À Bout de Souffle [Terminé]

Chapitre 2

POV Ishan 

Un hématome violet autour de l'œil droit, le nouveau regarde par terre. 

Soumis. Faible.

La jambe posée sur le rebord de la chaise, je prends l'enveloppe que me tends Oscar par-dessus son bureau.

- Ishan sérieux. Arrête de taper les nôtres. Ils se sentent assez mal comme ça.

L'enveloppe blanche est fine sous mes doigts. Trop fine.

Oscar passe un index sur son nez et renifle. Il se met debout et s'adresse à tous.

- Bon boulot pour aujourd'hui, les gars. Demain on va s'en boire une et s'amuser après le boulot. Vous pouvez y aller.

Des oui dociles lui répondent.

- Bien. Reposez-vous.

Aussitôt, la pièce se vide. Tête basse, le nouveau sort en dernier mais il rencontre mon regard hostile avant de disparaître en vitesse dehors. Oscar s'en allume une avant de prendre une chaise à côté de moi.

- Tu es notre partenaire n'est-ce pas Ishan ? Alors arrête de leur donner des coups quand ça te chante. Sois pas dur avec le petit, il sort tout juste du lycée.

Je le gifle avec l'enveloppe pour le faire taire.

- Pourquoi elle est si fine, bordel ? C'est une putain de lettre d'amour ?

Basculant la tête en arrière, Oscar pousse un soupir qui dure plus de trois secondes.

- Hé, je te demande pourquoi elle est si fine, connard ?

Aussitôt, il me jette un regard noir.

- Hé connard, répète-t-il sur le même ton. Regarde ce qu'il y a dedans avant de péter un câble ! Comme si j'allais te traiter de la même façon que les autres gars...tss, toujours à ouvrir ton bec de con là...

Je l'ouvre pour y voir un chèque. Oscar continue à monologuer.

- ...Bien qu'on soit des amis proches, je suis ton aîné. Sois respectueux envers moi au minimum en face des autres gars. C'est pas comme si on allait te castrer si tu le fais, connard, rouspète-t-il.

- Ah le fils de pute, je dis en brandissant l'enveloppe. Qui t'a demandé de me faire un chèque ? Branleur.

Ça le laisse sans voix pendant une seconde. Puis il grogne et soupire en même temps.

- Putain, Ishan. Il est temps que tu te crées un compte. Arrête de dépenser tout l'argent dans les jeux, se plaint-il et j'ai l'impression qu'il tente de s'adresser à une force supérieure.

J'attends, l'enveloppe devant non nez. Ses conneries qu'il me raconte me passent par-dessus la tête. Il soutient mon regard avant de céder et de la reprendre.

- Je te fais ça demain alors sois à l'heure, ok ?

- Grâce à toi, je vais rien pouvoir faire cette nuit, je grogne en me levant.

- Viens boire un coup avec moi, propose-t-il.

De la main, je lui fais comprendre que c'est pas la peine.

- Bon, repose-toi.

À croire que ça lui plaît de me faire renvoyer à la maison, sans argent dans les poches. Le salaud.

La nuit est tombée depuis longtemps mais le vent reste chaud. On est qu'en mai et le printemps est déjà fini. Je descends une pente en regardant le croissant de lune qui se dresse lentement devant moi.