Chapitre 24 ✔️

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Je me réveillai péniblement après ce qu'il me semble être des heures de sommeil. Je me relevai et regardai autour de moi. J'étais dans ce qui ressemblait à une...Grotte ?

Epuisée, j'essayai de me relever de ce lit de fortune mais mes jambes ne semblaient pas vouloir me porter. Je m'asseyais sur le lit en tailleur de façon à mieux voir ce qu'il m'entourait. Il y avait une grande table en bois où s'y reposait plusieurs ustensiles. Un peu plus loin, on pouvait distinguer plusieurs dessins aux murs, sûrement dessiné par un enfant. Je ne savais pas vraiment ce que cela représentait mais c'était plutôt créatif. Résolue à comprendre où j'étais, je tentai de me pencher en avant pour mieux voir les dessins mais une affreuse douleur m'envahit au niveau de l'abdomen. Prise de court, je me repliai sur moi-même.

A la fois intriguée et effrayée, je relevai mon débardeur blanc et découvris un large bout de tissu - sûrement de la gaze - qui recouvrait une bonne partie de mon ventre. J'entrebâillai les pans du pansement alors que mon corps me criait de ne plus faire aucun geste. Soudain une voix attira mon attention.

- N'y touches pas, ça n'a pas encore cicatrisé.

Attendez...Vous ne sentez pas un air de déjà vu ?

La grotte, les ustensiles, les dessins aux murs, la douleur si réelle au ventre, ... C'est pareil que dans mon rêve sauf que cette fois-ci, je reconnaissais la personne qui venait de parler.

Alors ce que je croyais être un rêve... Ça s'est réellement produit...Ça ce produit, là, en ce moment même. Je sentis un frisson me parcourir.

Le brun aux yeux verts décroisa les bras et sortit de l'ombre pour venir s'asseoir sur le bord de mon lit. Il m'incita à me recoucher, ce que je fis sans broncher. Quand il passa sa main sur ma joue, j'ai bien cru qu'un volcan avait élu domicile dans mon corps. La chaleur qu'il provoquait sur ma peau était vraiment exquise. Mais il retira rapidement sa main pour la poser sur mon front. Il devait sûrement vérifier si j'avais de la fièvre.

Je posai ma main sur son avant-bras et l'interrogeais du regard : je me souvenais de peu de chose. Moi enfermée dans la cage, le plan de Gabin, la lance de l'indien dans mon abdomen.

- Un des indiens a réussi à te toucher... Personne ne savait si tu allais t'en sortir. Tu es restée inconsciente longtemps. Aujourd'hui ça fait cinq jours... Après que tu te sois fait blesser, j'ai ordonné à Lucas de t'amener dans cette grotte. Je savais que tu aurais pu te remettre à ton rythme de tes blessures dans un endroit calme, enfin je l'espérais. Le plan de Gabin a fonctionné et malgré nos faiblesses, nos ennemis se sont repliés. Ce n'est pas tout... Je... J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais alors j'ai renvoyé Lucas et Gabin dans leurs mondes respectifs. J'étais tellement furax que tu sois... Enfin que ma seule fille perdue soit blessée que je leur ai fait porter le chapeau. J'ai effacé une bonne partie des souvenirs de Gabin et il ne se souvient même plus avoir été au pays imaginaire. Et pour Lucas, je ne voulais plus le voir. Mais comprend-moi... Tu étais faible...Je n'avais même pas réussi à te soigner avec mes pouvoirs, j'ai essayé tous les jours mais rien ne fonctionnait. On aurait dit que ta blessure était trop grave pour que je puisse m'en occuper alors je t'ai fait des points. Aussi bizarre que cela puisse paraître je ne connais pas la raison pour laquelle tu ne réagis pas à mes soins. Je suis désolé...

J'avais écouté Peter, attentivement, sans le couper. Je me suis retenue à plusieurs reprises à ne pas lui sauter dessus pour l'étrangler. Mais j'étais trop partagée entre la tristesse et la colère. Gabin partit ? Je ne pouvais pas l'imaginer...

Ah non mais attendez deux secondes ! La lune bleue était déjà passée le jour de l'attaque ! Comment a-t-il fait pour les renvoyer ?

- La lune bleue ? Les étoiles ? Je ne comprends pas... je bredouillai.

- Je t'ai menti. La couleur de la lune et le fait qu'il y ait des étoiles cette nuit-là du mois est juste un phénomène astronomique. Il n'est en rien responsable de la possibilité de partir de cet endroit. Je leur ai rendu leur nom et ils ont du s'en aller. Parce que je l'ai choisi...

Alors là...Je tombe de haut ! De très haut même. Tout ce que je croyais savoir et que je portais pour acquis n'était qu'une pure invention.

- Pourquoi ? je demandai les dents serrées.

- En arrivant au pays imaginaire, j'ai vite compris que tu ne serais pas facile à dompter et que tu aurais besoin d'un objectif pour tenir en place. Je t'ai donc parlé de cette histoire de couleur de lune pour que l'idée de partir germe dans ta tête...

Je vais le tuer, le brûler, l'étriper, l'empailler même ! Comment ai-je pu être aussi naïve ? Peter Pan est un manipulateur. Il m'a fait croire que c'était mon idée, que j'étais plus intelligente que lui alors qu'en fait il avait tout prévu... J'ai été orgueilleuse.

En un instant mon monde venait de s'écrouler sous toutes ces révélations. Gabin partit. Peter un menteur. Pas si étonnant en ce qui concerne Peter.

Il posa sa main sur la mienne d'un geste doux mais je la retirai brusquement, tournant la tête dans la direction opposée. S'il me touche, je ne pourrais peut-être pas m'empêcher de croire encore une fois à ses mensonges. Je le déteste. Je le déteste réellement cette fois-ci. Il m'a tout pris...

- Va-t'en ... j'arrivai enfin à articuler.

- Eve, je...

- Je te demande de t'en aller, je le coupai sèchement.

Il n'insista pas et se leva du lit avant de se diriger vers la sortie de la grotte. Son regard était vide d'émotion. Et ça ne faisait qu'accentuer ma haine à son égard.

Gabin avait été intelligent de donné son nom, comme à chaque fois. Je suis quand même contente qu'il est pu partir. Il va retrouver sa sœur, même si, si j'ai bien compris il ne se souviendra de rien.

Moi je ne me souviens pas avoir communiqué mon nom complet à Peter à mon arrivée donc à moins de le retrouver en farfouillant dans mes souvenirs je ne pense pas pouvoir partir un jour. Rien que d'y penser cette idée m'affolait. Je suis coincée ici...

Je jetai un coup d'œil sous mon t-shirt. Je me fichais pas mal de désobéir à Peter après ce qu'il m'avait révélé alors j'enlevai le bandage et découvris l'étendu de ma blessure. Ce n'était vraiment pas joli à voir. En plus ça faisait un mal de chien. Je me souviens encore la fois où j'avais couru dans toute la maison me plaignant que je m'étais cassée le pouce. Et ben, ce n'était vraiment rien par rapport. Mon seuil de tolérance à la douleur était devenu maintenant nettement plus élevé. La faute à qui ... ?

Je me levai du lit, ne voulant pas rester une minute de plus dans cette grotte. J'attrapai mes affaires et quittai cet endroit morbide sans me retourner.

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant