45 | Rupture

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Mardi 21 février 2017

Réveil: 11h30, je sais ce n'est pas dans mes habitudes de me lever aussi tard.
Douche: prise.
Vêtements: jogging et sweat.
Maquillage: inexistant.
Petit déjeuner: je n'ai pas faim.

Tobias n'arrête pas de tourner en rond dans le salon depuis plus d'une demi-heure.
Il me donne le tournis à force.
- Bon tu vas t'arrêter s'il-te-plaît. Si tu veux tourner en rond vas le faire ailleurs.
- Elle va se calmer la squatteuse, me dit-il en rigolant.
- Salut ! Qu'est-ce que tu fais là toi ?, me demande son colocataire.
- Elle va rester ici quelques temps, je t'inquiète pas.
Il me dévisage avec tellement d'insistance que je me sens très mal à l'aise.
De toute façon même si il ne fait rien de dérangeant, comme ses regards insistants, je me sens en trop.
- J'ai le droit de savoir la raison ou pas ?, demande-t-il avec un ton condescendant.
- Jared lâches l'affaire s'il-te-plaît, je te raconterai plus tard, lui lance mon frère afin qu'il me fiche la paix.
- C'est de l'ordre du top secret, je vois. Bon et bien Camilla je te dis au revoir et rentre bien.
- Je crois que tu n'as pas comprise Jared, dis-je en appuyant bien sur son ignoble prénom, je ne pars pas, je reste ici.
- Et moi je crois que tu ne m'as pas compris Camilla, m'imite-t-il, je suis ici chez moi et si je te dis que tu ne restes pas et bien tu ne restes pas.
Mais quel connard !
Désolée du terme mais là il n'y en a pas d'autres pour qualifier cet énergumène. 
- Je suis autant chez moi que toi ici et c'est pas sœur donc elle reste Jar'.
- Très bien, préviens moi quand elle rentrera chez elle. Je vais chez Caro, à plus.
Il s'en va à une vitesse fulgurante en claquant la porte d'entrée.
- Je... je suis désolée Tob... je te mets dans une galère pas possible... Je vais trouver autre chose promis, c'est juste histoire de quelques jours tu sais, dis-je entre deux sanglots.
De toute façon je ne sais faire que ça depuis vingt quatre heure: pleurer.
C'est d'ailleurs pour ça que je me suis levée aussi tard ce matin, j'ai pleuré toute la nuit, je n'ai quasiment pas dormi, je suis épuisée.
- Mais non ne t'excuses pas, c'est lui l'abruti et puis tu restes autant que tu veux tu le sais, me dit-il en me serrant contre lui.
Au bout d'un moment je me détache de lui en m'essuyant le visage sur le bout de mes manches.
Je vais me poser sur le canapé et allume la télévision pour me changer les idées.
- Je dois aller faire quelques courses, ça va aller ?
- Oui ne t'inquiète pas, file !
Il s'exécute, me laissant seule avec la télévision et ma douleur.
Fort heureusement pour moi je tombe sur une rediffusion de "The Elen Show", j'adore cette émission, cette animatrice a tellement d'énergie que c'est communicatif.
Or, aujourd'hui l'émission n'est pas très drôle, c'est le témoignage d'un acteur sur l'enfer que lui font vivre les journalistes qui ne le lâchent pas d'une semelle. 
Son histoire est vraiment touchante et vu mon carma actuel je fonds en larmes.

Soudain, alors que je suis au plus profond du trou que je me suis creusé la porte s'ouvre violemment.
Je sursaute et vois Jared planté debout devant moi les jambes écartées pour être en équilibre, les bras croisés pour montrer son sérieux et le regard le plus froid qu'il ne m'ai jamais envoyé.
A peine ai-je les yeux levés vers lui que je me remets à pleurer.
Il ne me fait absolument pas peur mais le fait qu'il soit en face de moi ainsi pour me montrer sa supériorité m'énerve.
Car oui j'ai beau pleuré comme une petite fille je suis très remontée.
- Tu ne peux pas arrêter de pleurer deux minutes ?, me demande-t-il froidement.
J'essuie pour la énième fois mes larmes avec mes manches et lui continue de me fixer.
Il s'assoie à côté de moi et pose sa main dans mon dos.
Je me demande pourquoi il fait ça.
Je tourne la tête vers lui et le regarde interrogative.
- La famille qui t'avais recueillie t'as dégagé, c'est ça ?, me demande-t-il soudain curieux.
- Hm non pas vraiment. Je suis partie avec leur accord, dis-je en tentant de rester vague.
- Si tu ne me donnes pas plus de détails je vais être obligé de te poser une tonne de questions et ça m'étonnerai que tu en ais envie, me dit-il en me souriant gentiment.
J'ai dis gentiment ?
Je déraille complètement moi !
- Ça c'est mal terminé avec mon copain, leur fils, et j'ai pris la décision de partir.
- Je vois, et comme tu n'as pas de tunes tu es venues ici, c'est ça ?
- Tu as tout compris.
- Et j'imagine que c'est eux qui t'ont payé tes études ? Ils ne vont pas continuer, je me trompe ?
- Ils ont payé toute mon année donc je vais la terminer mais après je vais devoir me débrouiller donc je vais trouver un job et me trouver un appartement et après je verrais si j'ai les moyens de continuer à la Stren School of Business ou pas...
- D'accord. Mais si tu veux tu peux rester habiter ici comme ça ton loyer sera moins cher, et le notre aussi au passage. Et pour le job je crois que j'en ai un pour toi.
Ce mec me décontenance complètement.
Un jour il est infect et le lendemain il est adorable.
- Pourquoi tu es gentil tout à coup ?, demandais-je très impoliment. 
- Ça me fait de la peine de te voir comme ça, mais t'inquiète pas hein, dès que tu seras sur pieds Jared comes back !
- Tu sais que t'es drôle dans ton genre ?
- J'essaye de faire de mon mieux, me dit-il en me donnant un coup d'épaule.
Je n'y crois pas, Jared est en train de me taquiner, c'est hallucinent !
- Bon et sinon c'est quoi ce job ? Et puis de toute façon vous n'avez que deux chambres donc je vais quand même devoir me chercher un job.
- Et la porte qui est là c'est quoi à ton avis Einstein ?, me demande-t-il en me montrant une porte dans le salon à côté du bar de la cuisine. Et pour le job ce n'est pas très glorieux mais ma sœur a un bar et elle recherche une serveuse.
Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça, ne me le demandez pas.
Je lui ai sauté dans les bras.
Je crois que je voulais le remercier.
Oui, on va dire que c'est ça.
- Vas t'habiller clocharde, je t'emmène la voir, me dit-il en s'écartant gentiment.
Je lui sourie et file aussitôt dans la chambre de Tobias.
Je mets un jean et un pull, tout ce qu'il y a de plus basique, et je sors de l'appartement.

Le bar devant lequel je suis est assez vintage vu de l'extérieur.
Quand nous entrons à l'intérieur je vois le look un peu rétro rock des lieux et ça me plaît.
Cet endroit est très agréable avec tous ces vinyles, ces vieilles tables en bois brut, ces banquettes en vieux cuir marron délavé.
J'adore !
- Hey Jared ! Je ne savais pas que tu serais là ce soir, lui dit-elle. Hm, c'est qui ?, lui demande-t-elle tout bas.
- Cam, je te présente ma sœur Brook, B je te présente Camilla, la sœur de mon colocataire,nous présente-t-il. Je lui disais que tu cherches une serveuse.
- Oh enchantée !, me dit-elle en me faisant une accolade. Oh mais bien sûr ! Tu voudrais faire un essaie ?
- Oui, ça serait super, lui dis-je avec le premier sourire sincère que j'ai sorti depuis deux jours.
- Parfait, demain après-midi de quatorze heures à dix-neuf heures ça te vas ?
- Très bien, c'est super, merci beaucoup.
Elle me sourie très franchement et nous emmène à une table basse avec deux fauteuils.
Quelques minutes plus tard elle revient avec deux pintes.
- Cadeau de la maison, nous dit-elle avec un clin d'œil.
Une fois repartie Jared relance le sujet "Chase", il tient absolument à ce que je lui raconte toute l'histoire.
Je lui dis que je suis à lui dans deux minutes le temps d'envoyer un message à Tobias.

[Camilla :]
[Je suis avec Jared au Brook's, viens nous rejoindre si tu veux.]

- Je suis tout ouïe gente dame, me taquine-t-il.
Je lui explique le problème et il m'écoute.
Il m'écoute vraiment, ça fait du bien.
- Et pourquoi il t'a menti tout ce temps ? Sa mère le sait au moins ?
- Je n'en ai aucune idée, après notre "engueulade" il n'est pas rentré et quand j'ai expliqué les raisons de mon départ à sa mère elle n'avait pas l'air surprise.
Je vois à son visage qu'il est septique.
- Ok, et bien ce mec est un abruti ma chère ! Aller, changeons de sujet.
Et c'est ce qu'il fait, il nous a lancé dans une conversation grotesque mais hilarante.

Vers minuit nous rentrons.
Je vais dans la chambre de Tobias après m'être brossé les dents et avoir souhaité une bonne nuit à mon nouveau colocataire.
Il dort à poings fermés, c'est pour ça qu'il ne m'a pas répondu.
Je me change et me mets au lit, épuisée par cette journée qui avait mal commencé mais qui a bien fini.

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