Chapitre 23 ✔️

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Cela faisait bien quatre jours que j'étais enfermée dans cette cage. Je n'en étais sortie sous aucun prétexte par les ordres non transgressifs du grand chef. J'avais mon fidèle bol de poisson et de bouilli tous les soirs dans un nuage de fumée vert. Personne n'avait le droit de me rendre visite, pas même Gabin. Je ne souffrais pas vraiment de ce que l'on pourrait décrire comme de la solitude mais plutôt d'ennui. Je ne faisais rien de mes journées à part ruminer des souvenirs sur mes parents, sur Gabin ou sur...

Non ! Faut que j'arrête de penser à lui. Si je suis coincée là-dedans c'est sa faute !

Je ronchonnai encore voyant le crépuscule du quatrième jour faire son apparition. Si seulement il pouvait y avoir un élément déclencheur qui puisse me faire sortir de cette cage.

Soudain, j'entendis des cris de guerre et des hurlements qui venaient du campement.

Woaw, si j'avais su qu'il suffisait de demander, je l'aurais fait depuis longtemps.

J'essayai de me pencher pour voir ce qu'il se passait mais je ne pus rien distinguer. Pourtant je devinai facilement qu'il se passait quelque chose de grave. Je criai pour que l'on vienne m'ouvrir mais personne ne vint. Jusqu'à ce qu'un garçon âgé de 14 ou 15 ans passe devant ma cage.

- Eh toi ! je l'interpellai ne me souvenant plus de son prénom.

Le garçon s'arrêta devant moi et leva les yeux en l'air. L'expression de son visage trahissait indéniablement la peur qui le rongeait.

- Que ce passe-t-il au campement ?

- C'est les indiens. Ils nous attaquent !

Attendez...Les indiens du pays imaginaire aussi existent ! Ce n'est pas vrai...

Revenant brutalement à la réalité je pensais : ils sont en dangers ! Gabin, Edwin, Lucas et les autres ! Il faut que je sorte de cette cage et que j'aille les aider.

- Ecoute, fais-moi sortir de cette cage, je peux aider ! je criai au garçon qui s'apprêtait à partir rejoindre ses compagnons de guerre.

- Désolé, je ne peux pas. Peter nous a formellement interdit de te laisser sortir, même en cas de force majeur. Il a même précisé surtout en cas de force majeur.

Sur ces mots le jeune garçon partit sans que je ne puisse le retenir.

Que cherchait à faire Peter ? S'ils se faisaient attaquer je veux être là pour pouvoir donner un coup de main. Je veux qu'on me laisse sortir !

Je commençai à secouer les barreaux de la cage. Cette connerie, ne va pas s'ouvrir ou quoi !

Bon calme-toi, Eve. Il y a forcément un autre moyen de sortir de cet endroit auquel tu n'as pas pensé. Je détaillai la cage et remarquai qu'elle était close par un gros cadenas et des chaînes plutôt résistantes. Première bonne nouvelle, je n'étais pas enfermée par la magie, ce qui me rendrait peut-être la tâche plus facile. Je fis donc en sorte de tourner le cadenas vers moi. C'était un de ces vieux cadenas rouillés qui sont bien trop robuste pour pouvoir les briser d'un coup de pieds.

Zut...

C'est là que je me souvins : autour des cuillères en bois, il y avait un fin bout de métal. Si on le pli il peut décemment remplacer le rôle d'une épingle à cheveux. Je déroulai donc le bout de métal et commençai à triturer le cadenas avec mon épingle de fortune.

Comme disait ma mère : « Y a rien de compliqué avec les cadenas. »

Quelques secondes à peine plus tard, le cadenas s'ouvrit et je pus défaire les chaînes qui entouraient la cage. J'ouvris celle-ci et découvris que la hauteur entre le sol et moi était plutôt large. J'avais presque oublié que la cage était suspendue dans un arbre.

Bon quand faut y aller, faut y aller !

Je sautai et atterris accroupis avant de retomber lourdement sur mon postérieur. Bon ça aurait pu être plus classe, mais le point positif c'est que je suis sortie.

Une fois arrivée au campement, je vis les plus jeunes s'occuper des plus vieux, souvent blessés. Même Edwin avait l'air d'avoir pris un coup au visage.

Lucas, armé de son arc et de ses flèches, faisait son possible pour éloigner les indiens et Gabin élaborait dans un coin un projet de défense de façon stratégique. Il était assisté par trois autres adolescents qui n'avaient pas l'air de le suivre, tellement ce qu'il se passait dans leur dos les effrayaient.

Je restai immobile, l'horreur était telle que moi-même j'en restais sans voix. Ce fut Peter qui me sortit de mes songes. Il était arrivé devant moi, me saisissant par les épaules au milieu des pierres et des projectiles qui volaient au-dessus de nous.

Je restai un moment sans bouger comme en transe puis le son de la voix de Peter me fit revenir à la réalité.

- Comment tu t'es débrouillée pour sortir, tu ne devrais pas être là ! criait-il. Vas vite te mettre à l'abri c'est un ordre.

- Je n'ai d'ordres à recevoir de personne et encore moins de toi. Je ne vais pas vous laissez tomber je suis là pour aider. Dis-moi ce que je peux faire ?

Il sembla réfléchir pendant un instant, les poings toujours serrés.Il pesait le pour et le contre. De toute manière, il voyait bien que je ne renoncerais pas, alors il secoua la tête et m'indiqua un endroit où je pouvais me rendre.

C'est partie, voyons si ce que Peter Pan m'a appris va porter ses fruits.

***

La bataille était rude. Les indiens étaient plus nombreux, plus âgés et plus forts. Statistiquement, nous ne pouvions que perdre. Mais nous avions quelque chose que les indiens n'avaient pas. Nous avions la stratégie. Nous avions Gabin.

Il a suffi d'un mouvement d'inattention. Trois secondes toute au plus pendant lesquelles je regardai mon meilleur ami expliquer aux garçons sa stratégie. Son projet.

Secondes pendant lesquelles mon adversaire lui était attentif. Il a suffi de trois secondes pour que son bâton en bois et sa lance en métal viennent se planter dans mon ventre. Trois secondes que j'ai regretté. Trois secondes de peur. Trois secondes avant de m'évanouir. Trois secondes avant que je me demande si c'est comme ça que j'allais finir ma vie.

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant