Chapitre 6 ✔️

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Elle sourit de plus belle avant d'annoncer d'une voix claire et enjouée.

- Gabin McKenney de Fairfield Hills !

Mon meilleur ami tourna la tête vers moi, les yeux écarquillés par la surprise. Ses iris pétillaient de bonheur tandis que ses mains tremblaient.

Oh mon dieu !

Gabin vient de gagner le concours ! Celui qu'il rêve de gagner depuis si longtemps...

Il me tendit ses bras pour que je m'y jette, ce que je fis avec plaisir. Je voulais partager cette joie et cette victoire avec lui. J'étais tellement heureuse. Il méritait ce prix ! Plus que n'importe qui.
Je m'éloignai de lui, émue, pour le pousser vers la scène où la femme au tailleur droit et bien repassé l'attendait.

- Toutes mes félicitations Gabin, votre invention était très ingénieuse, c'était la plus ingénieuse, répéta-t-elle. C'est pourquoi nous vous remettons ce prix. Vous avez tous beaucoup de talent et vous avez fait un travail magnifique. Nous vous souhaitons le meilleur pour vos continuations. Merci d'avoir participé et à l'année prochaine.

Toute l'assemblée applaudit et Gabin quitta l'estrade encore chamboulé. Quant à Lucas, il avait l'air déçu, mais pas étonné. Il savait qu'il ne remporterait pas le premier prix mais je crois qu'il espérait malgré tout.

De mon côté, je ne prenais pas mal ma défaite. Gabin le méritait. Il était passionné beaucoup plus que je ne l'ai jamais été. Il a toujours voulu créer des choses avec ses capacités intellectuelles et c'est ce qu'il fait maintenant. Cela le rend heureux. Il aime bosser dure, il aime quand le défi est à la hauteur et ce qu'il aime par-dessus tout c'est quand il remporte ce défi après milles acharnements. Car ce qu'il préfère, c'est se surpasser.

***

Plus tard dans la soirée Gabin et moi sommes allés fêter sa victoire dans un pub du centre-ville, assez réputé. Gabin aimait faire la fête et profiter des effets de l'alcool. C'est pourquoi, il adorait ce bar : le Harry's, où tous les élèves de notre lycée, se réunissaient chaque vendredi avant le début de chaque vacances ou pour les grandes occasions.

Pour les gens de mon lycée, tout était bon pour se mettre une bonne murge. Parce que j'avais beau être insociable, ce n'était pas le cas de Gabin. Il faisait même parti du groupe des élèves qui ont la côte. Personnellement, je n'ai jamais voulu en faire partie, je n'aimais pas cette bande de gens faux et eux-mêmes n'appréciaient pas beaucoup mon sarcasme et mon éternel mauvaise humeur. Pourtant avec un peu d'alcool dans le sang, ils étaient tout de suite beaucoup plus ouverts.

De mon côté, je ne consomme pas. Je trouve que ça nous bousille le foie et cela devient vite dangereux. Je n'ai jamais vu l'intérêt de consommer ce liquide fort, désagréable à l'odeur tout autant qu'au goût et à la sensation qu'il laisse le long de la gorge. Si l'objectif est de se donner des brûlures d'estomac, je dois bien l'admettre, c'est une bonne alternative.

Tandis que je comptais sur les doigts de ma main le nombre d'excuses que je pourrais sortir à Gabin pour m'en aller plus vite de cette misérable soirée nous arrivions au Harry's où une bonne trentaine d'étudiant était déjà saoule. Certains debout, d'autre allongé. Sur le trottoir, ou encore en plein milieu de la route.

Cette soirée risquait d'être longue...

***

Il devait être 4 heures du matin et nous n'étions toujours pas partis. J'avais mal aux pieds et aux jambes à piétiner de groupe en groupe pour que Gabin puisse voir tout le monde. Je voulais rentrer chez moi, c'était évident. Malheureusement, mon meilleur ami en décida autrement, me gardant tout contre lui depuis que le deuxième punch avait fait son effet. Il agrippait fermement ma taille comme pour me protéger de tout individu malveillant.

Quant à ses ''amis '', la plupart étaient littéralement ivres morts mais cela n'a pas empêché l'un d'entre eux de me faire une remarque. Et dieu sait que je déteste les remarques...

- Purée, elle est sacrément bonne quand elle ferme sa gueule ta petite protégée, Gabin ! Dommage qu'elle ne le fasse pas plus souvent. Je me la serais bien faite !

J'aurais bien voulu me tenir par respect pour mon meilleur ami mais je ne pouvais pas. Je ne suis pas un objet !

Je ne laisserais jamais personne me parler sur ce ton et encore moins me tenir ce genre de propos.

Je me levai et me dirigeai vers le pauvre type qui m'avait porté ces mots. C'est avec une force que je ne me connaissais pas que je lui fichu mon poing dans le visage. Cette droite avait endolori ma main mais au moins j'avais le privilège de voir ce gars, complètement apeuré se tenir le nez comme s'il allait tomber.

Ahahah, il fait moins le malin maintenant avec son nez cassé.

Je ricanai doucement, pour ne pas paraître trop garce. Pourtant qu'est-ce que j'en avais envie. Il le méritait.

Ce porc voulu se jeter sur moi pour prendre sa revanche mais Gabin le poussa en arrière et me saisit par les épaules pour me faire reculer.

- On y va maintenant, fit-il en haussant le ton. Et toi Julian, tu ne vas pas t'en sortir comme ça, je te l'assure !

Je n'avais jamais vu Gabin aussi énervé. Il ne supportait pas qu'on s'en prenne à moi, même si je l'avais cherché. Et là, on ne pouvait pas dire que j'y sois allée de main morte, mais franchement, il le méritait !

Alors que mon meilleur ami grognait de mécontentement et de colère, tout en me traînant par le bras comme une gamine de quatre ans vers je ne sais où, j'essayais de le convaincre de s'arrêter. C'était peine perdu. Il ne m'écoutait pas et continuait de marcher droit devant lui. L'alcool qu'il avait ingurgité quelques minutes auparavant ne semblait plus lui faire aucun effet.

- Gabin ! Stop ! je crie à bout de souffle.

Il se retourna brusquement vers moi, sans me lâcher et ouvrit grand les yeux. Il attendait sûrement que je poursuive mais je ne savais pas quoi lui dire. Alors Je me tus, timidement.

Soudain Gabin jura rageusement en passant sa main sur son visage.

- Eh merde !

- Qu'il y a t-il ?

- J'ai oublié mon robot au pavillon d'exposition... Je dois absolument aller le chercher ce soir. Viens, on y va maintenant !

Il avait appuyé sur chaque syllabe de ce dernier mot me faisant bien comprendre que je venais avec lui et que je n'avais pas d'autre choix que de le suivre. Je capitulai sachant pertinemment que cela ne servait à rien de discuter avec Gabin et encore moins quand il était dans cet état d'énervement. Je me contentai alors de le suivre docilement.

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