Chapitre 34 ✔️

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Nous traversions le centre-ville à pieds quand il attrapa ma main et entrelaça ses doigts avec les miens. Il essayait de se faire pardonner mais ce ne sera pas aussi facile que ça.

Je n'avais pas envie de me la jouer rancunière, mais je trouvais ça vraiment trop facile. Pendant deux semaines j'ai souffert d'amnésie et de terreurs nocturnes. Encore... Comme quoi que je parte ou non du Pays Imaginaire n'a pas servi à grand-chose. C'est vrai que les cauchemars étaient différents. Ce n'était plus Gabin qui était mis en scène. Pendant mon amnésie, je ne reconnaissais pas les différents garçons qui à tour de rôle venaient me torturer chaque nuit. Mais maintenant, je les reconnais et je suis formelle. Il s'agissait bien de Crochet et des garçons perdus. Je comprends que le capitaine de Jolly Roger veuille ma mort autant que je veux la sienne mais ce que je n'arrive pas à saisir c'est pourquoi les garçons perdus. Après tout, je n'avais rencontré de problèmes qu'avec Jimmy. Je me demandais si c'était un rêve prémonitoire qui me disait que j'allais bientôt mourir. Et visiblement lentement et dans d'atroces souffrances. Pourtant une partie de moi ne voulais pas savoir quand cela allait arriver. Est-ce que j'allais être assez forte pour vaincre cette partie de moi. Ou dois-je accepter cette fatalité ? J'ai toujours cru que l'espoir faisait vivre. Mais il fait aussi affreusement souffrir.

Mes pas étaient lourds, j'avais l'impression d'entasser toute la douleur et le fatalisme de la terre entière. Les visions ou cauchemars me laissaient à bout de forces. J'avais vraiment besoin de me reposer.

Une fois arrivée, je montai directement dans ma chambre laissant Peter me suivre ou non. J'étais trop fatiguée pour faire quoique ce soit d'autre que de m'étaler tel une larve sur mon lit.

Peter ricana et vint à côté de moi. Alors que je croyais qu'il allait juste s'allonger à côté de moi, il commença à enlever mes chaussures puis mon gilet.

Qu'est-ce qu'il fait ?

Ne vous méprenez pas, ça n'avait rien de sensuel ou d'érotique. Du moins jusqu'à ce qu'il vienne m'embrasser avec passion. Je souris contre ses lèvres tandis qu'il faisait descendre ma combishort le long de mon corps.

- Je ne compte pas aller plus loin avec toi ce soir mais je veux juste te sentir maintenant que t'es réellement à moi. Après promis, je te laisse cuver.

- T'es bête, je me moquai.

Je m'extirpai de son emprise et filai prendre mon pyjama. C'est le genre de pyjama qui se compose d'une chemise à fines rayures et d'un pantalon beaucoup trop grand assortis qui vous traîne aux pieds. C'est limite, si vous ne marchez pas dessus. Je n'ai pas du tout l'air sexy dedans mais je m'en fiche parce que au moins c'est confortable.

Je rejoins Peter qui n'avait plus que son bas. Je rougis, rien qu'à la vue de son corps aussi parfait soit-il. Je ne savais pas qu'au-dessus de la barre des 200 ans on redevenait le canon qu'on a été quand on n'en avait 19. Il est plutôt bien conservé pour son âge !

Faut que j'arrête de le dévisager ainsi. Il va me prendre pour une psychopathe folle de son corps. Je secouai donc la tête pour reprendre mes esprits et m'allongeai sous les couvertures avec lui.

Je n'avais jamais dormi dans mon lit avec quelqu'un d'autre que Gabin. C'était étrange mais pas désagréable. Après tout j'avais déjà dormis avec Peter, même si c'était dans le petit lit simple de ce dernier.

Je me plaçai dos à Peter pour qu'il ne me voit pas rougir. Mais ce fut peine perdu quand il se pencha au-dessus de moi pour voir mon visage. Il rit avant de coller son corps brûlant contre le mien. Je boudai, honteuse. Non, je ne suis pas du tout mal à l'aise de dormir avec lui, même si ce n'est pas la première fois.

Oui, parce que les autres fois ce n'était pas vraiment dans le même contexte.

C'est quand je sentis la main de Peter attraper la mienne que je me sentis partir, rattrapée par le sommeil.

***

Oh non, j'ai oublié de fermer mes volets... La lumière qui traversait mes rideaux étaient éblouissantes. Je crois bien que c'est la raison de mon réveil. Je bougeai doucement de sous les couvertures voyant Peter toujours assoupis. C'était la première fois que je le voyais endormis. Les dernières fois, il s'était levé tôt. Il a l'air tellement vulnérable. Il ressemble à n'importe lequel d'entre nous. Il était si beau, si commun dans son sommeil. Pourtant, je savais très bien que ce n'était pas le cas. Peter n'était pas un simple garçon de 19 ans. Non, c'était Peter Pan.

Je passai ma main dans ses cheveux ébouriffés et décidai de descendre dans ma cuisine. Parce que j'avais beau bien aimer mon lit, ce que j'aimais encore plus c'était ma cuisine.

Je me servis un café et ouvris plusieurs placards avant de trouver mon bonheur. Pour l'instant ce n'est que de la brioche mais après quelques minutes dans une poêle avec du beurre et du sucre se sera rudement bon.

Je m'attelai à ma préparation vérifiant que ma brioche ne cramait pas sous la chaleur des plaques à inductions quand je sentis deux mains entourer sans ménagement ma taille. Comment ça se fait qu'il puisse me donner aussi chaud dès le matin. Cela ne devrait pas être permis.

Peter plongea ses lèvres dans mon cou m'embrassant lentement tout en collant son torse et ses jambes dénudées contre moi. Il le fait exprès. Il sait que cela me rend folle.

- Alors comme ça, on ne me réveille pas quand on se lève, murmura-t-il.

- Ça aurait été très impoli de ma part, j'articulai difficilement.

Je déteste l'effet qu'il a sur moi. J'ai l'impression d'être un pantin soumis à ses désirs - aussi délicieux qu'électriques - . J'essayai de le repousser un peu mais il resserra sa prise encore plus, m'empêchant de me concentrer correctement sur la cuisson de mon pain perdu.

- Je ne savais pas que vous aviez une affiche à mon effigie dans votre chambre Mlle Powell. Me cacheriez-vous encore d'autres choses dans le même genre ? susurra Peter avant de me faire me retourner pour que je sois face à lui.

Il est juste magnifique. Pourquoi une fille c'est tout le temps laid quand ça sort du lit alors qu'un mec c'est affreusement sexy. Y a eu une injustice quand on a créé la femme.

Je me mordis la lèvre inférieure machinalement pour m'empêcher de me jeter sur lui comme une tigresse en chaleur. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui m'en manquait.

Eveline, ce n'est qu'un mec, il ne peut pas te mettre dans un état pareil.

Soudain, il fit glisser mon bas de pyjama, le long de mes jambes et attrapa mes cuisses pour enrouler mes jambes autour de son bassin. Il faut qu'il arrête de faire ce genre de chose. Non sérieusement, j'ai un seuil de tolérance déjà assez élevé mais il ne faut pas exagérer.

- Il faut se débarrasser de ce dont nous n'avons pas besoin, ma jolie, décréta Peter d'une voix rauque.

Ces paroles étaient de trop, je saisi son visage et l'embrassai avec force. Une forte brûlure parcourra mon corps quand il me déposa sur le plan de travail. Oh et puis zut pour le pain perdu !

Je le tirai vers moi alors qu'il faisait glisser ses mains le long de mes cuisses. Il était tellement sauvage dans ses gestes, j'aimais cette partie de lui, même presque plus que son côté doux et attentionné.

C'est à ce moment que je me rappelais de quelque chose. Nous sommes dans ma cuisine à 10 heures, un samedi matin. Aïe aïe aïe... J'essayai d'arrêter Peter mais il ne voulait pas me lâcher. A chaque fois, que je voulais le prévenir il me coupait en forçant l'accès à ma bouche.

Et le moment tant redouté arriva quand j'entendis quelqu'un se racler la gorge bruyamment derrière Peter.

J'en étais sûre...

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