Chapitre 56

7K 635 299
                                    

Ali

Je me réveille en entendant mon prénom. J'ouvre les yeux sur Ishan penché sur moi, sa main sur mon bras. Les traits de son visage sont creusés par la fatigue et préoccupés. En clignant des yeux pour réajuster ma vision, je sens des larmes couler sur mes joues et le chagrin de mon rêve me revenir de plein fouet. J'enfouis mon visage dans mes mains et roule de l'autre côté pour qu'il ne me voie pas dans cet état. Pas comme ça.

― Pardon, j'ai fait un mauvais rêve.

Ma voix est chevrotante et rauque comme si j'avais crié et pleuré à la fois. Je l'entends se recoucher avec un soupir. Lorsque je me retourne vers lui, il dort sur le ventre, la tête posée sur le coussin avec ses bras croisés dessous. La couverture est de mon côté, ce qui rajoute un poids supplémentaire à ma culpabilité. Attrapant le bord de la couverture avec mon poing, je glisse jusqu'à lui pour le couvrir au moins jusqu'aux épaules. À ma surprise, il est encore éveillé car il soulève le coude pour m'inviter. Sans hésiter, je me colle contre lui pour trouver une position confortable. J'enfouis mon nez dans son cou pour y trouver son odeur rassurante et ma main se glisse sous son t-shirt pour y trouver sa chaleur.

― J'ai rêvé que tu étais mort, je lui confie terrifiée.

Pas de réponse.

― Ishan ?

Je suis en train de serrer un coussin entre mes bras et mes jambes.

Je me réveille en sursaut, les larmes aux yeux. Un sanglot franchit mes lèvres et j'étouffe mon gémissement, engloutie dans ma peine. Mes larmes ne se tarissent plus. Pleurer ne me libère plus au contraire. Je pleure encore plus fort à chaque fois parce que je sais que pleurer ne sert à rien.

Le divan s'affaisse et je relève la tête pour voir Michelle assise dans la pénombre à me tendre un mug.

― Du chocolat chaud comme tu les aimes...

Je me redresse et elle le pose sur la table basse pour me dévisager. Enfin surtout pour regarder ma nouvelle coupe et couleur. Mon carré blanc m'arrive aux épaules mais comme je me suis concentrée à colorer les racines, j'ai des mèches noires au bout intactes.

― Tu es méconnaissable.

― Merci.

Elle sourit amusée et ce visage d'elle m'est inconnu.

― Tu as vraiment eu le courage de le faire. Je n'arrive toujours pas à y croire.

Je prends une gorgée et grimace.

― En général le chocolat chaud je l'aime chaud.

― Ah, lâche-t-elle de dépit.

Une vraie tête en l'air, ma sœur.

Mon intestin se tord et je pose une main sur mon ventre comme pour soulager la douleur subite et surtout la localiser. En-dessous du nombril.

― Michelle, juste pour être sûre. Tu m'as bien donné une pilule de lendemain ?

Elle penche la tête sur le côté et ses yeux cillent plusieurs fois. Je n'attends pas sa réponse que je fonce aux toilettes pour mon rituel de vomissements.

― Pour moi, ça ressemble fortement à des symptômes de grossesse !je lance par-dessus mon épaule vidée et épuisée.

― Ça devrait le faire, j'entends ma sœur dire derrière moi d'une voix mal assurée. On peut s'assurer au moyen d'un test si tu veux mais je suis certaine de t'avoir donné la bonne pilule.

Dur de se fier aux croyances d'une junkie...

Nous entendons des bruits de pas. Claudia est en train de descendre l'escalier. Nous avons emménagé l'étage il y a quelques jours. Je me demande ce qu'en aurait pensé Ishan à l'idée que sa maison soit envahie par des femmes.

À Bout de Souffle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant