Prologue

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         Une armée de corbacs qui marche sur une allée blanche qui traverse le milieu d'une colline verte. Le ciel est maussade et le vent soulève légèrement les vestes en deuil. Une trentaine de voitures noires se garent sur la chaussée et d'autres continuent à venir. Un vrai cortège.

Oscar Luzzi se tient au sommet, près de ses confrères, dans une posture lascive, les mains dans les poches. Il s'ennuie à mourir. La cérémonie semble durer des heures. Putain de funérailles. Pourquoi doivent-elles être aussi grandioses pour une mort aussi merdique ?

Étranglé à mort dans une ruelle par une cravate, faut le faire pour un boss qui rêvait de mourir au combat comme les anciens héros. Quel con.

Oscar lâche un soupir alors qu'une queue se fait devant lui. Les ennemis sont au portail, prêt à les disséminer un par un, réjouis de la mort du boss. Ils vont tout faire pour revoir les accords et à s'allier au successeur le plus prometteur.

Le jeune Gabriel est nerveux et n'arrête pas de faire des viens et va entre la file et Oscar, prenant soin de faire attention aux menaces que représentent chacun des gangsters. Oscar lui fait signe de la main d'approcher et il accourt aussi vite que l'éclair. Il est en sueur et cligne des yeux pour chasser les gouttes de ses yeux noisettes.

- Ne perdons pas de temps, lui dit-il en sentant l'impatience de la file. On a pas toute la matinée.

- Oui chef !

Oscar lui assène une tape sur le crâne.

- Pas si fort, idiot, siffle-t-il entre ses dents en fronçant sévèrement les sourcils. Pointe-moi du doigt la prochaine fois, ça facilitera les choses aux snipers qui sont postés tout autour.

Sursautant, le jeune mexicain regarde les lieux avec crainte.

- Allez fais ce que je te dis, s'impatiente Oscar en lui donnant une tape sur l'épaule.

Gabriel file vers la tête de queue pour donner les instructions aux autres.

Oscar tourne la tête pour voir la sépulture du boss, baroquement décorée avec des bouquets de fleurs violettes et blanches et entourée d'une foule d'hommes en noirs qui ont les mains jointes et les mentons baissés. Les personnes se recueillent chacune leur tour dans un silence funèbre comme des fourmis noires au ralenti.

Il se gratte la tempe, agacé et dégoûté de l'ambiance générale. Tout ce qu'il a envie c'est d'un verre, sachant tout le boulot énorme qui l'attend. C'est certain, il n'aura pas la paix et une bonne nuit de sommeil avant plusieurs semaines.

On toussote. On lui donne un coup de coude. Il baisse les yeux sur le petit homme métisse qui lui fait face avec sa large moustache brune qui dissimule ses lèvres et agrandit ses yeux verts sérieux. Entouré de ses trois hommes de main il paraît plus petit et tout aussi dangereux. Lui tendant la main, sa manche remonte et découvre le tatouage d'une patte de grenouille sur l'intérieur du poignet.

- Diego Del Castillo, se présente-t-il. Mes condoléances. Augusto était un très bon ami...C'est vraiment dommage, mourir à cinquante ans. La moitié de la vie, ça !

Oscar lui serre la main en résistant à une envie de se courber pour se mettre à son niveau comme il l'aurait fait avec un petit enfant.

- Oscar Luzzi. Oui c'est dommage, répète-t-il en doutant de la sincérité de son interlocuteur.

- Augusto et moi avons des marchés en commun, dont un qui était en cours malheureusement...Puis-je savoir qui sera l'homme qui occupera le siège vacant dans les années à venir ?

À Bout de Souffle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant