Chapitre 63

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Ne me quitte pas et je ne te quitterai pas.

⚜️

Ishan

― Un mandat d'arrêt est en cours contre toi, Ishan...Tu es prêt à partir ?

La voix de Jonah est nerveuse. Il y a des bruits en arrière-plan qui supposent qu'il se trouve dans les bureaux, dans un coin reculé à m'appeler en masqué et en nage.

Mon nouveau téléphone portable coincé entre l'oreille et l'épaule, je vérifie les sacs posés sur le lit. Deux sont remplis de liasse de billets. Préparés à l'avance après les trois mois de mariage, ils attendaient bien au froid dans un coin entre le congélateur et le mur. Le bleu contient quelques vêtements à moi et d'autres affaires personnelles.

Bientôt prêt, je réponds.

― Je te rappelle.

Le sac blanc est ouvert en deux, béant de vide.

Celui d'Ali.

Que je n'arrive pas à remplir.

Je suis en train de plier son pull préféré, souvenir de la première fois où elle est venue chez moi, quand sa voix retentit depuis le pas de la porte.

― Maman me l'avait offert à mon anniversaire. C'était son dernier cadeau pour moi.

Elle est appuyée contre le chambranle, bras croisés à regarder ce que j'ai entre les mains d'un regard...mort. Un gouffre profond et glacé m'engloutit à cette seconde et je suis pris d'un vertige terrifiant. Tout mon corps se refroidit comme si toute chaleur s'évaporait de mes pores et j'ai la sensation qu'il neige dans ma poitrine.

― Je me suis souvenue, dit-elle mais elle n'a pas à le dire car je le sais déjà.

Je ne dis rien car tout le vocabulaire du monde ne peut réparer ce que j'ai commis. Je ne dis rien car je veux que le silence perdure à l'infini. Je veux retarder le temps. Je repose le pull sur le bord du lit et ses yeux préfèrent rester dessus que de rencontrer les miens.

― Je voulais vieillir avec toi, murmure-t-elle lentement comme sonnée.

Sur ces mots, elle se détourne de moi et part d'un pas à la fois abattu et hébété. Chaque pas qu'elle fait pour s'éloigner de moi fait grandir une bulle de frustration dans ma poitrine. Prête à éclater.

― Reviens.

Ce mot si doucement murmuré sort de ma bouche. J'ignore comment il est sorti. J'ai faillis ne pas l'entendre moi-même. Mais une fois formulé, je sais que c'est ce que je veux.

― Reviens !je répète plus fort.

Elle s'arrête comme si elle venait de se prendre un mur.

Avant qu'elle ne décide à repartir, je vais vers elle et lui attrape le bras. Je n'aurais pas dû l'approcher ni la toucher. Trop tôt. Trop réel. Comme si j'étais de l'huile, mon contact l'a embrasé comme une torche. Ses yeux lançant des éclairs, elle hurle de colère :

― Ne me touche pas !

Ma prise se referme comme un réflexe. De survie. Idiot. Aussitôt elle se débat, me griffe le visage, tout pour s'écarter de moi. Et comme un con, je tiens bon.

― Ali, regarde-moi, merde..., je la supplie désemparé.

Elle refuse, regardant sur les côtés, fermant même les paupières. Elle se débat de toutes ses forces. De tout son cœur. Usant tout son corps, se contorsionnant, se cabrant. J'essaye de la maintenir sans la meurtrir mais elle ne me facilite pas la tâche.

À Bout de Souffle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant