POV Ishan
Je tends les mains devant moi et laisse la pluie les nettoyer du sang qui les couvre. Oscar me tend une enveloppe que je plie en deux pour la ranger en quatre dans ma poche arrière. Nous regardons les hommes de mains d'Augusto charger le matériel dans les vans.
- Elle tombe à pic cette pluie, dit-il. Elle nettoiera nos traces.
- J'arrête, je lui déclare.
Il se tourne brusquement vers moi et tourne la tête pour voir si quelqu'un m'a entendu. Sa main serre mon biceps et son visage s'approche du mien.
- Ishan, non. Pas maintenant.
- Pourquoi ?
- Tu veux plus d'argent ?
Intéressé, je le fixe en penchant la tête.
- Si ma paie double, trois mois maximum.
Il acquiesce du menton, visiblement soulagé.
- Ok, laisse-moi parler de ça avec le boss. Ne parle surtout pas de délai ou il t'abattra sur le champ.
- Je rentre, je dis pour toute réponse tournant le dos au carnage.
- Tu as besoin qu'on te ramène ?
Je lève la main sans me retourner. Ça va aller, mec. Je tombe sur le nabot assis sur le trottoir sous la pluie. Je fronce les sourcils et me dirige vers lui. Pas besoin d'avoir un don d'observation pour comprendre qu'il est en train de péter un plomb, à l'intérieur de lui-même. Il a le souffle court, presque gémissant, les yeux fous, comme s'il était dans un autre univers, sentant à peine la pluie torrentielle qui lui tombe dessus en trombe. Ses mains tremblent sur le calibre 32.
- Reste pas là, je grogne en lui donnant un léger coup du pied.
Comme il ne réagit pas, je le prends par le col et le soulève. Je me retrouve avec un canon pointé sur ma gueule. Tout le monde se fige. Il tremble et ses dents s'entrechoquent.
- Ta putain de faute, je l'entends dire. Ta faute. Ta faute. Pourquoi tu m'as pris avec toi ? Pourquoi tu me frappes ? Pourquoi tu m'écrases comme ça ?
Cette nuit a tué une part en lui. Bien. Il sait désormais ce qui l'attend dans ce monde pourri.
Je le regarde sans répondre de mon fameux regard mort. Il écarquille les yeux et son visage se crispe de souffrance.
- Je ne veux plus...
J'abaisse son arme et la coince dans ma ceinture.
- On rentre, je déclare.
Il a les épaules rentrées et se met à pleurer, bouche ouverte, sans se cacher, tout en me suivant. Lycéen ou quoi, c'est un bébé. J'emprunte une moto et lui ordonne de m'indiquer son adresse.
Il habite dans les quartiers de classe moyenne. Je reste sur la moto alors qu'il en descend et se tourne vers moi, misérable et morveux. Il titube en arrière quand je lui plaque une enveloppe sur son torse. Il la retient de ses deux mains et regarde dedans avant de lever la tête vers moi.
- Si tu reviens, je te bute, je déclare en plongeant mon regard droit dans le sien. Tu continues tes études et tu te trouves un bon job.
Il tressaille et hoche frénétiquement de la tête et je démarre. Dans le rétroviseur, je le vois qui me suit du regard jusqu'à ce que je tourne à l'angle de la rue. Je laisse la moto au Dragon Enchaîné et prend le chemin du retour, les mains dans les poches. Les ruelles sont désertes et le fleuve que je longe déborde sur la vallée. Je m'arrête à une supérette du coin et j'achète des bandages et des pansements.
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À Bout de Souffle [Terminé]
عاطفية«Je suis une boule de papier et tu es un origami mais nous brûlons de la même façon.» C'est l'histoire d'une brute et d'une lycéenne qui ont en commun plus qu'ils ne le pensent. ⚠️ TW : violence, sexe, TCA