Chapitre 43 ✔️

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C'était aujourd'hui... Je devais partir. Tuer Crochet m'avait fait réaliser à quel point je ne devais laisser personne avoir le dessus et encore moins Peter. D'ailleurs en parlant de lui... Ce garçon qui règne sur le Pays Imaginaire. Il m'ennuie et je sais qu'il veut me contrôler. Je suis plus puissante que lui et il le sait. C'est sa peur qui lui dit d'agir ainsi. Il ne comprend pas ce que je ressens. Je veux les voir souffrir un à un comme moi j'ai pu souffrir.

Il ne me restait plus qu'à me venger d'une seule personne pour enfin connaître le bonheur. Ce n'est que par ma vengeance que j'aurais ce que je veux.

Je montai l'échelle menant dans la cabane de Peter et découvris ce dernier, attendant les bras croisés contre sa poitrine comme si je lui devais quelque chose. C'est mal me connaître. Je ne dois rien à personne et encore moins à quelqu'un de son espèce. Il dit que j'ai changé, que je ne ressemble plus à la Eve qu'il a connu et recueilli sur cette île voulant à tout prix s'enfuir avec son meilleur ami. Et il a raison, je ne suis plus cette fille chétive et naïve, effrayée. J'assume au contraire pleinement ce que je suis. Ce que j'ai toujours été sans vraiment m'en rendre compte.

Depuis la mort de Crochet, qui doit remonter à une bonne demi-heure, je me sens pleinement satisfaite. Du moins presque. Il me manque une chose. La mort d'une personne plus précisément.

Mon père...

Il m'a abandonné... De tous, c'est celui qui m'a le plus délaissé, déçu et m'a fait souffrir. Alors maintenant, je veux simplement ressentir la même sensation que j'ai ressentie quand j'ai écrasé le cœur de Crochet. Je veux sentir les granules de cette organe vitale se volatiliser parce que j'aurais serré ma paume de main juste ce qu'il faut pour qu'il agonise dans un premier temps, perde pieds, ne sache plus où il est, puis ne se rende même plus compte de ce qu'il est en train de se passer pour finalement l'écraser d'un coup sec et que ses paupières restent closent à jamais.

Il faut juste que je parte d'ici au plus vite. Je n'ai plus rien à faire ici.

- Reste... souffla Peter.

Je revins sur terre me rappelant de sa présence. Après tout c'est sa cabane. Avant j'aurais pu dire que c'était notre cabane mais aujourd'hui tout est différent. L'amour est une faiblesse et je ne peux aimer personne. Peter n'est qu'un frein à ma quête et je dois l'en écarter.

- Je ne peux pas... Tu le sais.

- Tu as soif de vengeance, et je te comprends mieux que personne mais reste, je t'en prie... Tuer ton père ne résoudra en rien tes problèmes. Pendant un moment, tu trouveras que les choses sont telles qu'elles doivent être mais tu te rendras bien vite compte que ce n'est pas ce que tu veux, ni ce que tu veux être car la Eveline Powell que je connais ne ferait pas de mal à une mouche, elle est altruiste et généreuse.

- Ce que je ne suis visiblement plus, je le coupai sèchement. Alors cesse de me rappeler ce que j'étais ou ce que je devrais être. Le modèle que tu crois avoir connu n'était qu'une brève illusion et je te le dis, je ne serais plus jamais celle que tu crois pouvoir me faire redevenir. Arrache mon cœur et tu verras à quel point il est devenu noir. Mais vois le bon côté des choses Peter, je suis devenue comme toi. Avant que tu ne deviennes faible, bien sûre...

- Je ne suis pas devenu faible. L'amour que j'éprouve à ton égard m'a changé certes mais il m'a rendu meilleur. Il ne m'a pas rendu comme l'homme que tu aurais voulu avoir quand tu es arrivée sur l'île mais il m'a permis de devenir celui que tu as appris à aimer quand tu as toi-même appris à te connaître.

Je soufflai, exaspérée. Que de belles paroles... Je ne sais pas quoi dire. Ça me donnerait presque envie de vomir. Il vient peut-être d'un conte de fée mais je ne pensais pas que le grand et puissant Peter Pan s'abaisserait un jour à ça.

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant