Chapitre 50

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« Je me souviens, Eve. Il s'appelle Peter... »

Peter ? Je n'avais jamais connu de Peter...Et je n'avais sûrement pas ramené un type au hasard chez moi. Je hochai la tête en signe d'approbation et montai les marches de l'escalier quatre à quatre.

50 jours... Qu'est-ce qui avait bien pu m'arriver. Et encore plus important, comment se fait-il que je ne me souvienne de rien.

Je saisi mon téléphone sur ma table de chevet et m'empressai d'appeler Gabin. Il décrocha au bout de la deuxième sonnerie. Quand il prit la parole se fut comme si je n'avais pas entendu le son de sa voix depuis des lustres. Son brin de voix était tremblant presque suppliant.

« Gabin ! C'est Eve, je dis hésitante.

- Eve ?!?! crit-il si fort que j'éloignai le téléphone de mon oreille pendant quelques secondes. Je n'y crois pas ! Où étais-tu ?! Ça fait des semaines qu'on te cherche. Lenny a inventé une excuse à la con et s'est passé auprès du proviseur. Qu'est-ce qu'il t'est arrivé depuis le Harry's ? La dernière fois que je t'ai vu, c'est quand tu es partie avec ton pseudo cousin du Maine.

- Je n'ai pas de cousin...

- Oui, c'est ce que je t'ai dit ! Mais je lui ai fait confiance parce qu'il avait arrêté Julian qui voulait abuser de toi. Je t'ai laissé partir et je ne t'ai plus revu...Ecoute, je suis chez toi dans 10 minutes, je veux te voir. Tu n'as rien à dire, c'est un ordre. »

A ces mots, Gabin raccrocha ne me lassant pas le temps d'en caser une. Je crois que je n'ai pas trop le choix.

Précisément 9 minutes plus tard, Gabin sonna à ma porte. Je dévalai les escaliers pour aller lui ouvrir mais Lenny était déjà à la porte et défiait du regard Gabin qui ne se gênait pas pour le dévisager avec mépris. J'affichai un léger sourire à Lenny et tirai Gabin par la manche pour qu'il me suive en haut.

Une fois dans ma chambre, Gabin s'assit contre ma tête de lit m'observant étrangement.

« Tu as l'air changé, finit-il par me faire remarquer. »

Je baissai la tête timidement et remarquai que j'étais toujours en pyjama. Je ne savais pas quoi dire...

« Où est-ce que tu étais ces deux derniers mois, Eveline ? »

Je grimaçai à l'entente de mon nom complet. S'il m'appelle Eveline c'est qu'il est vraiment sur les nerfs.

« Je...Je ne sais pas... je dis en dissimulant mon manque d'assurance.

- Comment ça tu ne sais pas ?! »

Je sentais sa voix se briser sous l'agacement, mais ses yeux trahissaient son soulagement de me retrouver saine et sauve.

« Je ne me souviens plus... Plus rien depuis le moment que j'ai passé avec Julian.

- En même temps vu la race que tu t'es mis ce soir-là... Mais ça n'explique pas cette disparition...

- Mais purée, tu ne comprends pas ! Il manque cinquante putains de jours à ma mémoire ! Je ne me souviens plus de où j'étais, avec qui, comment et pourquoi ! »

Mon meilleur ami resta plongé dans mon regard, perdu et surpris par mon changement brutal de comportement. Je me repris rapidement, bredouillant de vague excuses. J'avais dit ces mots avec une telle agressivité. Je n'avais quasiment jamais haussé le ton avec Gabin.

Celui-ci continuait de me faire la morale mais j'étais bien trop occupée à me concentrer sur la violente douleur qui attaquait mon crâne. Je posai ma main sur ma tête pour essayer de masser mes tempes mais il n'y avait rien à faire, la souffrance était telle que je me crispais entièrement. Gabin n'avait pas l'air de se rendre compte de ce qu'il se passait puisqu'il continuait de me servir ses sermons pleins de reproches.

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant