Chapitre 23

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Les jardins de Xashyzan étaient situés sur d'immenses terrasses aménagées par les meilleurs disciples de Gart du royaume. Avant de passer maître dans leur art, ceux-ci devaient avoir travaillé dans les jardins de la forteresse, ainsi que dans ceux du palais du Prince d'Ajix. C'était pour cela que ces jardins étaient considérés comme de véritables œuvres d'art. Chaque terrasse était différente, mais elles avaient toutes un point commun... on n'y trouvait pas d'hoveqihoïs.


Les fleurs issues du sang des dieux ne pouvaient pas être cultivées, elles poussaient librement en un seul endroit de Com'Plëa : le plateau de Xashyzan au pied de la forteresse. Ayma adorait contempler la grande étendue verte onduler sous les assauts des vents. Les fleurs, d'un rouge intense, brillaient telle une myriade de petites étoiles terrestres. Elle grimpait souvent sur le chemin de ronde des remparts afin de jouir de cette vue merveilleuse.


Si le guide de Caân l'encourageait à rester de nombreuses heures dans la grande bibliothèque du monastère, celui de Maël le poussait à aider les différentes castes qui peuplaient la cité. Depuis quelques jours, Maël et son guide passaient leurs matinées à s'occuper des fleurs et des multiples plantes qui s'épanouissaient sur les terrasses. Les disciples de Gart leur en étaient reconnaissants. Rajyk, le guide de Maël, pensait certainement que la quiétude des jardins pourrait apaiser l'âme tourmentée de ce dernier. Quelqu'un les observant, alors qu'ils bêchaient la terre tous les deux, aurait pu croire qu'ils étaient père et fils tant l'air grave et renfrogné qui se lisait sur leur visage était similaire. Ils avaient aussi les mêmes yeux sombres. Mais la ressemblance s'arrêtait là car Rajyk était de taille moyenne avec une carrure massive tandis que Maël était grand avec une musculature plus fine. Alors que le jeune homme arborait une chevelure d'un noir profond, son guide avait des cheveux grisonnants.


Ayma s'avançait à pas lents dans le jardin, soutenant son guide, quand elle aperçut la silhouette de Maël penchée sur un parterre de fleurs blanches. Celui-ci, devinant leur présence, se releva et s'approcha d'eux. Sa peau luisait légèrement à cause de la sueur et certaines de ses mèches brunes étaient collées sur son front moite. Ayma sentit quelque chose dans son ventre se tordre, se nouer... Cette sensation déconcertante se produisait de plus en plus souvent quand le jeune homme était près d'elle. Cela la perturbait beaucoup, sans qu'elle ne parvienne à mettre des mots sur ses ressentis...


Maël prit le Xalej par la taille et le guida vers le banc le plus proche. Alors que l'enfant reprenait son souffle, le jeune homme le regardait d'un air préoccupé. Levant les yeux sur Ayma, il constata qu'elle partageait son inquiétude. Le Xalej, qui avait surpris cet échange silencieux, voulut détourner leur attention en demandant à Maël de lui raconter comment il occupait ses journées. Celui-ci, qui pourtant était plutôt avare de paroles, lui conta dans le détail tous les aménagements et les soins que son guide et lui avaient apportés aux jardins. L'enfant l'écoutait avec attention en hochant doucement la tête.


- Te sens-tu en paix avec toi-même ici ? finit-il par demander.


Maël fut pris au dépourvu par l'étrangeté de la question. Contrairement à Ayma, il parlait peu avec le Xalej et n'avait donc pas l'habitude des questions déroutantes que celui-ci aimait poser.


- Peut-être... Je me sens... du moins, j'ai l'impression de me sentir davantage apaisé.

Com Plëa - La légende de P. *En Pause*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant