Chapitre 35

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Des voix résonnaient au-dessus d'elle.


Et l'odeur, si familière désormais, des woxes...


Cette odeur chaude et sucrée se mêlait à la chaleur qu'elle ressentait dans sa poitrine... Elle n'avait plus froid ! Les voix... Elle entendait son prénom.


Ses paupières s'ouvrirent !


Caân la serrait dans ses bras et répétait inlassablement les syllabes qui composaient son nom, comme si ces sons familiers pouvaient la sauver et éloigner Nebris. Il n'avait pas encore remarqué qu'elle avait repris connaissance.


Pourtant Ayma avait ouvert les yeux...


Face à elle, un visage inconnu.


Un regard bleu profond aux nuances violettes.


Ayma prit une grande inspiration. Les deux mains du jeune homme, qu'elle ne connaissait pas, étaient posées sur sa blessure. Elles dégageaient la chaleur apaisante que la jeune fille avait perçue alors que son esprit errait encore dans les limbes. Elle n'avait presque plus mal...


Quand Caân se rendit enfin compte que la vie de sa cousine n'était plus en danger, des larmes de soulagement glissèrent sur ses joues. Il remercia leur sauveur d'une voix émue. Ayma eut  alors un geste étrange. Elle attrapa la tunique du jeune homme qui la soignait et elle l'attira à elle. Elle touchait presque son cou avec le bout de son nez. Elle respira le parfum de sa peau... Le jeune inconnu ne cillait pas et continuait son travail de guérisseur, tout en affichant un sourire mystérieux. La jeune fille le relâcha tout aussi brusquement... Dorénavant, elle savait.


Le parfum des woxes lui collait à la peau.


- Comment t'appelles-tu ? lui demanda-t-elle.


Sa langue était engourdie et sa voix presque inaudible. Mais son regard, lui, ne vacillait pas et sa question était impérieuse.


- Liliel.


Sa voix à lui était douce, à son image. Il retira ses mains. La blessure avait disparu ! Ayma laissa échapper un faible cri. La surprise se lisait sur les traits des deux cousins.


Liliel avait accompli un véritable miracle !


Ce fut à ce moment précis que la jeune fille réalisa que les hommes armés autour d'eux n'étaient pas ceux qui les avaient attaqués. Siley et ses complices s'étaient évaporés ! Ces hommes-là arboraient l'uniforme de la garde princière. L'un d'entre eux parlait à Solay, qui restait assise, immobile contre le mur rugueux. Ses paroles ne semblaient pas atteindre la jeune femme... Elle avait l'air en état de choc, comme si elle n'avait pas conscience du monde autour d'elle. Aucune étincelle de vie ne transparaissait dans son regard vide. 


Ayma ne put s'empêcher de penser que Nebris, le dieu des morts, s'était trompé et avait emporté l'esprit de son amie à la place du sien.

Com Plëa - La légende de P. *En Pause*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant