À Bout de Souffle [Terminé]

Chapitre 49

Ali

Assise en tailleur sur le tapis, je suis en train de plier le linge propre. Cela va faire plus d'une semaine maintenant et mes bleus rétrécissent, certains ont même disparus.

Je jette un regard en biais vers Ishan qui me fixe sans gêne depuis le canapé. De temps en temps, il le fait sans conscience et lorsqu'il en a conscience, il continue quand même. J'ai beau lui faire les gros yeux, il ne détourne pas le regard.

Bonjour psychopathe.

D'humeur chieuse, je prends une culotte élastique et je l'étire par ses extrémités avant de la lancer comme un projectile en direction d'Ishan. Elle se plaque sur son visage et y reste pendant une seconde entière avant de retomber au sol. Son expression est bouddhique et je peux presque entendre le gong signifiant qu'une âme est passée dans l'autre monde.

Je ne me suis jamais autant tapée un fou rire à ce moment précis.

Rancunier, il me poursuit autour de la table basse. Mon pied se prend dans le panier et je tombe par terre dans un glissé plutôt ridicule mais qui me frotte la peau contre la parquet luisant. À la sensation de brûlure, je siffle en me prenant le mollet entre mes deux mains.

- Ouille ouille, je murmure en touchant ma peau rougie.

Les mains sur les genoux, Ishan est penché au-dessus de moi et fixe ma blessure superficielle avec une ride entre ses sourcils que je ne lui avais jamais vue. Il est mignon comme ça. Je bascule la tête en arrière un peu à l'exorciste pour croiser son regard et lui demande :

- Tu t'inquiètes pour moi ?

Il se fige comme si j'avais mis le doigt dessus. Je crois avoir rajouté un nouveau mot dans son dictionnaire. Une nouvelle émotion dans sa palette. À son expression, je peux voir qu'il n'en voulait pas du tout de ce mot.

Il grommelle dans sa barbe.

- À ce stade, je devrais t'acheter une laisse...

Le voilà encore à me prendre pour sa chienne.

Il y a des matins, où je me réveille, le poignet menotté à ses doigts comme s'il craignait que je reparte, comme s'il me retenait dans son sommeil.

- C'est sympa d'avoir quelqu'un qui se soucie un peu de moi.

- Un peu ?!répète-t-il.

- Beaucoup, je rectifie sans cacher mon sourire bienheureux. Tu veux bien me faire un bisous magique ?

- Hein ?

- C'est l'effet placebo. Un bisou pour que je guérisse à la place d'un pansement. 

Je bats des cils et lui fait une moue exagérée en formant un cœur avec mes lèvres. Sa bouche se pose sur la mienne et mes poumons se bloquent sur ce baiser inattendu et très court.

Il se redresse et voit mon visage rouge comme une tomate. Je porte mes doigts à mes lèvres.

- Euhm...je...C'était sur mon bobo que tu devais...

Après quelques secondes, Ishan comprend qu'il s'est fourvoyé. Il rougit si fort qu'il porte une paume devant son visage, les yeux horrifiés par ce qu'il vient de faire. Nous sommes tous les deux terriblement gênés.

- En tout cas, ça a fonctionné : douleur complètement oubliée.

- Ah putain, jure-t-il en optant pour la colère alors qu'un gloussement plutôt moqueur s'éjecte de mes lèvres.