Chapitre 56

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Le cours de maths de Monsieur Wade se trouva être très ennuyant. Les matrices et les algorithmes n'ont jamais été mon truc... Je ne comprends jamais rien... Je reposai ma tête plutôt lourde sur ma main, complètement épuisée. Je devais avoir le visage complètement écrabouillé mais tant pis. Gabin n'était pas venu en cours, pour une raison qui m'échappe. Il ne rate jamais un seul cours d'habitude.

Mon côté parano me dit que cela a forcément un rapport avec tout ce qu'il se passe en ce moment mais après tout, il ne pourrait avoir qu'un simple rhume ! Même si en temps général il m'aurait prévenu... Mais là, rien. Silence radio...

J'avais mal à la tête à force de penser à Gabin, à ma mémoire, à Julian, à Peter et à ces pulsions meurtrières incontrôlables et inexpliquées. Et si en plus à cela tu rajoutes des mathématiques alors là c'est bon mon cerveau est au bord de l'implosion.

Je faisais tourner mon stylo entre mes doigts quand la cloche sonna enfin me délivrant de cette longue et lente agonie. Je rangeai rapidement mes affaires et sortis de la salle. Malheureusement quelqu'un en décida autrement en attrapant la sangle sur le dessus de mon sac. Je me retournai et découvris Monsieur Wade les sourcils froncés.

« Mademoiselle Powell, puis-je savoir ce qu'il se passe en ce moment ? Vos absences à répétitions puis votre inattention en cours... Je suis votre professeur depuis la première année du secondaire, vous êtes une de mes élèves les plus brillantes mais depuis quelques temps votre m'enfoutisme vous porte préjudice. Votre vie privée ne me concerne pas mais il est clair que quelque chose vous perturbe cette année... »

Je baissai la tête honteuse. C'est vrai que je suis distraite, mais qui ne le serait pas avec ce qu'il m'arrive en ce moment. Je finis par lever la tête vers l'homme d'une quarantaine d'année et dis.

« J'aimerais pouvoir trouver une explication à tout ça mais...Je suis moi-même perdue... »

Il eut l'air étonné mais ne releva pas. Il hocha simplement la tête et me désigna la porte d'un signe de tête.

Je savais que j'étais distraite... Mais c'était d'autant plus blessant de se l'entendre dire.

Je quittai finalement la salle sans me retourner. En plus j'avais faim... Oui bin après trois heures de mathématiques consécutives, j'ai toujours un petit creux.

Je me dirigeai donc vers le self. Eh merde... Je ne me suis pas assez dépêchée et je me tape toute la queue du self à faire...Génial... Je ne suis pas prête de manger...

Alors que je croyais être vraiment seule, je vis Anna me faire un signe de la main. Elle était un peu derrière moi, juste derrière une bande de première année maquillée comme si elles allaient faire le trottoir. Mon amie les poussa un peu de sorte à se frayer un chemin entre elles. Mais elles n'étaient pas super compréhensives et râlèrent comme s'il s'agissait d'un acte invraisemblable.

Elle arriva finalement à moi et s'empressa de me demander.

« Alors ? Gabin, des nouvelles ?

- Euh...Non, je suis désolée. Il n'était pas en cours aujourd'hui...

- Oh...lâcha-t-elle déçue. »

C'est bizarre qu'elle lui accorde autant d'importance alors qu'elle ne le connaît même pas... Je commençai à croire que tout ça n'était pas anodin...

***

Après le repas nous étions allés nous asseoir dans les couloirs en attendant la reprise des cours. Nous étions seules dans ces couloirs étant donné que tous les autres élèves se trouvaient soit au foyer en pleine partie de babyfoot ou à la bibliothèque en train de réviser. Mais croyez-moi, la majorité se trouvait au foyer.

Je restai silencieuse quand Anna me posa une question.

« Dis-moi...Maintenant qu'on se connaît un peu mieux, tu ne veux pas me dire qui est ce Peter ? »

Quoi ? Mais pourquoi elle veut savoir ça ? En plus ça fait seulement deux jours qu'on se connait ! J'étais plus que méfiante. Mais...Attendez...Je ne lui ai jamais dit qu'il s'appelait Peter...

Je fronçai les sourcils puis un rictus mauvais étira mes lèvres gercées. Une douce chaleur m'envahit et une haute confiance en moi s'empara de mon esprit. Je ne sais pas ce qu'il m'arrivait mais j'aimais ça. Mes muscles se crispaient mais c'était une souffrance agréable. C'est comme si cette sensation était nécessaire. Mes veines gonflèrent et laissèrent apparaître une couleur légèrement plus noirâtre que les traces violettes qui recouvraient mes poignets à son habitude. Je sentais mon cou s'obstruer de tout air respirable mais j'avais toujours la possibilité de respirer aussi étrange que cela puisse paraître. Mes yeux s'injectaient de sang mais je ne pouvais m'empêcher d'apprécier cette sensation.

« Je ne t'ai jamais dit qu'il s'appelait Peter, je murmurai d'une voix étrangement rauque. »

Elle eut l'air surprise. Tu m'étonnes, la petite garce a dut préparer son coup depuis un bon moment...

Je n'attendis même pas ses explications et agrippai son cou, la plaquant durement contre le carrelage froid du couloir avec une force que je ne me connaissais pas. Je sentais son sang circuler sous mes doigts et je dois avouer que cela me procurait un plaisir fou. J'avais ressenti la même chose dans la cuisine de Julian. Quand j'avais eu le dessus sur lui. C'était tellement puissant. Et si sombre. J'en voulais plus, toujours plus. Je voulais qu'il souffre. Comme ici...Je veux la voir agoniser sous mes doigts devenus blanchâtres.

Je la voyais essayer de tousser mais même ça elle n'arrivait pas à le faire. Elle était totalement démunie. Et c'était si jouissif que j'aurais pu en rire.

Sa fine main essayait de griffer et de retirer la mienne qui serrait sa gorge rosée par le manque d'air. Je resserrai mon emprise mais de faible parole sortir quand même d'entre ses lèvres.

« Eve... Je t'assure que... C'est toi...Tu l'as dit quand... Quand nous étions au casier. Le jour de notre rencontre...Tu...Tu avais l'air ailleurs et tu as prononcé son prénom...J'en ai déduit que ... »

Je la fis taire en resserrant encore plus ma main. C'est impossible ! Il y a forcément autre chose...

« Tu t'intéresses trop à Gabin et à mon histoire ! Avoue que tu n'es pas là par hasard ! Tu es arrivée presque en même temps que mon retour ! Tu sais quelque chose ! Tu es l'une des personnes qui m'a enlevé et lobotomisé, c'est ça ?! Qui es-tu réellement et qu'à tu fais à Gabin ? Je veux tout savoir ! Et tu vas tout me dire !

- Non, non. Tu te trompes. »

Elle continuait de gémir bruyamment sous mes doigts. Elle ne va jamais se taire, c'est pas possible ! Je serrai mes phalanges quand dans un dernier soupire elle allait rendre son dernier souffle mais un cri résonna dans mon dos.

« Eveline ! »

Cette voix...

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