Pan ? Mais pourquoi est-ce que j'aurais dit et même crier cela. Je ne savais pas à quoi cela correspondait. Un code ? Un abus de langage ? Autre chose... ? Ça pourrait être n'importe quoi !
Mon meilleur ami continuait de me dévisager comme s'il attendait une réponse de ma part. Pourtant, je ne voyais pas quoi dire, je n'étais pas plus avancée que lui sur la signification de ce ''Pan''.
- Ça explique beaucoup de chose, je finis par lâcher tout en faisant claquer la porte de mon casier.
A mesure que j'arpentais les couloirs seule, je me demandais tout ce que cela signifiait. Folie passagère ? Ou démence paranoïaque ?
Je n'osais pas en parler à Gabin...Il dirait sûrement que je suis bonne à enfermer. Ou bien que c'est le stress de la rentrée et de cette dernière année qui me fait péter les plombs.
J'essayai moi-même, de me persuader que tout cela n'était pas réel. Pourtant j'avais cette étrange impression d'être chez moi. J'avais l'impression que dans cette grotte, j'étais à ma place.
Alors que je marchai avec conviction vers la sortie du lycée, je percutai quelqu'un. Il faut dire que je ne regardais pas vraiment où j'allais trop préoccupée par mes petits problèmes personnels. Mon équilibre étant défectueux je manquai de tomber par terre.
Mon sac n'eut malheureusement pas la même chance et tout le contenu se déversa sur le vieux parquet du couloir du lycée. Je lâchai un juron et sans même prendre la peine de regarder qui était face à moi je m'accroupis pour ramasser mes effets personnels.
Cette même personne s'accroupit à mes côtés et m'aida à ramasser mes affaires. Il me tendit mon miroir de poche qui heureusement n'était pas brisé. Ouf, au moins je ne serais pas condamnée à sept ans de malheur après tout ce qui me tombait sur le coin de la figure.
Je relevai enfin la tête et le découvris.
Encore lui...
Lucas me tendait le foulard qui s'était décroché de mon sac. Je lui souris légèrement, c'était quand même gentil de sa part...
Je fourrai rapidement mes affaires dans mon sac et Lucas m'aida à me redresser. Je resserrai mon emprise sur ma besace, comme pour me protéger d'une remarque qui je le sentais allait tomber.
Nerveuse, je passais ma main dans mes cheveux et bredouillai un remerciement à peine audible.
- On ne dirait pas comme ça, mais tu as la tête dure ! lâcha-t-il avec un air amusé.
Je fronçai les sourcils, mécontente. J'étais sûre qu'il allait trouver quelque chose à redire ! Voyant que je n'étais pas plus réceptive que cela à sa remarque il tenta autre chose.
- Je t'ai vu partir précipitamment de la salle de classe. Et après t'avoir entendu crier, je voulais savoir si ça allait mieux...
- Ce n'était qu'un mauvais cauchemar. Rien de plus... je répliquai froidement.
- Ça avait l'air d'être beaucoup plus que cela... continua-t-il sérieusement.
- Un cauchemar n'est pas la réalité, même le pire des imbéciles le sait... Et puis je ne suis pas la seule à cacher des choses : la marque que tu as sur la nuque, c'est quoi au juste ?
Il me regarda surpris tout en passant sa main sur la petite coupure. Je n'arrivais pas bien à distinguer ce que ses yeux renvoyaient...De la surprise certes... Mais aussi de la... Peur ?
Il continua de me dévisager pendant ce qu'il me parut des heures. Sa main n'avait toujours pas bougé et je pouvais entendre sa respiration s'accélérer à mesure que les questions s'enchaînaient dans sa tête. Mélange de peur et d'incompréhension.
Il finit par lâcher d'une seule traite.
- Tu n'es pas censée être capable de la voir. Attends deux minutes... Ce que tu as crié pendant le cours d'histoire... Tu fais partie des leurs ! Je ne viendrais pas ! Tu m'entends ! Il ne m'aura jamais ! Jamais !
Il avait crié cette dernière phrase si fort que certains élèves se retournèrent vers nous, déroutés. Je l'étais moi-même. J'étais aussi perdue que lui et il avait l'air de penser que j'étais l'ennemie.
Lucas me fusilla du regard et partit rapidement du côté opposé sans demander son reste.
Je restai plantée au milieu du couloirs, déboussolée. J'ai raté un épisode, où je suis la seule qui n'a pas compris ce qu'il venait de se passer.
La coupure...
Ce que j'ai crié...
Il s'avait ce que cela signifiait ! Il fallait absolument que je le retrouve et qu'il me dise ce qu'il savait ! Le plus vite sera le mieux...
***
J'avais passé le reste de la journée à chercher Lucas, sans succès. Toujours là quand on ne l'y attend pas mais par contre quand on le cherche, y a plus personne.
J'étais rentrée chez moi bredouille, n'étant pas plus avancée qu'il y a quelques jours si ce n'est rajouter des évènements étranges à la liste.
Lessivée par cette journée, je me jetai dans le canapé à côté de Lenny. Je m'attendais à une remarque cinglante mais rien. Il me tendit simplement une manette de sa toute nouvelle console de jeu. Je l'acceptais volontiers ne cherchant pas à comprendre cet élan de bonté. La partie commença rapidement. C'était une version améliorée de Fifa mais comme je n'y ai jamais joué, qu'elle soit améliorée ou pas ne m'avantageait en rien.
Au bout d'un certain temps Lenny qui gagnait 3-2, me demanda.
- Dure journée ?
- Plutôt... je bredouillai ne voulant pas m'attarder.
- Pourquoi on ne s'est jamais entendu, toi et moi alors qu'on habite dans la même maison ?
- Le fait que nous habitions sous le même toit ne change en rien nos relations de demi-frère et demi-sœur. Tu n'es qu'un sale emmerdeur égocentrique.
- Et toi une chieuse sarcastique, gamine. C'est justement pour ça que je ne comprends pas pourquoi nous ne nous entendons pas mieux...
Un rictus apparu sur mon visage. Il n'a pas tort, nous avons tous les deux un sale caractère. Certaines fois nous sommes à la limite de nous entretuer.
- Elle te manque ? me questionna Lenny un brin de tristesse dans la voix.
Je détestais parler de ma mère. Je déteste parler d'une personne qui n'est plus de ce monde. Encore moins elle.
Je me raclai la gorge, légèrement mal à l'aise.
- Oui, bien sûre... Mais j'essaye de ne pas y penser. En parler ou y penser c'est comme donner le bâton pour se faire battre. Je ne refoule pas les sentiments que j'ai envers elle mais ça fait trois ans et quand je pense à elle, c'est encore si douloureux... Alors je me dis que si je ne travaille que sur le futur, je ne souffrirais plus en pensant à elle, parce qu'une chose est sûre c'est que ma mère ne fera jamais parti de mon avenir.
Lenny ne dit rien et je ne lui demandais pas de rajouter quoi que ce soit. Pourtant, il détacha ses yeux du jeu et vint poser sa main sur mon poignet. Il afficha un sourire compréhensif et finit par dire.
- Je trouve ça plus drôle quand on se prend la tête, gamine.
Sa remarque me fit rire. Oui, ce n'est pas faux. Moi aussi je trouvais ça amusant de temps en temps. Mais ce qu'il avait surtout voulu dire c'est : j'ai compris que tu ne voulais pas en parler alors je te sors une connerie qui te fera rire histoire de rendre l'atmosphère moins pesante. Et même si je ne le lui fis pas remarquer, je l'en remerciais.
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Neverland ?
FanfictionEve Powell est une jeune adolescente de 17 ans, des plus banales. Du moins, c'est ce qu'elle croyait avant d'être confrontée à plusieurs phénomènes qui entravèrent son quotidien. L'aventure ? Elle en avait toujours rêvé. L'adrénaline ? C'était pou...