À Bout de Souffle [Terminé]

Chapitre 29

POV Ishan

Face au soleil couchant, devant ma porte j'allume ma clope et remonte le fil de ma journée.

La matinée, j'ai visité Robbie alors qu'il dormait profondément. De ce que j'ai pu voir il avait meilleure mine. Les sous-merdes N°1 et N°2 sont chargées de le surveiller pendant sa convalescence. C'est aussi une excuse pour m'en débarrasser. Ras le bol de toujours les superviser. Je finirais par avoir une mauvaise influence sur eux et j'aimerai retarder ce moment si possible.

Le reste je l'ai passé sur le ring. Ordre du boss pour que je garde la forme soi-disant. J'ai dû affronter le meilleur combattant de son premier fils Christian. Il a fallu que ce crétin d'Augusto fasse un pari alors qu'il était soûl et m'a choisi pour se battre à sa place. La routine en fait.

Oscar était celui qui me servait de coach. Tout en fumant sa cigarette d'une main, il me versait une bouteille d'eau sur le crâne de l'autre avec une nonchalance distinguée. Je le revois s'essuyer l'épaule alors que de la poussière s'y déposait et prendre cet air d'ennui souverain.

Les bâtards Rocky et Roy, les jumeaux tordus étaient présents également. Je hais la façon dont ils me lorgnent comme si j'étais un bien déjà acquis. Ils me donnaient envie de me battre en combinaison de ski plutôt que torse nu. Je hais aussi leur manière de s'asseoir les membres entremêlés, sa jambe à lui sur sa jambe à l'autre, son bras à lui sur ses épaules à lui, leurs mains entrelacées, comme s'ils rêvaient d'être siamois à constamment se toucher.

En me voyant les regarder, Oscar s'est penché vers moi pour me susurrer sur le ton de la confidence :

- Tu savais qu'ils baisent ensemble et qu'ils adoreraient t'avoir comme membre de leur triumvirat ?

Mon expression l'a fait gloussé.

- Avec ta gueule et ton corps tu espérais quoi ?

Indifférent à sa remarque, je détourne le regard. J'oublie parfois cette partie du business qui inclut les enculeurs et les enculés. Il n'y a pas de pouvoir et d'argent sans le sexe. Mais si Augusto décide de m'utiliser dans cette sphère-là, il va se retrouver avec des bites coupées à tous les coins de rue. Le fait qu'il me laisse dans la sphère de la violence prouve qu'il le sait pertinemment.

J'ai eu mon adversaire au deuxième round car j'en avais assez d'entendre la voix de mon père dans ma tête me hurlant de frapper et frapper et frapper jusqu'à ce que je ne sente plus mes mains. Je revois mes petits poings levés devant mon visage craintif et constellé d'hématomes. Et je revois le gros poing de mon père se diriger sous mon menton. Le choc a failli me faire avaler ma propre langue. Son ombre au-dessus de moi m'ordonnait de me relever.

Relève-toi fils ou je te jure que c'est Jordan qui va gagner ta place.

Dans sa bouche c'était un privilège. De mon point de vue c'était une raclée imméritée.

Distrait, j'ai failli me craquer les jointures sur la mâchoire de ce gros tas de muscles. Ses coups m'ont fait voir les étoiles une fois. Mes poings lui ont fait voir toute la galaxie. Et je lui en ai donné un qui lui a fait voir le néant.