26 : Lana

48 4 50
                                    

Je suis amoureuse de Jake.

C'est la seule explication possible, non ? Je ne peux pas arrêter de sourire quand il est là. Je suis tellement en colère quand je le vois avec Jessica. Je passe mon temps à penser à lui. Je suis incroyablement curieuse à son sujet.

Alors de deux choses l'une : soit je suis complètement folle, soit je suis amoureuse de Jake. Ce n'est pas incroyable, en fait, résultat de ce que je passe beaucoup de temps avec lui et qu'il m'attire, mais quand même.

"Mais cela pose une question très importante", je continue à l'écrit. "Pourquoi lui ? Certes, Jake n'est pas un type ordinaire. Ou alors juste un peu. Mais il n'est pas le seul garçon pas ordinaire, avec qui je passe beaucoup de temps et qui me plaît. Donc je te le demande, cher journal, pourquoi pas Max ? Ça serait, genre, le choix idéal. Pourtant, en pensant à lui, mes sentiments ne vont pas aussi loin que pour Jake. Ils vont plutôt loin, certes, mais à un niveau contrôlable, là où je ne peux lutter contre ce que je ressens pour Jake. Actuellement, je suis en paix avec les deux, (impossible de rester en colère contre les frères Mason, c'est sûrement pas de leur faute) aussi je me sens en grand danger de je-les-aime-trop-isme. Cela dit, est-ce que je peux aimer Jake plus que ça ? Peut-être pas."

Contrairement à mon habitude, je ne me sens pas mieux après avoir écrit. Comment est-ce possible ?

Alors que je quitte ma chambre, je me rends compte que la porte qui la relie à celle de Jake est grande ouverte, ce qui n'est jamais arrivé avant. Elle me laisse apercevoir un mur bleu, qui est largement suffisant pour réveiller ma curiosité. J'obéis alors à ses ordres, et entre dans la chambre de Jake.

C'est quand même dingue, en quatre mois, que je ne sois jamais venue, mais j'ai tendance à laisser leur intimité aux gens. Ce qui me fait penser, il y a un truc que je ne peux juste pas laisser passer. Mais ça attendra.

Comparée aux autres chambres de la maison, celle de Jake est plutôt petite, mais de toute façon grande. Les murs sont tous bleus, ma couleur préférée, et il y a quelques posters de trucs que je ne connais pas. Une étagère est couverte de BD, il y a un mini-frigo, un bureau dans le plus grand des désordres, des habits qui traînent par terre, et des enceintes fixées aux murs. Voilà ce qui me cassait les oreilles à chaque fois que je voulais faire mes devoirs !

J'explore tranquillement la pièce, ouvre quelques BD, (des choix littéraires, heu, déstabilisants) rebondis un peu sur le lit à deux places, ouvre la fenêtre pour écouter le chant des oiseaux, en bref, je me mets bien chez Jake. Il n'est pas là de toute façon, et j'ai le temps de battre en retraite avant qu'il ne rentre.

C'est ce que je pense, du moins, quand j'entends du bruit venant de ma chambre. Ça me fait sursauter, et je me tourne vers la source du bruit.

Je me rends compte, non sans surprise, qu'il s'agit de la voix de Jake. Intrus, dégage de ma chambre ! Je pense en me dirigeant vers l'autre porte pour sortir, avant de me rendre compte qu'elle est fermée à clé. C'est ce moment que choisissent les pas de Jake pour se diriger vers sa chambre, et saisie par la panique, je me jette en-dessous du lit.

J'entends Jake entrer, suivi d'une autre personne, et la porte de ma chambre se claque. J'aperçois les baskets de Jake et une paire d'escarpins à talons avant que ce dernier et whoever c'est s'assoient sur le lit.

- Je suis carrément crevée, dit une voix, et je reconnais celle de Jessica.

- Ah, vraiment ? Répond Jake. J'avais quelques idées, pourtant.

- Comme quoi ?

Le matelas grince bruyamment.

- Je pense que tu peux deviner.

Un silence s'ensuit, et je n'ai aucun mal à comprendre qu'ils sont en train de s'embrasser. Pourquoi il faut toujours que ça arrive à moi ? Je me plains en pensée, avant de me mettre en la plus PLS des PLS qui soient.

Je ne suis pas en train de pleurer. Parce que si je le fais, en plus de risquer de me faire remarquer, ça voudra dire que je suis, vraiment et totalement, amoureuse de Jake, et que je ne recevrai jamais rien en retour.

Non, non, le liquide salé qui se répand sur le sol ne veut rien dire. Je tremble parce que j'ai froid, pas parce que je sanglote. Il n'y a pas de nœud incroyablement douloureux dans ma gorge. Non, non et non, je ne dois surtout pas être en train de pleurer.

Alors que des vêtements supplémentaires arrivent par terre, je me force au silence, et essaie d'arrêter de pleurer. Sans succès. Alors je me bouche les oreilles, serre les dents de toutes mes forces, et attends de pouvoir sortir de cette chambre.

Le silence reprend ses droits ce qui me semble une éternité plus tard, et j'entends les souffles irréguliers du duo J.

- Au fait, dit Jessica quand elle recommence à avoir un souffle normal, c'est quoi cette histoire avec cette fille, heu, Léna ?

- Lana, il dit avec une froideur qui fait courir des frissons dans mon dos. Elle n'a aucune importance pour moi, si c'est ce que tu veux savoir.

J'accuse le coup en silence, mais c'est vraiment douloureux. Mon cœur est tellement brisé qu'il doit ressembler à de la poudre, mon égo est en train d'enfiler une corde autour de son cou, mon cerveau préfère mettre un pistolet dans sa bouche, et je pleure à nouveau. La conversation de Jake et Jessica couvre mes sanglots, et je crois bien que je m'endors.

○●○●○●○●○●○●○●○●○●

Quand je reviens à moi, je suis toujours allongée sur le parquet froid de la chambre de Jake. Pour autant que j'en vois, il fait nuit, et je comprends qu'il n'y a plus personne. Je sors d'en-dessous du lit, en me frottant les yeux, et retourne dans ma chambre.

Mon portable m'indique qu'il est vingt-deux heures trente-cinq, donc j'ai dû rater le dîner, et il semble avoir plu. Je me laisse tomber sur mon lit, vidée de toute force. J'ai faim, je ne pourrais pas avoir plus soif, et je suis morte de tristesse.

Je pars à la cuisine, avale un grand verre d'eau, puis je me saisis d'un grand paquet de chips et d'un pot de fromage de chèvre. Le tout est vite fini, et je ne me sens pas mieux pour autant. Je jette le paquet et le pot vide et retourne dans ma chambre.

Je me saisis de mon journal intime et raconte les évènements récents, de grosses larmes venant troubler mon écriture. Elles forment des tâches qui deviennent bleues au contact de l'encre, et rendent mes mots illisibles. Ça a une certaine beauté, mais ça gâche mon écriture.

Finalement, je décide d'aller là où je suis le moins triste, avec Max. Il m'écoute tout le temps où je lui raconte, la mine grave et sérieuse, et me prend dans ses bras quand je me remets à pleurer.

Est-ce que ça aurait pu être pire ?

○●○●○●○●○●○●○●○●○●○●

Pour être pire, ça aurait pu. Ce n'est pas exactement comme ça que j'imaginais ce moment, mais je pourrai toujours ajouter ce que j'ai dû retirer plus tard. Je n'aime pas spécialement écrire des chapitres tristes, mais le déroulement de l'histoire le demandait.

Bisous ! 😙

Max et LanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant