Chapitre 10 ✔️

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Je n'avais pas vu longtemps Gabin, en tout cas pas assez à mon goût. Les deux gars qui m'avaient amenée jusqu'au campement étaient revenus me chercher prétextant que Peter voulait me voir.

Peter Pan voulait me voir...

Rien que de me le dire, c'était ridicule. Attendez, on parle d'un garçon de fiction roux avec un chapeau vert qui vole dans les airs jusqu'à Londres. Rien que d'y penser ça me fait rire.

Les deux garçons qui m'escortaient se retournèrent vers moi, intrigués par mon subit amusement. Génial, ils vont croire que je suis schizophrène... Je baissais la tête, gênée. Soudain, les deux bruns s'arrêtèrent et par manque de vigilance, je fonçais sur l'un d'entre eux ; ce qui me valut un regard noir. Je lui souris nerveusement, lui faisant comprendre que je n'avais pas fait exprès. Il ne dit rien mais me montra du doigt un immense arbre.

- Va ! Pan t'attend derrière l'Arbre de la réflexion.

Eh bin ! Ils étaient vraiment à cours d'inspiration pour appeler cet arbre ''l'Arbre de la réflexion''...

Je marchai lentement vers cet arbre et le contournai pour découvrir... Personne ! Il n'y avait personne. Ça sert à quoi au juste de me faire venir et de m'enlever à mon meilleur ami si ce n'est pas pour une raison valable ?

- J'ai l'impression d'être à mon premier rencard, quand Theo m'a posé un lapin, je dis tout haut, légèrement agacée.

- Je ne vois pas pourquoi, je te poserais un lapin, résonna une voix dans mon dos.

Je me retournai subitement découvrant Peter accoudé à un arbre non loin de là où j'étais. Hein ? Mais comment il a fait, je venais de là ! Je l'aurais forcément vu, où même entendu. Je le regardais, interloquée. Alors là, je ne comprends plus rien. A mesure que j'essayais de comprendre et d'assimiler les choses qui m'arrivaient, il me tombait un truc encore pire sur le coin de la figure.

- Je voulais te parler au sujet de votre petit séjour ici, commença Peter.

- Je ne compte pas rester.

- Oh mais tu n'auras pas le choix. D'ailleurs comment-appelles-tu ?

- Peu importe. Je veux partir et je ne vois pas qui pourrait m'en empêcher.

- Moi, ma jolie ! ricana Peter. Ici c'est mon île, mes règles. Alors tu devrais t'y plier avant que je ne fasse de ta vie un enfer.

- C'est déjà un enfer...

- Crois-moi, ce que tu as vécu jusqu'ici n'est rien par rapport à ce que je suis capable de te faire subir. Au Pays Imaginaire, personne ne sera là pour venir voler à ton secours. Tu es seule. Tu n'as que moi. Maintenant, arrête de faire ta jeune fille effarouchée et dis-moi ton nom.

- Eve...Je m'appelle Eve Powell.

- Bah voilà, ce n'était pas si compliqué. J'aime mettre un nom sur ce qui m'appartient. Autrement, je trouve cela déroutant. On appelle un chat, un chat ! Donc pour en revenir au sujet principal, tu n'es pas ici parce que je t'ai marqué, ce qui rend la tâche plus complexe. Ça fait déjà quelques temps que je poursuivais Lucas à travers les mondes. Quant à ton ami, il va rester lui aussi. Plus on est de fous, plus on rit. Je suis sûr qu'il fera un très bon combattant. Et toi, tu seras ma première fille perdue. C'est tout nouveau et je dois t'avouer que c'est très excitant. Quel âge as-tu ?

- 17 ans... Et toi ? je répondis du tac au tac sans me rendre compte de la bêtise de ma question.

Purée, ma vieille. Tu crois quoi ? C'est Peter Pan et t'es au pays imaginaire, rien n'est soumis au temps.

- Je suis trop vieux pour toi, finit-il par répondre en souriant malicieusement.

- Je ne m'intéresse pas à ça... C'était une simple curiosité de ma part... Je comprendrais très bien que tu ais honte de ton âge plutôt avancé, ce n'est pas une chose facile à avaler quand on a un égo surdimensionné comme le tien. C'est sûrement pour cette raison que tu aimes te cacher derrière cette apparence plutôt flatteuse.

Est-ce que je viens bien de dire que son apparence était flatteuse ?

- En apparence comme tu dis, j'ai 19 ans.

M'en fiche tout compte fait...

Je restai silencieuse à cette dernière remarque. Il n'était pas question que je reste ici. Et ça n'a aucun rapport avec le fait que mes cheveux vont être remplis d'humidité à cause de ce climat...

Peter continua de me dévisager de haut en bas. Je ne lui serais pas d'une grande utilité vu mon gabarit et mes muscles plats. Dans un endroit comme celui-ci, je ne servirais strictement à rien. Certes, j'ai des bases pour me défendre que mon oncle m'avait inculqué mais me lâcher en pleine jungle avec mes poings c'est une autre histoire. Je savais à peine allumer un feu...

Sans que je m'en rende compte Peter disparu dans un nuage vert et réapparu presque instantanément devant moi. Les battements de mon cœur s'accélérèrent surprise par l'absurdité de la chose. Je bégayai et n'arrivai presque plus à parler tellement j'étais scotchée. Comment avait-il fait ça ?

Pour seule réponse, son habituel sourire mauvais réapparu sur son visage. Il savait que je me posais des questions mais il avait décidé qu'il n'y répondrait pas.

Je repris mes esprits et essayai de garder le peu d'assurance qu'il me restait face à cette erreur de la nature. C'était clairement une situation que je n'aurais jamais imaginé. Il se rapprocha dangereusement de moi.

- Je sais ce dont tu as envie, là, maintenant, souffla-t-il à quelques centimètres de mes lèvres.

- Ah oui ?

- Tu meures d'envie que je t'embrasse.

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant