si tu lui demandes de citer les neuf premiers éléments de la classification périodique des éléments -hydrogène, hélium, lithium, bérylium, bore, carbone, azote, oxygène, fluor, rien de plus simple-, il ne saura sûrement pas te le dire. Par contre, si tu lui demandes comment le football américain se joue, il y passera des heures. Il n'y a pas d'intelligence qui tienne.

Max et LanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant