Epilogue

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Ishan

Elle sautille devant moi dans ses bottes jaunes en évitant les flaques d'eau. La dernière fois, je me suis fait engueulé parce que c'est ma responsabilité de faire en sorte de lui éviter de faire des conneries.

Nous nous arrêtons à un bonhomme rouge.

— Main! j'ordonne impérieusement alors qu'il passe au vert.

— Je ne la donnerai qu'à mon mari !

Pire que sa mère...

— Puis-je avoir ta main ?je redemande d'un ton plus courtois.

Avec un petit soupir de princesse, elle concède à me donner sa main. Elle la serre fort et je la serre fort en retour pour avoir son attention. Je la regarde bien dans les yeux.

— Écoutes-moi bien, Alina. C'est comme ça qu'un homme doit toujours, toujours, te respecter, pas autrement. Compris ?

Ses cheveux noirs en carré lui encadrent son visage poupin et délicat. Ses grands yeux noirs sont toujours mortellement sérieux et ses sourcils perpétuellement froncés. Ça me rappelle vaguement quelqu'un.

— Oui, papa.

J'espère sincèrement qu'elle se souviendra de mes paroles plus tard. Je ne veux surtout pas qu'elle tombe sur un sale type qui la traitera comme sa chienne. Il se peut que je ne sois pas dans les parages pour plomber tous ses prétendants alors autant la préparer dès maintenant. Nous traversons le passage piéton et elle ne me lâche plus jusqu'à la maison.

Parce que sa deuxième personne préférée s'y trouve.

Je m'arrête pour nourrir le chat noir et blanc qui m'a sûrement repéré à des kilomètres de là. Il miaule bruyamment à mon arrivée. Je le soupçonne d'avoir mémoriser notre planning.

Pendant un instant, c'est la tranquillité et tout semble bien aller dans le meilleur des mondes possible.

Puis le petit monstre se réveille.

Et c'est le chaos.

— Alina, je grogne entre mes dents.

Un boucan secoue toute la maison et je déplie mes genoux avec un soupir pour me rendre à l'intérieur. Même si je voudrais m'éloigner le plus loin possible des braillements, je fais le contraire. Je marche sur un jouet qui émet un bruit agonisant pour se regonfler et passe à côté d'un berceau vide.

Tandis qu'Alina berce Ion en jouant la maman, un passe-temps tout récent, mon fils se tortille dans ses bras et commence à s'époumoner, tout rouge. Il dodeline de la tête et il regarde partout. Derrière lui. À droite. À gauche. C'en est presque comique tellement il a l'air fou.

Puis il me repère.

Moi, son père.

Et ses bras potelés se lèvent, ses mains grandes ouvertes dans ma direction. Ses petits pieds donnent des coups dans le vide comme pour se propulser vers moi avec l'air de dire sauve-moi d'elle !

Oh je le comprends. Les filles de cette famille sont tyranniques.

Alina boude car elle a échoué à réconforter son petit frère.

— C'est toujours papa son préféré, dit-elle en me le tendant.

Sans un mot, une boule dans la gorge, je soulève mon fils devant moi. Minuscule petit être. Moitié moi. Moitié elle.

Il devient muet.

Je ne sais pas exactement quel effet j'ai sur lui mais c'est reposant. Pas besoin d'utiliser les mots, on se comprend très bien lui et moi. Le maintenant d'une paume contre mon épaule, je débarrasse le cartable d'Alina de l'autre et la dirige vers la cuisine pour qu'elle ait son goûter. Le trajet n'a duré que trente secondes qu'Ion s'est déjà rendormi.

À Bout de Souffle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant