Déconcertée, j'allais répliquer quelque chose quand il commença à enlever ses vêtements devant moi. Lentement, ce qui lui servait de veste tomba à terre, avant que son t-shirt ne rejoigne le sol à son tour.
Voyeur et exhibitionniste en plus de cela !
Je me retournai d'un coup ne voulant vraiment pas voir ce spectacle (si beau serait-il).
Je repartis bredouille, n'ayant d'autre choix que de me plier au créneau horaire de Monsieur Peter Pan. Fantastique, je crois que je n'ai jamais senti aussi mauvais. Je suis sûre que même au milieu d'une bande de garçons dans un gymnase après trois heures d'handball intensif, mon odeur ne passerait pas inaperçu.
Je m'assis un peu plus loin dans la forêt, ce qui me permettait d'avoir un bon angle de vue sur le retour éventuel de Peter. A mon tour je pourrais goûter aux joies de ce torrent glacé.
Une fois que Peter décida de revenir de la cascade, je me levai de mon gros rocher et le fusillai du regard avant de passer mon chemin. Mais il en décida autrement et attrapa mon bras pour que je sois face à lui. Son souffle chaud, frappa contre la joue ce qui me fit légèrement trembler.
- Je t'ai déposé des vêtements propres sur la rive. Je me doute que ce n'est pas ce que tu as l'habitude de porter mais je ne connais pas les habits de ton monde et je fais ce que je peux avec mon imagination.
J'arquai un sourcil ne comprenant pas trop où il voulait en venir. Il secoua la tête comme il le fait à chaque fois que je ne comprends pas quelque chose qui lui semble simple.
- Au pays imaginaire, tout peut-être réalité. Tu n'as qu'à l'imaginer. Bien évidemment, il faut beaucoup de patience et de travail avant d'arriver à être capable de faire ce genre de chose. Je pourrais t'apprendre si...
- Ça me va très bien, je l'arrêtai. Tu essayes déjà de m'apprendre à me battre alors il ne faudrait pas trop compliquer les choses. C'est déjà très gentil de ta part de... M'imaginer ses vêtements.
Il hocha simplement la tête et me laissa parcourir les derniers mètres qui me séparaient de la cascade. Je regardai sur le bord de la rive et vis le tas d'habits sur les galets. Comme d'habitude un t-shirt un peu trop large, cette fois si gris foncé et un jean, une teinte également plus foncé qu'hier. Heureusement que les converses blanches passent partout.
Perdue dans mes pensées, je regardai les vêtements et me rendis compte que chaque soir, venait un moment où le vent me faisait trembler de froid. Je suis quelqu'un d'extrêmement frileuse et je n'aurais pas dit non à un pull en plus.
C'est sur ces dernières pensés que je me jetai sous la cascade, trop heureuse de pouvoir débarrasser mon corps de cette odeur et de cette crasse.
***
J'avais beau beaucoup aimé cette cascade et la fraîcheur de son eau le matin, il ne fallait pas y rester trop longtemps. Hier matin, j'ai bien cru que mes orteils allaient devenir bleus. Sans plus attendre, je sortis complètement frigorifiée et me séchai rapidement avant d'enfiler ce que Peter m'avait déposé.
Mon t-shirt passé par dessus ma tête, je remarquai un sweat bleu marine à capuche, juste à côté de mes converses. Ça, c'est vraiment génial ! Je l'enfilai et le laissai ouvert, l'air n'étant pas encore trop froid. Peter a dû en avoir marre de m'entendre me plaindre sur le fait que j'étais gelée.
Je retournai au campement, aussi détendue que possible quand je sentis Edwin se jeter dans mes bras. Je le soulevai et l'entendis rire contre mon oreille. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas entendu quelqu'un rire. C'était un rire sincère et j'adorais le son que cela provoquait dans sa gorge. Je ris avec lui, amusée par sa réaction quand mes yeux dévièrent vers Peter qui nous observait un léger sourire au coin des lèvres. Pour la première fois, on aurait dit qu'il souriait vraiment. Je reportai rapidement mon attention sur Edwin et le laissa redescendre avant qu'il ne s'enfuisse vers un troupeau de garçons un peu plus âgé.
Je tournai une nouvelle fois les yeux vers l'endroit où se trouvait Peter, quelques secondes auparavant. Mais plus personne. Je regardai dans toutes les directions et ne le vis toujours pas.
Soudain deux mains brûlantes vinrent se poser sur mes épaules. Je me retournai vers celui qui venait d'enlever ses mains (dommage). Ses grands yeux verts me détaillaient de haut en bas puis il finit par dire.
- C'est moi que tu cherchais ?
- Peut-être bien, je fis un soupçon de sous-entendu dans ma phrase.
Il sourit à ces mots. Malheureusement, c'est son sourire mesquin qui s'afficha. Celui que je détestais plus que tout. Une grimace involontaire se dessina sur mon visage, qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Peter.
- Tu es tellement plus belle quand tu souris...
Je déglutis difficilement. Je n'arrivais pas à me concentrer et encore moins à répondre quelque chose sans être sûre de ne pas bégayer. Pourquoi, je n'arrivais pas à répondre... Le pire est de me rappeler cette sensation que j'éprouve quand il me touche. Cette brûlure... Semblable à celle que j'avais ressentis ce matin à la cascade. C'était horrible à dire, mais je ne contrôlais pas du tout la situation. Ce qui était plutôt angoissant étant donné que j'ai la fâcheuse habitude de vouloir tout contrôler.
- Je...Euh. Merci, je finis par articuler sans faire paraître ma pointe de gêne.
Eveline, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ce n'est pas toi cette fille gênée ! Reprends-toi ! Dis quelque chose !
- Sinon, merci pour le sweat, c'est très agréable, je dis sûrement un peu trop vite.
Peter parut d'abord troublé. Il fronça les sourcils comme s'il ne comprenait pas de quoi je parlais. Il finit pourtant par dire faiblement.
- De rien...
Il n'avait pas du tout l'air convaincu. Ce n'est pas lui qui m'a déposé ce gilet ? Il voyait bien que j'étais dubitative.
- Si, ne t'inquiètes pas. C'est juste que j'avais oublié. Désolé, encore une fois que ton t-shirt soit un peu trop grand.
- Ce n'est rien. J'aime bien au contraire. Je me sens à l'aise.
Il afficha un léger sourire forcé. Mais je voyais bien dans ses yeux qu'il me cachait quelque chose. Mais quoi ?
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Neverland ?
FanfictionEve Powell est une jeune adolescente de 17 ans, des plus banales. Du moins, c'est ce qu'elle croyait avant d'être confrontée à plusieurs phénomènes qui entravèrent son quotidien. L'aventure ? Elle en avait toujours rêvé. L'adrénaline ? C'était pou...